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DAZN, un nouvel espoir pour le football français ?

Par Pierre Rondeau
DAZN, un nouvel espoir pour le football français ?

La chaîne de streaming sportif DAZN doit arriver en France le 1er décembre. Diffuseur de sports de combat, pour le moment, ce nouvel acteur vient s’insérer dans un marché déjà mal en point, saturé et au bord de l’effondrement. À moins qu'en réalité, ce soit le moment idéal pour s'intéresser aux droits du foot français ?

La box devait être lancée en grande pompe le 2 mai dernier dans 200 pays pour un prix défiant toute concurrence : une offre initiale 1€99 par mois, le tout avec un catalogue de droits fourni en boxe et sports de combat, notamment les affrontements de la star mexicaine Canelo Álvarez ou le champion du monde Anthony Joshua. Sur le papier, autant dire que DAZN (prononcez « Da Zone » ) avait tout pour plaire aux amateurs de marrons et d’arcades ouvertes. Bien entendu, la crise du coronavirus a tout bouleversé, et la sortie a été reportée au 1er décembre. Le « Netflix du sport » va donc bel et bien arriver en France, après de premiers succès en Allemagne, Autriche, Suisse, Brésil ou États-Unis. La marque, créée en 2016 et détenue par le milliardaire américain Len Blavatnik, déjà propriétaire de Deezer, s’est imposée depuis 4 ans comme un formidable pure player en OTT ( « Over The Top » ), intégralement disponible sur internet. Ses investissements, de plusieurs centaines de millions d’euros, dans tous les sports, proposés à un large public de plus en plus connecté – désintéressé par la consommation traditionnelle de la télévision, versatile et attiré par le changement et la flexibilité – a permis à DAZN de devenir rapidement un acteur important sur le marché mondial. Tout indiquerait donc qu’il puisse prochainement se positionner durablement en France, après le lancement de son offre dans quelques jours.

DAZN va-t-il entrer dans la danse ?

Avec les déboires de Mediapro et les inquiétudes face à une probable déflation des droits TV de la Ligue 1, la LFP aurait tout intérêt à attirer de nouveaux acteurs, plutôt que de laisser Canal+ seul vainqueur, et permettre d’intensifier une concurrence déjà bien abîmée. Toutefois, alors que DAZN s’est positionné sur les droits du foot en Allemagne ou aux États-Unis et a perdu – de peu – des lots UEFA en Italie, rien n’indiquerait qu’il souhaite venir rapidement dans le football français.

En off, les gens de DAZN semblent peu concernés, admettant qu’aucune discussion n’a été entamée entre eux et la Ligue. Après tout, ils n’y auraient aucun intérêt, comme le précise Arnaud Simon, CEO de Founder In&OutStories et ancien dirigeant d’Eurosport : « Je discute régulièrement avec DAZN. De ce que j’en sais, ils ne semblent, pour l’instant, pas intéressés par le foot français. Le marché est bouché, les droits sont chers. » Il y aurait toute une stratégie à établir. Comme Canal+ qui ne se montre pas intéressé, DAZN ne peut pas s’inviter au risque d’inciter la Ligue à faire jouer la concurrence et monter les prix. Pas bête, la guêpe… C’est la loi du marché. DAZN a beau apparaître comme un acteur en devenir, moderne et adaptable, avec une offre très abordable, flexible et structurée, il ne servirait à rien pour eux de se présenter à la Ligue, quand bien même les droits seraient remis en vente ou le contrat avec Mediapro rompu. Au contraire, ils doivent se faire désirer, montrer que le football français a plus besoin d’eux qu’ils n’ont besoin des droits du ballon rond.

Le poids du piratage

L’autre point de friction, c’est la spécificité du marché hexagonal. Déjà marqué par son « hyperconcurrentialité » , avec 5 chaînes payantes (un record), Canal+, beIN Sport, RMC Sport, Téléfoot et Eurosport, la France serait aussi, le pays où la législation contre le piratage sportif est la plus faible d’Europe. Par exemple, lorsqu’un lien streaming est disponible, la justice française n’a aucun moyen direct de le faire arrêter, de stopper sa publicité ou sa visibilité, d’annuler le signal. Interrogé lors de la conférence Media en Seine, Laurent de Camas, Managing Director chez beIN Sports France, détaille ce souci majeur : « C’est un problème qu’on porte depuis longtemps, avec d’autres : on avait avancé dans le cadre du projet de loi audiovisuel sur plusieurs mesures et en particulier une très importante, qui est que l’on puisse par des systèmes techniques, « casser » les adresses des sites de live streaming et empêcher les consommateurs de regarder ces sites. C’est que l’on appelle l’injonction dynamique. L’idée c’est qu’un juge puisse d’une manière automatique imposer l’arrêt par un hébergeur, par un fournisseur d’accès à Internet voire même par un réseau social de casser ces sites. Cela a été mis en place au Royaume-Uni avec succès. »

Selon diverses estimations, le piratage sportif coûterait entre 100 et 500 millions d’euros par an aux diffuseurs en France et altèrerait ainsi l’attractivité du marché. « C’est un problème majeur, parce que cela peut réellement tuer tout le système économique et tout le modèle économique du sport, allant des ayants droits jusqu’aux éditeurs en passant par le sport amateur puisque c’est une chaîne de valeurs qui n’est pas limitée aux ligues et aux chaînes payantes. C’est un point critique »abonde Laurent de Camas. En mars dernier, une loi aurait dû être votée en faveur de ce changement législatif, mais elle a été reportée sine die après la mise en place de l’état d’urgence sanitaire et le début de la crise du coronavirus. Ce qui n’est pas pour rassurer les diffuseurs actuels ni d’éventuels nouveaux acteurs… Comme DAZN ? Disons-le simplement : le « Netflix du sport » n’aurait aucun intérêt à rafler les droits du foot français, vu le contexte, vu le prix fixé, vu sa stratégie de tarification, avec des offres à moins de 2€, et vu la fragile législation contre le piratage. Mais face aux évolutions de consommation des Français et la chute annoncée de la télévision face à l’essor du net et des pure players digitaux, DAZN aurait aussi tout à gagner. Et nos championnats aussi ?

Par Pierre Rondeau

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