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La Juve, victime collatérale de la bromance Trump-Infantino
Donald Trump a reçu une délégation de la Juventus mercredi à Washington. Les Turinois ont passé une quinzaine de minutes extrêmement gênantes dans le Bureau ovale. Elles ont semblé une éternité, et ont surtout servi les intérêts du président américain et de son meilleur ami Gianni Infantino.

La saison des malaises est ouverte, et la chaleur n’en est pas l’unique responsable. La Coupe du monde des clubs nous a offert une scène extrêmement gênante mercredi, à la Maison-Blanche. Sur le papier, être reçu par le président des États-Unis est une expérience plutôt sympa à vivre. Sauf quand le président en question s’appelle Donald Trump, et qu’il tente d’instrumentaliser la présence des joueurs de la Juventus pour faire passer des messages politiques. Leur seule présence dans le Bureau ovale à ce moment-là mériterait à Weston McKennie, Timothy Weah, Dušan Vlahović, Manuel Locatelli, Federico Gatti et Teun Koopmeiners de gagner quelques points de pénibilité sur le calcul de leur retraite.
Comolli au casse-pipe
Les Bianconeri ont été accueillis à la Maison-Blanche mercredi après-midi, à six heures de leur duel contre Al-Ain, à l’Audi Field de Washington. Un drôle d’avant-match, pas vraiment calqué sur le protocole traditionnel des clubs professionnels. Mais ils n’étaient pas là par hasard. Parmi la délégation turinoise figuraient le coach Igor Tudor, Giorgio Chiellini, Damien Comolli, Maurizio Scanavino, mais aussi John Elkann, PDG américain de la holding Exor, propriétaire du club. « Un ami », dixit Trump, et « un businessman fantastique ». Elkann était en Arabie saoudite à ses côtés le mois dernier et avait déjà été reçu à Washington en avril pour parler droits de douane. Quelques poignées de main, une remise de maillot avec le numéro 47 pour le 47e président de l’histoire des États-Unis, des mots de remerciements : la réception a commencé selon un protocole bien cadré, auquel le monde du sport est habitué. Puis Donald Trump a dérapé.
President Trump welcomes @JuventusFC to the Oval Office, where they proudly present him with a jersey. ⚽🇺🇸 pic.twitter.com/CfDLSRXfjA
— The White House (@WhiteHouse) June 18, 2025
Bien assis dans son fauteuil, dont il ne s’est même pas levé pour saluer ses invités, le locataire de la Maison-Blanche se met à cracher son venin sur son prédécesseur Joe Biden, à déblatérer sur les frontières et sur les personnes transgenres. Dès son retour au pouvoir, il avait signé un décret pour « maintenir les hommes en dehors du sport féminin », et ainsi exclure les femmes transgenres. « Est-ce qu’une femme pourrait jouer dans votre équipe ? Dîtes-moi », lance-t-il en se tournant vers McKennie, Locatelli et Weah. Sourires embarrassés des intéressés. Alors Trump change de cible et fait pivoter son siège vers le manager général Damien Comolli, en le pointant du doigt. « Nous avons une très bonne équipe féminine », répond le Français pour se débarrasser de la patate chaude. Le piège est évité, mais les Bianconeri n’en avaient pas fini de souffrir.
Trump asks the Juventus players standing behind him if women could make their team and tries to bait them into endorsing his transphobia pic.twitter.com/cJymDAmcSd
— Aaron Rupar (@atrupar) June 18, 2025
Trump, « un ami du football »
McKennie et sa bande ont ensuite dû faire bonne figure pendant de longues minutes, le temps que Trump réponde aux journalistes sur le programme nucléaire iranien et sur les échanges de missiles entre la République islamique et Israël. Aucune issue de secours : tête basse, la délégation turinoise n’a eu d’autre option que d’attendre que le président américain en finisse et mette fin au supplice. « Ils nous ont dit que nous devions y aller et je n’ai pas eu le choix, confiait Weah après la victoire contre Al-Ain. J’ai été pris par surprise, honnêtement. C’était un peu bizarre. Quand il a commencé à parler de la politique avec l’Iran et tout le reste… Je veux juste jouer au football. » D’ailleurs, aucun signe de cette visite sur les réseaux sociaux officiels de la Juventus. Pas même une photo de groupe.
En revanche, la FIFA se frotte les mains. Présent lui aussi, Gianni Infantino a remercié Trump, « un ami du football », pour son soutien à l’égard de la première édition du Mondial des clubs, qu’il ne cesse de vendre comme « un tournoi épique ». Le Suisse connaît maintenant la Maison-Blanche comme sa poche, et son compte Instagram déborde de photos de Donald Trump : ils s’étaient déjà vus à Washington le 7 mars et le 7 juin. En janvier, Infantino était carrément invité à la cérémonie d’investiture du président, qu’il avait documentée comme un fanboy sur ses réseaux. Mercredi, le boss de la FIFA n’était visiblement pas dérangé que son BFF essaie d’instrumentaliser les joueurs de la Juventus. Il était pourtant bien plus volubile au Qatar pour rappeler que la politique devait rester loin des pelouses. Un bel exemple d’hypocrisie. Avec la Coupe du monde 2026 en ligne de mire, le duo infernal n’a pas fini d’occuper le terrain…
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