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Danemark, le véritable baromètre des Bleus

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Danemark, le véritable baromètre des Bleus

C'est la 14e fois que les Bleus vont affronter le Danemark et, bien souvent, le résultat de ce match donne une tendance sur l'avenir immédiat de l'équipe de France. Quand le match se déroule bien, la France s'offre une folie dans les semaines qui suivent. Quand la France chute face aux potes des frères Laudrup, on peut souvent s'attendre au pire dans la foulée. Ou comment le karma des Bleus est intimement lié aux Danois.

« Tout va bien, on est dans le vrai »

France – Danemark 1- 0 (Euro 84)

Match d’ouverture de l’Euro organisé en France. Comme tout match inaugural, cela peut vite tourner au traquenard. Surtout que les Bleus sont désignés favoris de la compétition par tout le monde, y compris Diego Maradona. Et sans les présences des champions du monde italiens, de l’Angleterre, des Pays-Bas et de l’URSS – tous éliminés en qualification –, la voie s’annonce royale pour la bande à Platini. Pour ce faire, il faut quand même se coltiner le Danemark en lever de rideau. Des Danois qui s’étaient amusés des Bleus sept mois plus tôt à Copenhague (1-3). Et dans les années 80, les Scandinaves envoyaient du lourd sur le pré : Morten Olsen, Allan Simonsen, Preben Elkjær Larsen et une petite merveille de 20 piges : Michael Laudrup. Mais voilà, les Bleus n’ont plus perdu à domicile en match officiel depuis novembre 1971 (0-2 face à la Hongrie) et Hidalgo a déjà son onze type en main : Bats, Battiston, Bossis, Le Roux, Amoros, Tigana, Fernandez, Platini, Bellone, Domergue, Lacombe. Malgré un très bon début de match, les Bleus sont crispés et ne trouvent pas la faille. Il faut attendre la 78e minute, après un énorme rush de Jean Tigana, pour voir Michel Platini ouvrir la marque. Ça sera l’unique but du match. Une rencontre que la France terminera pourtant à 10 suite au rouge d’Amoros, qui prend Jespar Olsen pour un punching ball. Les Bleus sont lancés. La suite ? Un Platini de gala (9 buts en fin de compétition) et une victoire finale face à l’Espagne. Le premier grand titre de l’équipe de France.

Vidéo

France – Danemark 2-1 (Mondial 98)

Après deux belles victoires face à l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite, l’équipe de France est assurée d’être qualifiée pour les 8es de finale de sa Coupe du monde. Pourtant, il faut se farcir le Danemark pour terminer en tête du groupe afin de zapper le Nigeria en huitième et surtout le Brésil en quart. Zidane est suspendu, Dugarry blessé, Aimé Jacquet va donc envoyer une équipe bis au front. Après Marseille et Paris, voilà les Bleus à Lyon. Les Bleus se méfient autant d’eux-mêmes que des frères Laudrup, brillants avec le Danemark. On dit les Danois moins fringants qu’à l’accoutumée. Un postulat qui fait marrer Emmanuel Petit avant le match. « Ils sont un peu comme les Allemands. Tu as beau les tabasser, ces mecs-là, ils sont toujours debout. On se dit : mais il ne craquent jamais ? » Mais voilà, cette équipe de France a un truc en plus, et pour la première fois de son histoire, une équipe tricolore remporte ses trois matchs de poule de Coupe du monde suite au succès 2 à 1 face aux Danois. Une victoire par un but d’écart qui ne reflète pas la physionomie de la rencontre. Les « coiffeurs » ont surclassé la bande des Laudrup, emmenés par un énorme Marcel Desailly. Youri Djorkaeff, sur penalty, et Emmanuel Petit ont claqué les deux pions tricolores. On s’en doutait, maintenant on le sait. Cette équipe est dure, collective, unie et habitée d’une mission : être championne du monde. C’est donc à Lens, face au Paraguay, que les Bleus continueront leur périple. Il y aura ensuite l’Italie, la Croatie, puis le Brésil en finale. 3-0, Zidane, Petit, les Champs-Élysées, Gloria Gaynor, « Black blanc beur » , tout ça. À Lyon, les Bleus ont montré la voie. Le Danemark n’était pas de taille.

France – Danemark 3-0 (Euro 2000)

Encore un Euro et encore le Danemark en ouverture. Sauf que contrairement à 1984, les Français ne sont plus à domicile et, surtout, ils sont champions du monde en titre et expérimentés (29 ans de moyenne d’âge et cinquante sélections de moyenne). C’est donc à Bruges que les Bleus retrouvent un Danemark en plein renouveau. Et, force est de constater qu’après 1984 et 1992, le vainqueur de chaque France-Danemark dans un championnat d’Europe se hisse jusqu’au titre suprême. Jamais deux sans trois. Roger Lemerre, qui a pris la place de Jacquet sur le banc, affiche une attaque d’épouvantails : Zidane, Djorkaeff, Anelka, Henry, Wiltord et Trezeguet. Les Danois vont voler en éclats face à cette fusée bleue : 3-0 dont un bijou de Thierry Henry. Ces Bleus-là semblent bien plus forts que ceux de 1998. Ils sont décomplexés, rapides, affûtés, solides et tueurs devant le but. Sans surprise, cette équipe ira au bout, s’offrant un magnifique doublé Mondial-Euro avec dans sa besace les scalps de l’Espagne, du Portugal et de l’Italie. Le Danemark avait donné le la. La France était sur la voie royale.

