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« Des présidents comme Borelli, il n’en reste plus beaucoup »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
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Ancien ailier de poche du Paris Saint-Germain pendant quatre saisons, Christian Pérez a également porté le maillot lillois durant la grande époque du PSG version Canal Plus. Avant la rencontre entre les deux équipes, l’ancien international revient sur ces deux passages avec une pointe d’émotion.

Bonjour Christian. Ça fait un bail, que deviens-tu ?Je travaille pour Le Conservateur, un groupe mutualiste indépendant basé sur Paris. Nous sommes spécialisés dans les produits d’épargne, travailleurs non salariés et mandataires exclusifs pour l’entreprise. Autant dire que quand les contrats ne sont pas signés, c’est la grosse pression ! Je travaille sur la partie Landes et Pyrénées jusque dans le 65 et j’habite sur Dax. Mais mes clients peuvent être à Paris ou en province, il n’y a pas vraiment de frontière. On fait les contrats là où ils nous portent (rires) !

C’est sympa comme ville, Dax ? C’est une ville thermale, où l’on soigne les rhumatismes. Après, bon… C’est assez calme.

C’est le rugby là-bas surtout…Bien sûr !

Je travaille pour un groupe mutualiste indépendant basé sur Paris. Ce n’était pas ma première reconversion, mais j’espère que ce sera la dernière.

Après le foot en fait, on se retrouvait un peu apatrides avec ma femme, donc nous avons trouvé un endroit pas très loin de chez mon beau-frère. Du coup, on s’est retrouvés à Dax, et maintenant ça fait 18 ans. Ce n’était pas ma première reconversion, mais j’espère que ce sera la dernière. En fait, on n’en sait trop rien… C’est un métier où rien n’est facile, il faut des années pour maîtriser la chose, que les gens te fassent confiance, se construire un réseau. C’est un travail de longue haleine.

Un peu comme à l’époque de ton arrivée sur la capitale. Tu arrives au PSG en 1988, après un très beau passage à Montpellier et de longues années au Nîmes Olympique. Qu’est-ce qui t’a poussé à monter dans la capitale ?À Montpellier, je fais une seule saison, mais elle était belle : je finis meilleur passeur de l’équipe et deuxième meilleur buteur, et on termine la saison troisièmes. Mais ce n’était pas simple, il y avait beaucoup de concurrence et je devais me battre à chaque fois. Et à la fin de saison, grosse surprise : on me demande de partir. Le club voulait me transférer à Metz, mais j’ai refusé. Et puis monsieur Borelli m’a appelé. Il souhaitait me voir faire un essai à Paris. Je lui ai dit d’accord tout de suite. Au bout de 30 minutes d’essai, Tomislav Ivić a dit au président qu’il m’engageait. Paris, ça ne se refuse pas. J’ai foncé tête baissée et avec le recul, j’ai eu raison. La première saison était sous forme de prêt, et puis le club a levé l’option d’achat. Paris était déjà l’un des meilleurs clubs de France.

Tu as fait la connaissance du président Borelli… Comment était l’homme ?C’est un président extraordinaire, il adorait ses joueurs, un peu à la façon d’un Nicollin. C’est un homme qui appelle votre femme parce qu’elle a accouché, qui lui fait livrer une énorme corbeille de fruits, qui lui demande d’aller dans une bijouterie et de choisir un collier. C’est du vécu (rires) ! C’est ça, M. Borelli. C’était un grand humaniste, un vrai personnage. Des présidents comme lui aujourd’hui, je ne suis pas sûr qu’il en reste beaucoup. Ce sont des gens qui étaient dévoués corps et âme à ce sport et ce club.

Tu as joué dans une équipe avec des patrons comme Safet Sušić… Quels souvenirs marquants gardes-tu de cette époque ? Oh, il n’y avait pas que Safet Sušić… Tout seul, ce serait compliqué pour lui (rires) ! Il y avait Joël Bats, Michel Bibard, Jean-Michel Charbonnier, et même mon ancien ami Alain Polaniok, qui est décédé… Il y avait plein de très bons joueurs, mais l’équipe était assez surprenante parce qu’on n’était pas vraiment voués à l’attaque. Mais on avait une organisation défensive très difficile à bouger.

C’était un peu le credo de Tomislav Ivić. Qu’as-tu appris à ses côtés ?J’ai appris à aller au bout des choses. Après, il fallait le voir à l’entraînement, c’était la guerre… Il était dictateur dans le jeu, on devait respecter ses consignes. Dès qu’il mettait le survêtement, il ne plaisantait plus. Mais dans la vie, c’était quelqu’un de très chaleureux. Quand on se croisait à Saint-Germain-en-Laye, il nous embrassait de loin. C’était une personne très gentille. Ensuite, il avait aussi ses joueurs favoris, mais comme tout entraîneur finalement. Il m’avait recruté donc forcément, je faisais partie de ses préférés. C’est difficile de dire du mal de lui, vu la situation dans laquelle j’étais.
Tu avais aussi des coéquipiers comme Simba, Nouma, Llacer, Bravo… L’ambiance était chaleureuse dans ce Paris ? Oh oui !

