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Damien Da Silva : « En France, j’avais une image de joueur qui dispute le maintien »

Propos recueillis par Thomas Goubin

Exilé en Australie depuis le début de l'année, après un passage à l'OL frustrant, Damien Da Silva revit sous le maillot du Melbourne Victory à 35 ans. Au cœur d'une « interminable » intersaison, le défenseur de 35 ans nous parle d'un football où on « court beaucoup », de son dernier road-trip et essaie d'expliquer son échec lyonnais.

Damien Da Silva : « En France, j’avais une image de joueur qui dispute le maintien »

En tant que Français, à quel point te parle t-on du quart de finale à venir entre les hôtes australiens et les Bleues ? Beaucoup, déjà parce qu’il y a une grosse ferveur autour de cette Coupe du monde. Ici, le football féminin est vraiment mis en avant. Depuis la France, vous pouvez constater que les stades sont pleins. Je n’ai d’ailleurs pas réussi à avoir de billets, même avec l’appui de mon club. En tout cas, mes coéquipiers australiens me parlent beaucoup de ce match. Ils pensent gagner, mais je les sens conscients des forces des Françaises. J’espère pouvoir les chambrer lundi matin à l’entraînement.

Alors que tu es en présaison, vas-tu pouvoir regarder le match ? Oui. Je pense même me rendre dans une Fan Zone. Ça peut être sympa de supporter la France dans cette ambiance australienne. À Melbourne, dès que la sélection joue, on voit des maillots partout.

En Australie il y a une grosse coupure entre chaque saison (de mai à octobre, pour les équipes non concernées par les play-offs). Comment vis-tu ce moment ? Je n’ai déjà jamais été un grand fan des présaisons car il me tarde vite d’entrer dans la compétition, mais là je trouve ça interminable. On a repris début juillet et il reste encore deux mois avant le premier match. Mais c’est comme ça, il y a moins d’équipes, donc moins de matchs, et puis l’idée est aussi de ne pas jouer en même temps que l’AFL (championnat de football australien, NDLR), qui est vraiment le sport numéro un ici, pour bénéficier d’une meilleure exposition. Quoiqu’il en soit, c’est long, très long. La préparation ressemble à ce que tu connaissais en France ? Franchement, ça fait longtemps que je n’avais pas couru comme ça et que je m’étais senti aussi fatigué. On a commencé très fort. On fait des grosses séances de jeu et à la fin, on fait toujours des courses à très haute intensité. Mais bon, ça ne me dérange pas, et puis quand on va commencer les matchs amicaux, j’imagine que ça va davantage ressembler à ce qu’on fait en France.

Les Australiens ne regardent que le foot anglais. Ils ne connaissent pas du tout le championnat de France, à part le PSG. Dans mon équipe, beaucoup ne me connaissaient pas et j’ai bien aimé cela.

DDS

On a l’image d’un football australien très physique. C’est donc toujours le cas ? Oui, mais il y a surtout beaucoup de rythme. On joue rapidement vers l’avant. Lors de mes premiers matchs, ça m’a surpris et même fatigué, car j’avais davantage l’habitude de prendre le temps de construire. Comme on a moins souvent le ballon, on court plus. C’est une culture du jeu anglo-saxonne. D’ailleurs, les Australiens ne regardent que le foot anglais. Ils ne connaissent pas du tout le championnat de France, à part le PSG. Les joueurs de Lyon, Rennes, ça ne leur dit rien, sauf s’ils jouent en sélection. Dans mon équipe, beaucoup ne me connaissaient pas et j’ai bien aimé cela.

Aujourd’hui, ils te connaissent bien, puisque tu as été élu meilleur joueur de la saison du Melbourne Victory… Oui, ça s’est plutôt bien passé. J’avais très faim, je voulais retrouver une place de titulaire, reprendre du plaisir. Ça m’a fait énormément de bien d’enchaîner les matchs. Et puis, j’aime les nouvelles expériences, arriver dans la peau de celui qu’on ne connaît pas trop et avoir tout à prouver, comme quand je suis arrivé en Ligue 1. Comprendre assez bien l’anglais m’a aussi aidé à m’intégrer. Je n’ai pas vraiment connu de problème de communication.

Quel projet Melbourne Victory t’a vendu pour te convaincre de faire le grand saut en Australie ? On voulait connaître une expérience à l’étranger, dans un pays anglophone, car ma compagne a besoin de l’anglais dans son travail. C’est un choix qu’on a fait à deux. Vivre à Melbourne me séduisait aussi. Et puis, au niveau sportif, je savais que je signais dans le plus gros club du championnat, le plus supporté, même s’ils étaient mal classés (derniers à l’arrivée de Da Silva, début janvier, NDLR). Je me suis dit que le club traversait une mauvaise passe, mais que j’aurai l’occasion de lutter plus tard pour un titre. C’était un bon challenge.

 

Quelle ambiance escortait le club lors de cette saison terminée à l’avant-dernière place de la saison régulière ? L’ambiance n’était pas top évidemment, mais ça reste quand même plutôt cool, sans violence. Ce n’est pas comme si un gros club français se retrouvait en bas de tableau. Les supporters sont compréhensifs, se disent que ce n’est qu’un sport et ont confiance pour qu’on redresse la barre la saison prochaine. Il faut savoir qu’en Australie, beaucoup d’équipes se valent. Tout peut donc aller très vite, dans un sens comme dans l’autre.

