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  • Disparition de Dick Fosbury

Fosbury a fait le grand saut

Par Chérif Ghemmour
Fosbury a fait le grand saut

L’Américain Dick Fosbury, un des héros de nos cours d'EPS en préau ou en stade, vient de s’éteindre à 76 ans. Il fut le vainqueur de l’épreuve du saut en hauteur aux JO de 1968, grâce à sa technique révolutionnaire à une époque où le football bouillonnait aussi d’idées novatrices. À J-500 des JO de Paris, l'heure est venue de lui rendre hommage.

Lors du dimanche ensoleillé du 20 octobre 1968, la foule enthousiaste du stade olympique de Mexico scande des « Olé ! » à chacun des sauts inédits de l’Américain Dick Fosbury, « inventeur » patronymique du Fosbury-flop. Cette technique révolutionnaire rompt avec l’académisme du saut en hauteur pratiqué exclusivement en rouleau ventral. Dick, le grand échalas (1,93m) de l’Oregon, passe la barre en saut dorsal ! 

Dick avait bon dos

Cet après-midi, Dick passe ainsi les cinq barres proposées dès son premier essai : 2,03 mètres, 2,09m, 2,14m, 2,18m, 2,20m. Puis il franchit à son troisième essai les 2,24m et alpague la médaille d’or et le record olympique ! Fosbury a pu bénéficier de l’absence du recordman mondial de la discipline, le Russe Valeriy Brumel (2,28m), forfait aux JO pour cause d’accident de moto. Aussi, la technique du Fosbury-flop ne va pas encore triompher des sceptiques, à commencer par la grande école soviétique qui ne jure que par le rouleau ventral. À une époque où même le sport est un enjeu de la Guerre froide entre USA et URSS, l’Américain Dwight Stones bat le record mondial en Fosbury-flop en 1973 (2,30m) avant d’être dépassé par le Russo-ukrainien Vladimir Yashchenko en 1978 (2,34m en ventral) ! Mais c’est le chant du cygne d’une technique qui va disparaître pour de bon, laissant définitivement place à la technique dorsale de Fosbury qui culminera avec le record inouï du Cubain Javier Sotomayor et ses 2,45m en 1993. La révolution Fosbury avait fini par triompher d’un académisme ventral qu’on croyait immuable avant ce fameux dimanche 20 octobre 1968.

Il se trouve qu’à la même époque, le football a été aussi traversé par un bouillonnement tactique qui rêvait de faire la peau au jeu bunkerisé, figé, très défensif dont le catenaccio était l’une des représentations les plus grises. Au cœur de la guerre doctrinale entre le béton et son marquage individuel strict contre la défense en zone, d’autres Dick Fosbury émergent alors sur le terrain ou sur les bancs. Franz Beckenbauer est en train de peaufiner le registre nouveau du libéro libéré passé de l’arrière au devant de la ligne défensive afin de participer au jeu en apportant le surnombre. Dans le sillage de George Best, Johan Cruyff introduit la vitesse supersonique qui déséquilibre les blocs adverses. Son mentor Rinus Michels finit d’élaborer son Football Total avec l’Ajax (polyvalence, offside trap, position switching ou coulissage), quand un certain Valeri Lobanovski pose aussi au Dniepr Dniepropetrovsk les bases d’un football moderne (contre-pressing, bloc haut, 4-4-2 à plat) qu’il portera plus tard au sommet avec le Dynamo Kiev. Tous ces acteurs de génie ont enrayé une certaine dynamique mortifère empruntée par le football mondial dans les années 1960.

Look up !

Outre les dimensions novatrices et inventives de sa technique de saut, d’autres aspects assez footballistiques ont aussi écrit la légende de Dick Fosbury. Les légendaires JO de Mexico 1968, révolutionnaires dans tous les sens du terme (le Fosbury-flop, les 8,90m en longueur de Bob Beamon, la piste en tartan, le poing levé façon Black Power de Carlos et Smith sur le podium) annonçaient le tout aussi fabuleux Mundial mexicain de 1970. Déjà, la Seleção solaire de Mario Zagallo avait justement triomphé de l’Italie un peu comme une juste revanche du futebol arte sur le catenaccio italien (même si la Squadra 1970 n’était pas si défensive, en fait). En finale, à Mexico, Pelé avait inscrit un but insensé de la tête, en sautant très haut et en restant longtemps suspendu dans l’air comme Michael Jordan… ou Dick Fosbury. Il faut dire que la séquence Mexico 1968-1970 s’est inscrite dans une période marquée par le grand rêve universel de la conquête spatiale. L’humanité regardait alors vers le haut, vers les cieux, dans un désir d’élévation quasi spirituel. Et là aussi, comme Fosbury triomphant de l’école soviétique, ce sont les USA qui ont gagné la conquête de l’espace à l’été 1969 avec la mission Apollo 11. L’humanité s’est élevée avec Jimi Hendrix (son rock-blues cosmique à Monterey 1967), avec Dick Fosbury (médaille d’or 1968), avec Neil Armstrong (alunissage 1969) et avec Pelé au stade Azteca. Tous ces héros ont décroché la lune.

Enfin, Dick Fosbury a laissé à la postérité son nom qui signe une technique comme d’autres sportifs ont accolé leur patronyme à un geste ou un mouvement. Le football a immortalisé la Panenka, la Higuita (le coup du scorpion) ou la Madjer. La gymnastique a distingué Olga Korbut (le flip Korbut) ou Mitsuo Tsukahara (la Tsukahara en saut de cheval) comme le patinage honore toujours le Norvégien Axel Paulsen, inventeur de l’axel, double ou triple. Lors des impitoyables sélections US d’athlétisme pour les JO 1968, Fosbury s’était qualifié in extremis pour Mexico en décrochant la troisième place. Fosbury avait évité le flop et s’était donc épargné une Arconada.

Par Chérif Ghemmour

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