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Drogba-Rooney : un duel de fils de buts

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Drogba-Rooney : un duel de fils de buts

Dans le match à distance que se livrent Chelsea et Manchester United pour le titre dimanche après-midi, le match dans le match entre Rooney et Drogba fait lui aussi fureur. Les deux joueurs facturent actuellement 26 pions et briguent la couronne de meilleur buteur. Analyse de ce mano a mano qui pourrait bien faire pencher la balance.

Leurs trajectoires : plus dissemblables, tu meurs

On ne va pas refaire la success story : Wayne Rooney est probablement le joueur le plus attendu de l’histoire du football anglais. Un phénomène de précocité repéré au plus jeune âge par Everton et identifié dès l’adolescence comme le sauveur d’Albion. Un type capable d’entrer en jeu à 16 ans pour sa première apparition professionnelle et désanusser le grand Arsenal de 2002 d’une prise de balle soyeuse suivie d’une frappe de mule. Le génie et bison : tout Rooney concentré en une action. Wenger, toujours alerte quand il s’agit de jeune pousse, a compris que ce type va lui causer de sérieux problèmes : « C’est le talent le plus incroyable que j’aie vu en Angleterre » , lâche-t-il alors dépité et admiratif. Pour Didier Drogba, évidemment, l’histoire est bien différente. Des classes obscures faites en banlieues parisiennes (Vannes, Levallois), un passage de nobody au Mans avec un premier contrat pro à 21 ans, avant un décollage improbable à Guingamp aux côtés d’un certain Malouda. A bien y regarder, le titre de la bio de l’Ivoirien est assez bien vu : C’était pas gagné. Marseille et Chelsea ne chargeront de faire rattraper au natif d’Abidjan le temps perdu.

Technique : Rooney, la classe absolue

Faut pas se raconter de fable : si Rooney est sur la carte du monde du football depuis ses 16 ans, à un âge où Drogba écumait les kebabs du 92 après l’entraînement, c’est qu’il y a une différence de talent évidente. Sous son allure de bovin anglais tout juste bon à courir vite et frapper fort, le Mancunien est un véritable ami du ballon. Une qualité de contrôle rare, une conduite de balle parfaite, une vision du jeu digne d’un meneur, sans parler évidemment de son dribble supra-efficace et de sa frappe de mammouth. Le tout sans sucrerie latine superfétatoire. Mais si Drogba ne possède pas la moitié des dons de l’Anglais, il a ses arguments. Au choix : un jeu dos au but sans équivalent dans le monde, une frappe précise et travaillée, une vraie facilité à se débarrasser de l’adversaire une fois lancé et un jeu de tête digne d’Alan Shearer. A la manière d’un Raul, Drogba fait partie de ces gars qui tirent 400% de leur potentiel. Et ça, c’est aussi un talent rare.

Physique : deux authentiques phénomènes

Malgré les apparences, c’est peut-être sur ce plan qu’ils se ressemblent le plus. Pourtant, Rooney figure le petit rondouillard white trash quand Drogba propose un gabarit aussi racé qu’élancé. Ne pas se fier aux apparences. Les deux top scorers de Premier League sont tous deux des modèles de vitesse -même si Rooney est probablement un poil plus vif au démarrage-, de puissance, de détente, même si cela se voit davantage chez Droga plus sollicité dans les airs, et de résistance, où les deux gaillards multiplient les efforts à très haut rythme, surtout Rooney dans ses longues courses. Et c’est probablement sur ce dernier point que ces deux-là font la différence avec la concurrence, dans cette capacité rarissime à répéter les efforts. Sur ce plan, seul Cristiano Ronaldo peut actuellement soutenir la comparaison, formé lui aussi au biberon survitaminé de la Premier League. Juve, regarde bien : maintenant, c’est là-bas que ça se passe !

Tactique : Point d’ancrage contre art du décrochage

S’ils ont en commun de pouvoir animer seul ou presque leurs lignes d’attaque respectives, Drogba et Rooney s’y prennent de façon bien différente. L’Ivoirien est un enfer pour les défenseurs centraux adverses par cette façon d’aller systématiquement au duel sur les (nombreux) ballons aériens de Chelsea. Sa faculté à prendre la position préférentielle, façon Dennis Rodman, sa capacité à contrôler tout en guerroyant avec son vis-à-vis et sa réelle habilité à enchaîner, soit en orientant, soit en se mettant en position de frappe, le tout saupoudré de coups et de simulations, en font peut-être le neuf le plus dur à gérer. Rooney, lui, propose un autre genre d’enfer. Si Drogba est sans cesse au contact sur la ligne de front, “Wazza” pour sa part est un as du décrochage. Le lascar de Croxteth n’aime rien tant que sortir du marquage pour orienter ou faire des différences en partant de plus loin, bien conscient que dos au but face aux armoires adverses, l’affaire n’est pas dans le sac. Par son aptitude à dézoner sans cesse, Rooney fout un bordel monstre dans l’organisation adverse. Tactiquement, peut-être le plus gros casse-tête de la planète foot.

Mental : le problème Drogba

« A fucking disgrace, it’s a fucking disgrace » . La salve lâchée à l’arbitre après l’élimination des Blues à la dernière seconde de la demi-finale de Ligue des champions l’an passé a montré deux faces de Didier Drogba : un potentiel roi du hip hop mais surtout un mec prompt à péter un câble. Car il faut se rappeler que quelques années auparavant, Drogba avait aussi été expulsé au Camp Nou avant de remettre ça cette année face à l’Inter Milan. Pour autant de défaites ou d’éliminations de Chelsea. Et dans son duel à distance avec Rooney, ce trait prend d’autant plus de relief que l’Anglais s’est drôlement assagi. Autrefois bouillant, capable de dégoupiller n’importe quand, Rooney est désormais un modèle de calme. Plus de coups à l’adversaire, plus de gestes ironiques et provocateurs envers l’arbitre, “Roo” a enfin pigé qu’il était plus utile à son équipe sur le terrain qu’au vestiaire, et qu’il n’avait pas besoin d’en rajouter pour intimider l’adversaire. Non parce que pour être prêt à aller à la bagarre avec lui, hein… Surtout, Rooney a mûri sous la double influence de la naissance de son fils et du départ de Ronaldo qui l’a placé face à ses responsabilités : être enfin l’arme offensive numéro un de son équipe. Sa capacité à répondre à ce défi en dit long sur la solidité du bonhomme.

Influence : le problème de la Rooney-dépendance

Être aussi fort a aussi parfois son inconvénient, surtout quand l’ectoplasme qui fait office de coéquipier s’appelle Berbatov. Rooney est tout simplement indispensable à son équipe dans des proportions encore supérieures à l’influence de Ronaldo. Car quand le Portugais sévissait chez les Red Devils, les solutions de rechange se nommaient Rooney et Tevez, et le l’animation offensive était bien assurée par le collectif. Cristiano et Carlito partis, non seulement Rooney est la seule cartouche valable de l’arsenal de Ferguson mais l’Anglais est très souvent le premier animateur du jeu d’attaque mancunien. Beaucoup pour un seul homme. Car de son côté, Drogba est mieux entouré, c’est un fait. S’il demeure le premier finisseur des Blues, l’Ivoirien peut aussi compter sur Anelka (9 buts), Malouda (12) et surtout Lampard (21) quand le deuxième meilleur buteur de MU s’appelle… c.s.c. ! Dimanche, en cas de défaillance de nos deux rivaux, ce paramètre pourrait se révéler décisif.

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