En Australie, il n’y a pas de relégation. N’est-il pas difficile de se motiver quand on se trouve en bas de tableau ? En fait, on avait la pression de terminer dans les six premiers pour participer aux play-offs. Et comme le championnat est très serré, on était dans la course jusqu’à l’avant-dernière journée. Et pour Melbourne Victory, ne pas accéder aux play-offs, c’est un peu comme être relégué pour une bonne équipe de Ligue 1.

Un vestiaire australien, est-ce vraiment différent d’un vestiaire français ? Oui, on se prend moins la tête. Les joueurs sont plus simples, ce sont des « Monsieur Tout-le-monde ». Il faut dire aussi que notre notoriété est bien moindre qu’en France. Plus généralement, les Australiens sont accueillants, patients, ils aiment aussi profiter de la vie. Ici, les bars, cafés, restaurants sont pleins très tôt le matin et dès 16h l’après-midi, puisqu’ils se couchent assez tôt. Pour ça, Melbourne c’est une ville géniale. On profite au maximum de la vie et du pays.

As-tu pu faire un peu de tourisme ? Oui. Dès qu’on a eu des vacances, on s’est fait un road-trip de trois semaines avec ma compagne, du nord au sud de la côte Est. On a vu de belles plages très nature. On se fera aussi le désert dès qu’on aura du temps.

Bordeaux en Ligue 2, c’est un projet auquel j’aurais pu dire oui, d’autant que je n’ai jamais joué la montée en Ligue 1 dans ma carrière.

Damien Da Silva

Ton contrat prend fin en juin 2024. Comment vois-tu la suite ? Pour le moment, je vis le moment présent. Je kiffe mon année en Australie, sur le terrain et en dehors, tout en essayant d’être le plus performant possible pour avoir le maximum d’opportunités au terme de mon contrat. Je ne suis pas du tout contre un retour en France ou dans un autre pays, mais il faut que ce soit un projet excitant, qui me parle.

Tu as déclaré à La Causerie qu’il serait impossible pour toi de refuser une offre de Bordeaux, ton club formateur et de cœur. As-tu déjà été approché par les Girondins ? Bordeaux en Ligue 2, c’est un projet auquel j’aurais pu dire oui, d’autant que je n’ai jamais joué la montée en Ligue 1 dans ma carrière. Après, le club a déjà de bons défenseurs expérimentés, ça a l’air assez costaud derrière. Tout ce que je veux, c’est que le club retrouve la Ligue 1, même si j’aurais aimé qu’on me propose un truc.

Depuis l’Australie, suis-tu les résultats de tes anciens clubs ? Oui, je suis notamment content de voir que Rennes continue à jouer l’Europe. Là, ils ont fait de bons matchs amicaux, c’est prometteur. Je suis aussi Caen de près.

Avec le recul, comment expliques-tu avoir été si peu utilisé à Lyon, alors que l’équipe a connu des soucis défensifs ? Je ne sais pas vraiment, même si j’étais conscient qu’il serait dur de m’imposer à l’OL. Mais c’est un challenge qui me motivait et j’espérais jouer beaucoup plus. Refuser un gros club comme Lyon, c’était difficile pour moi à ce stade de ma carrière, mais ça aussi été très dur de partir de Rennes. À Lyon, je me suis beaucoup remis en question, je me demandais ce que je pouvais mieux faire pour jouer davantage. Au final, je ne sais pas, il y avait sans doute des joueurs meilleurs que moi, mais je suis content de m’être battu dans ce club, de ne pas avoir lâché.

Je n’ai pas senti que j’avais ma chance de m’imposer avec Laurent Blanc, même si le coach a fini par me dire qu’il voulait me garder car il pensait passer à une défense à trois. Mais intérieurement, j’avais pris ma décision.

Damien Da Silva

As-tu l’impression d’avoir pu souffrir d’une sorte de déficit d’image ? Peut-être. En tout cas, c’est vrai qu’on peut vous coller des étiquettes. Je me rappelle d’ailleurs que quand j’étais à Caen, des coéquipiers m’ont dit que ça allait être dur pour moi de trouver mieux que Caen car j’avais une image de joueur qui dispute le maintien. Ça m’avait choqué. Alors, peut-être qu’à Lyon j’ai été victime de cela, je ne sais pas, mais il y a des moments où j’ai ressenti que je n’étais pas jugé à ma juste valeur. D’autant que quand j’ai joué, ça s’est plutôt bien passé. Et être performant quand on joue peu n’est pas facile.

Tu pars finalement au dernier mercato d’hiver. Il n’y avait aucune perspective de voir ta situation s’améliorer ? En fait, je n’ai pas senti que j’avais ma chance de m’imposer avec Laurent Blanc, même si le coach a fini par me dire qu’il voulait me garder car il pensait passer à une défense à trois. Mais intérieurement, j’avais pris ma décision, je voulais reprendre du plaisir, enchaîner les matchs.

Ce que tu fais en Australie. À 35 ans, la retraite semble loin pour toi… Oui, je ne l’envisage même pas. Je me sens bien et le fait d’être arrivé tard au haut niveau explique peut-être que j’ai conservé cette envie. En tout cas, je fais tout pour rester en forme. Et comme j’ai eu la chance de ne jamais avoir de blessures graves, je sais qu’en étant sérieux je peux durer.

Pour terminer, un pronostic pour Australie-France ? Je vois un match très serré et des buts, car la France a une très bonne attaque. Allez, je vais dire 2-1 pour les Bleues.

Propos recueillis par Thomas Goubin

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