On discutait avec les supporters à la sortie du vestiaire, avec les journalistes, avec tout le monde.

Je ne connais pas vraiment l’ambiance actuelle du vestiaire, mais nous, c’était beaucoup plus cool comme attitude. On discutait avec les supporters à la sortie du vestiaire, on discutait beaucoup plus avec les journalistes, avec tout le monde. On arrivait en voiture sans qu’il n’y ait besoin de gardien, c’était calme. On n’était pas paranos.

Aujourd’hui, on a l’impression que toute la communication est très bien ficelée…Ah mais c’est clair. Moi, j’étais complètement libre à l’époque… Je me baladais dans Paris, je n’étais pas emmerdé du tout. On arrivait au Camp des Loges, et si deux entraînements avaient lieu dans la même journée, on repartait manger chez nous pour revenir. Notre vie était un peu extraordinaire parce qu’on était libres tout en étant footballeurs professionnels. Mais attention, ça ne veut pas dire que l’aspect professionnel actuel est une mauvaise chose. À mon époque, l’Italie avait des résultats parce qu’elle était très professionnelle par exemple… Aujourd’hui, c’est le manque d’argent qui leur fait défaut.

Et ça rigolait bien en dehors du foot aussi ? Avec Bats, Jeannol, Bravo… On se faisait de sacrés repas entre nous, je me souviens. Une fois, Jo avait organisé un repas chez une mamie, avec de la bonne bouffe. Quand on est épicurien, on aime bien ce genre de choses (rires). C’était dans un petit village, une ambiance très familiale avec un bon gueuleton. Ces moments font partie des liens importants pour nouer un vestiaire. J’ai peut-être eu de la chance là-dessus d’ailleurs, parce que je n’ai jamais connu de moment où les gens ne se parlaient plus dans un vestiaire.

À l’époque, il existait aussi une rivalité entre le PSG et le Matra, qui avait notamment récupéré Bossis, Fernandez ou Francescoli. Comment est-ce que vous prépariez ces matchs au PSG ?Très franchement, je n’ai pas le souvenir d’une rivalité. À vrai dire, c’est plus la presse qui faisait monter la mayonnaise toute seule pour vendre ses journaux. Dans les faits, le Matra ne nous posait pas de problèmes. La seule chose que je dirais, c’est que cette venue du Matra aura apporté un vrai confort salarial aux joueurs. Quand Luis est parti au Matra, son salaire posait la question de la revalorisation des salaires. C’était plus que bénéfique pour les joueurs, c’était le début des salaires importants. Mais au niveau du Matra, la stratégie ne pouvait pas fonctionner. Jean-Luc Lagardère n’était pas du milieu et il avait recruté un directeur sportif extérieur au monde du foot. Un club, ça doit se construire sur plusieurs années, il faut des fondations. Ce n’est pas parce que tu vas faire venir 15 joueurs d’un coup que tout va marcher…

Un nouveau derby dans la région parisienne, c’est quelque chose que tu aimerais voir ? On est quand même le seul pays de football où deux clubs de la capitale ne sont pas dans l’élite.

Deux clubs de la capitale en Ligue 1, ce serait une vraie bonne idée. Il faut juste espérer un Chinois qui investisse maintenant.

Donc oui, ce serait génial, mais dans combien d’années (rires) ? Je vois le Red Star comme un des clubs fondés le plus tôt, donc un match comme celui-là pourrait plaire. Mais après, je ne suis pas le foot à ce niveau, je n’ai pas envie de donner une préférence sur un des clubs. Deux clubs de la capitale en Ligue 1, ce serait une vraie bonne idée. Il faut juste espérer un Chinois qui investisse maintenant !

Comment as-tu vécu le passage de l’ère Borelli à celle de Canal Plus ?Avec le recul, on peut dire que nous l’avons bien vécu. Le pauvre M. Borelli ne pouvait plus suivre financièrement. On le sentait. Tout de suite, on a vu la différence avec Canal Plus. C’étaient des fonds que M. Borelli ne pouvait pas assumer. Pour nous, c’était le signe d’une nouvelle ambition.

Quand on voit arriver Ginola ou Valdo, on se dit que la place au sein de l’équipe va devenir difficile à conserver ?Ah non, pas vraiment ! Cette année-là, je termine meilleur buteur du club avec 11 buts si mes souvenirs sont bons (12, ndlr). Je suis international français et je ne voyais aucune raison de ne pas continuer au sein du club. Ensuite, j’étais conscient que je restais un bon élément national, sans être une pointure internationale… Et de façon générale, l’arrivée des très bons joueurs amènent une expérience nouvelle et ce n’est que bénéfique pour tout le monde. Mais j’ai perdu de la lucidité ensuite.

C’est-à-dire ? Sur un coup de tête, j’ai fait une demande assez conne. Ça s’est fait à chaud, dans une boîte de nuit, c’était avant de partir pour le championnat d’Europe… J’adorais ce club, je venais d’acheter une maison sur Saint-Germain-en-Laye, on avait parlé avec Michel (Denisot, ndlr) de resigner au mois de novembre. J’étais content, quoi. Mais ce n’était pas tout à fait de ma faute hein, des personnes qui devaient travailler pour moi là-dessus ne l’ont pas fait. Voilà.