France – Danemark (Amical 2006)

Raymond Domenech et l’équipe de France s’apprêtent à s’envoler pour l’Allemagne sans que personne ne sache vraiment jusqu’où peut aller cette bande de copains. Zidane et Thuram sont toujours là, à 34 ans. Barthez et Makelele aussi. Henry et Vieira sont au sommet du football et des petits nouveaux sont venus se greffer à cette équipe. On pense à Abidal, Gallas, Malouda et bien entendu Franck Ribéry. À douze jours du match d’ouverture du Mondial 2006 face à la Suisse, les Bleus s’offrent une répétition générale à Lens. Le Danemark, c’est à la fois du physique (Gravesen), mais aussi de la technique soyeuse (Tomasson). Pas grave, les Bleus vont être sérieux et s’imposer sans souci 2 à 0 (Henry, Wiltord). Ce match, c’est surtout l’apparition d’un collectif, d’une équipe type et de Ribéry. À 23 ans, le Marseillais est insouciant et amène une folie dans le jeu des Bleus. C’est lui qui sonnera la révolte française en plein Mondial après un départ hésitant. Une Coupe du monde que les Bleus termineront sur la deuxième marche du podium, à un tir au but de l’Italie. Domenech a réussi son pari. Son équipe de vieux briscards entourée de jeunes fous s’est payée l’Espagne, le Brésil et le Portugal pour arriver en finale. Le Brésil restant un tableau de maître du début à la fin. Le chef-d’œuvre de Zidane. Quand le Danemark va, tout va.

« Attention, ça va péter »

France – Danemark 1-2 (Euro 92)

Un sans-faute durant les éliminatoires avec un taux de victoires à 100%, une attaque Cantona-Papin, des joueurs de l’OM – une référence européenne à l’époque – aux postes clés, un sélectionneur charismatique en la personne de Michel Platini et un groupe abordable pour les Bleus : Angleterre, Suède et Danemark. Les Danois sont d’ailleurs arrivés en Suède en claquettes. Profitant de la disqualification de la Yougoslavie à la suite du conflit des Balkans, les Scandinaves n’ont pas eu le temps de se préparer. Pour ce dernier match de poule, la France est donc le grand favori malgré deux matchs nuls face aux Anglais (0-0) et Suédois (1-1). La donne est simple : une victoire, et les Bleus sont en demi-finale, l’objectif fixé par Platini. Facile, non ? Dans les rangs de la France, on ne se méfie pas vraiment de ses invités surprises. Avant le match, Jean-Pierre Papin juge les Danois « dangereux, même si ce ne sont pas non plus des super. La Yougoslavie, même amoindrie, aurait été plus dure à jouer » . Mais voilà, la France sort de deux matchs moyens. Deux rencontres qui ont galvanisé les Danois. Brian Laudrup avant le coup d’envoi : « Visiblement, la France n’a plus de Platini au milieu de terrain. Ce milieu de terrain est assez mauvais » . Boum ! Les Danois et la pression ? Aucune. Les mecs sont décontractés et vont le montrer sur le terrain. Après sept minutes de jeu, Larsen ajuste Martini d’une volée du gauche. Les Bleus sont sonnés. L’égalisation de Papin à l’heure de jeu ne va rien changer, la France n’y est pas. Sur un contre parfaitement joué par Povlsen, Elstrup ajuste une nouvelle fois Martini d’une pichenette. 2-1, rideau. Les Bleus sont éliminés et tombent de haut. Favoris de la compétition, les Bleus se font sortir dès les poules. « On a été nuls » , lâche Platini après la rencontre. Les joueurs n’ont jamais réussi à surmonter le stress de la rencontre. La France quitte l’Euro 92 la queue entre les jambes et s’apprêtent à traverser le désert. Un an plus tard, la France ratera le Mondial américain sur un but de Kostadinov à la dernière minute du match au Parc des Princes. Comme le Danemark en 1992, la Bulgarie n’avait aucune pression et les Bleus avaient leur destin entre les mains. Comme face au Danois, ils vont se chier dessus. Le Danemark, lui, ira braquer un Euro sans prévenir.

Vidéo

France – Danemark (Mondial 2002)

Celle-là, elle fait mal. Champion du monde et d’Europe en titre, l’équipe de France arrive en Corée du Sud et Japon avec l’énorme étiquette de favori à sa propre succession. Surtout que Roger Lemerre peut compter sur le meilleur buteur de Ligue 1 (Cissé), du Calcio (Trezeguet) et de la Premier League (Henry). Dans un groupe largement à sa portée : Sénégal, Uruguay et Danemark, la France doit se balader. Mais après deux rencontres, les Bleus n’ont qu’un point (0-0 face à la Celeste après la défaite inaugurale face aux Sénégalais 0-1) et n’ont toujours pas marqué le moindre but. Pis, Thierry Henry est suspendu pour le match couperet face aux Danois suite à son expulsion contre l’Uruguay. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Zinédine Zidane est strappé à la cuisse et n’arrive pas à retrouver ses moyens. Pour ne pas rentrer comme des cons, la France doit battre le Danemark par deux buts d’écart. Rien d’insurmontable. Si, en fait. Sans jus, sans idée de jeu de secours et sans ressort, les Bleus se font balayer par des Danois euphoriques (2-0). Trois matchs, un point, aucun but marqué. Le bilan de l’équipe de France est catastrophique. Les héros de 1998-2000 sont cramés. « Une catastrophe » , balance Desailly à la fin du match. La France prend une gifle dans la gueule et s’apprête à vivre dans la douleur pendant un bon moment. L’Euro 2004 n’effacera pas les blessures, puisque c’est la Grèce qui sort les Bleus hors de l’Europe. Il faudra attendre 2006, et un autre France-Danemark, pour voir les Bleus relever la tête.

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