- International
- Billet d’humeur
Notre proposition pour une Coupe du monde à 198 équipes
Puisque la confédération sud-américaine pousse pour un Mondial à 64 dès 2030, et alors qu’il sera déjà à 48 l’année prochaine, allons tout de suite au bout des choses : voici notre projet d’une Coupe du monde à 196 équipes, histoire que presque tout le monde y trouve son compte.

Alors que la Coupe du monde 2026, qui aura lieu du 11 juin au 19 juillet prochain, propose un nouvel élargissement à 48 équipes, contre 32 auparavant, la CONMEBOL pousse de son côté pour une formule à 64 équipes à l’horizon 2030. Une ineptie de plus ou de moins dans le monde de la FIFA n’est pas à exclure, alors pourquoi ne pas pousser le concept encore plus loin : 196 équipes sur la ligne de départ ! Si l’Organisation des Nations Unies reconnaît 193 États, auxquels s’ajoutent le Vatican et la Palestine en tant qu’États observateurs permanents, ce nombre peut être porté à 197 si l’on ajoute les Îles Cook et Niué qui ne sont pas membres de l’ONU mais sont reconnus comme États souverains par plusieurs pays et organisations internationales. De son côté, la FIFA compte 211 fédérations. Afin de conserver de la cohérence dans l’élaboration d’une telle compétition avec des poules de quatre équipes, le choix s’est porté sur une formule à 196 équipes. Parfait pour réviser sa géographie et ses multiples de quatre.
49 poules de quatre et des 64es de finale
Oubliez la formule classique, place à la révolution footballistique. Avec 187 places sacralisées aux 187 meilleures nations du classement FIFA, les huit derniers tickets se joueraient au travers de barrages en deux tours entre les 24 dernières équipes au classement. À l’heure actuelle, la Mongolie, les Îles Cook, les Samoa, Macao, Aruba, Djibouti, le Timor Oriental, São Tomé-et-Príncipe, les Îles Caïmans, le Sri Lanka, les Tonga, le Pakistan, Gibraltar, la Somalie, Guam, les Seychelles, le Liechtenstein, les Bahamas, les Îles Turques-et-Caïques, les Îles Vierges américaines et britanniques, Anguilla, Saint-Marin et l’Érythrée devraient passer par cette formalité. Au terme des trois tours en match aller-retour, les six vainqueurs composteraient leur billet, tandis que les deux « meilleurs » perdants les accompagneraient. Pour déterminer ces deux meilleurs perdants, rien de plus simple : le critère qui fera foi sera celui du goal-average, en cas d’égalité celui des équipes ayant concédé le moins de cartons rouges, puis le moins de cartons jaunes, et si plusieurs équipes sont encore à égalité, la position au classement FIFA aura le dernier mot, histoire de laisser tout de même une utilité à l’élaboration d’un tel classement.
Une fois ces barrages ficelés, place enfin au grand concert des nations du football et malheur aux laissées sur le carreau. Et pour caser tout ça, il faudra bien tabler sur 70 jours de compétition, soit deux mois et dix jours. Même si les blagues les plus drôles sont les plus courtes, ce n’est pas l’apanage de la FIFA. 49 groupes composés de quatre équipes, il faudra donc inventer un nouveau système pour les classifier avec des lettres et des chiffres pourquoi pas, et trois matchs pour chaque équipe avec un total gargantuesque de 294 matchs rien que pour la phase de poules. Sur les 196 équipes initialement qualifiées, 128 resteraient en lice, soit les deux premiers de chaque poule, accompagnés des 30 meilleurs troisièmes selon le règlement actuellement en vigueur. Les phases éliminatoires débuteraient ainsi aux 64es de finale au bon souvenir de la Coupe de France. Jusqu’à la finale qui couronnerait presque le champion du monde entier. Reste à voir comment les diffuseurs TV pourraient s’arranger pour retransmettre la compétition dans son intégralité.
Argent roi et droit de rêver
On vous voit déjà râler, mais voyez le verre à moitié plein. Qui dit Mondial à 196 équipes, dit Italie qualifiée d’office (sauf une terrible chute de 177 places au classement FIFA), ce qui devrait rassurer de l’autre côté des Alpes. Mais aussi la découverte de nouveaux types de football : on trépigne d’impatience à l’idée de découvrir le jeu de jambes des Bermudes, le rythme imposé par Porto Rico ou encore les combinaisons sur le côté droit du Timor oriental. De quoi trouver des belles histoires ou permettre à certaines nations d’affirmer leur identité. Mettre aussi la FIFA face à ses contradictions : ajouter des nations, c’est partir à la conquête de nouveaux marchés (comme la Chine et l’Inde) et donc amasser un joli pactole publicitaire ; mais à 196, il faudra partager le gâteau en autant de parts… Bon courage au pâtissier.
Côté organisationnel en revanche, avec déjà des matchs prévus en 2030 sur trois continents, la mondialisation de l’évènement est déjà en marche, qu’importe le coût écologique. Si les pays organisateurs pour les éditions 2030 et 2034 sont déjà connus, un Mondial sur les cinq continents restants – l’Antarctique n’existera peut-être plus d’ici là – pourrait voir le jour. Une aubaine pour les diffuseurs, puisque les rencontres à des heures décentes seraient ainsi visibles pour les quelque neuf milliards d’êtres humains qui devraient peupler la Terre à cette date. Un carton d’audience en perspective donc. De quoi également assurer une popularité croissante à Gianni Infantino, boss suprême de la FIFA, qui pourrait ainsi compter sur les voix de l’ensemble des pays satisfaits par cette démarche pour se faire réélire une énième fois à la tête de l’instance du football mondial. À l’occasion de l’élargissement à 48 équipes, Infantino expliquait : « Le football ne se limite pas à l’Europe et à l’Amérique latine. On donne le droit de rêver à tout le monde et il n’y a pas meilleur moyen de faire rêver que la participation à un événement aussi majeur. » Avec 196 équipes, on ne vend plus du rêve, mais bien de la réalité.
Lille-Europe, quai des favorisPar Léna Bernard