On sent que tu restes sur ta faim…Ce soir-là, j’aurais dû rentrer chez moi, revoir le président Denisot tranquillement et parler de ma prolongation le lendemain matin. Depuis ce jour, je n’ai plus eu de nouvelles du tout. J’étais un peu déçu. J’avais un agent qui m’a envoyé à Monaco, alors que je souhaitais entrer en négociation avec le PSG… Après, c’était fait. Et on voit ce qui s’est passé ensuite.

Ce passage de quatre ans à Paris coïncide aussi avec ta carrière internationale, où d’autres joueurs comme Simba ou Angloma sont promus en équipe nationale. Quel est ton meilleur moment passé chez les Bleus ? En vrai, à chaque fois que je portais le maillot des Bleus, c’était un grand moment. Le moins bon moment, c’est peut-être après mon dernier match en Autriche.

Jouer à 50% de mes capacités en équipe nationale, je n’avais pas le talent pour ça.

J’avais eu une discussion avec Gérard Houllier, et derrière, je n’ai plus du tout été appelé en équipe de France (rires). Après à Monaco, j’avais eu tellement de pépins physiques à me blesser tous les deux mois… Au bout d’un moment, tu abandonnes. Jouer à 50% de mes capacités en équipe nationale, je n’avais pas le talent pour ça.

Et l’Euro 92, ça reste un bon souvenir ? Oui, même si dans le tournoi, on fait n’importe quoi. On fait un très mauvais Euro, il n’y avait pas d’esprit d’équipe, la moitié des joueurs ne se parlait pas. Il y avait de la suffisance, du manque d’expérience. Quand tu te fais sortir contre une équipe qui revient de vacances pour aller jouer l’Euro, ça fait chier ! Tu te dis qu’en football, ça ne sert à rien de s’emmerder à s’entraîner comme des cons alors que d’autres sont à la plage ! Et en plus derrière, ils finissent champions d’Europe…

Le regret avec Paris, c’est cette absence de titres finalement… Lors de ma première saison, nous perdons le titre à la dernière seconde dans un match qui n’en finissait plus. Et Marseille en a profité. Ce sont des destins tragiques, même s’il y a pire dans la vie. J’en suis toujours resté un peu affecté. Mon grand regret en fait, c’est surtout d’être parti de Paris. Je ne vais pas dire que cela hante encore mes nuits, mais bon… On ne peut pas revenir en arrière de toute façon, c’est se faire du mal pour rien. Ce qui est sûr, c’est que cette décision était la plus stupide qui me soit arrivée.

Entre Monaco et le retour aux sources à Nîmes, il y a cette année de transition à Lille. Pourquoi avoir choisi ce club ? Je n’avais pas vraiment choisi Lille. Parce qu’il faut le dire, je n’étais pas performant à Monaco. Ce n’était pas un club fait pour moi… Cannes et Nice étaient intéressés, et puis l’offre de Lille est arrivée. Au final, c’était l’unique club en Ligue 1 qui souhaitait me recruter, donc j’ai signé. C’était ma seule option (rires) !

Et vous finissez quatorzièmes de D1…Nous n’avions pas les moyens de mieux faire. Dans l’équipe, on sentait des joueurs qui manquaient de confiance en eux, mais des joueurs gentils, dévoués. Ils n’étaient pas plus mauvais que les autres hein, mais on sent que certains se sentaient bien où ils étaient. C’était un certain confort, sans trop d’ambition. Mais ce sont des joueurs avec qui on passe quand même un bon moment. C’était aussi une année compliquée pour moi. J’ai eu une hernie discale à la fin de la saison, et quand je me fais opérer, le coach m’annonce qu’il ne souhaite pas me garder. Je suis reparti à Nîmes, où Pierre Barlaguet, le coach de mes débuts, m’a fait confiance. La boucle était bouclée.

De loin, tu assistes aussi à la grosse saison du PSG en Ligue des champions… On est un peu nostalgique de Paris dans ces cas-là ? J’ai toujours suivi Paris quand il y avait encore mes copains : Antoine Kombouaré, Daniel Bravo… C’étaient mes potes du PSG, c’était mon club. J’étais content bien entendu. Mais dans le milieu du football, c’est toujours difficile de se voir régulièrement. Loin des yeux, loin du cœur…

Un petit pronostic pour le PSG/Lille de ce soir ? Si je joue un gros billet, je dis que Paris va gagner (rires) !

Blanc peut faire tourner autant qu’il veut, il a 25 joueurs tous plus forts les uns que les autres… Une équipe B comme ça, c’est sympa.

Paris est trop au-dessus des autres pour y laisser des plumes. Blanc peut faire tourner autant qu’il veut, il a 25 joueurs tous plus forts les uns que les autres… Une équipe B comme ça, c’est sympa. Et puis l’équipe B sera sûrement encore plus motivée de jouer Lille avant Chelsea. Ensuite, les matchs PSG-Lille restent en général assez âpres, donc Lille peut y croire.

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Propos recueillis par Antoine Donnarieix

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