Coralie Clément, Francis Graille et moi
D’elle, Coralie Clément, on ne sait rien, ou seulement l’écume d’une carrière de rêve.
Un deuxième album à l’âge de 25 ans écrit par un parolier omniprésent, son frère Benjamin Biolay, l’homme qui sauva Henri Salvador de la canicule ; une belle-sœur qui s’appelle Mastroianni, un timbre fluet, des chansons qui évoquent Françoise Hardy, Jane Birkin, Serge Gainsbourg.La candeur d’une jeune femme à qui l’on proposerait volontiers de prendre un dernier verre dans un grand hôtel parisien plutôt que de vous rejoindre pour assister au Balto au choc Ajaccio contre Istres en match décalé un samedi à 17 heures.
De lui, Francis Graille, on sait tout. Ancien président du LOSC, actuel patron du PSG, président bonheur en 2003-2004, président malheur en 2004-2005, il est devenu l’homme sur lequel se cristallisent les haines, les rancœurs, les insultes des « supporters » . Celui dont Coach Vahid pourrait dire après son licenciement pour faute grave : « J’ai avalé la couleuvre Francis Graille. »
Tout les oppose. À la fraîcheur de l’une répond l’usure de l’autre. À la réussite d’une Lyonnaise s’oppose l’échec d’un Parisien. À la légèreté d’une pop acidulée éclairant un ciel sans nuage renvoie la lourdeur d’une dépression solidement installée entre les portes d’Auteuil et de Saint-Cloud.
Et alors me direz-vous. Ces deux-là n’ont rien pour s’entendre. Détrompez-vous et écoutez. Écoutez la douce Coralie qui chante Ta révérence, chanson extraite de son dernier album Bye Bye Beauté. C’est la chanson question du moment qu’on aimerait écouter dans les travées du Parc des Princes au lieu des cris et bruits habituels que nous ne sommes pas sûrs de comprendre mais certains d’entendre.
Que nous dit cette jeune chanteuse ? Elle implore Francis Graille. Elle lui crie sa peur pour le PSG, lui indique sa douleur, lui signifie son désespoir. Une Lyonnaise qui a mal au PSG, il faut l’entendre.
Certes, pour la belle, la crise des résultats, la baisse de moral des joueurs, l’attitude des supporters, « ça n’a pas d’importance, ce n’est qu’une zone de turbulences, même si tu ne la sens pas » .
Mais tout de même. Avec seulement un quart de siècle au compteur, la passion demeure. Alors « je veux seulement que tu m’indiques sans éloge ni critique si tu tires ta révérence ou pas » . Vous êtes prévenu Francis, et cette prévention n’a rien à voir avec les comptes de votre club. Resterez-vous président du club de la capitale ?
Face à l’urgence c’est un capitaine qui est réclamé sur le pont au risque de voir le Titanic de la ligue 1 heurter l’iceberg nommé ligue 2.Car pour Coralie, Francis, « tu devrais passer aux aveux et me dire droit dans les yeux si tu tires ta révérence ou pas » .
Alors monsieur Graille répondez-lui. Votre silence inquiète et l’on vous provoque en vous lançant : « Aurais-tu perdu ton aisance, ta faconde et ta bienséance ? »
Je sais qu’il n’est pas agréable de s’entendre dire « avant que tu ne sois pathétique, dis-moi si ça se complique, si tu tires ta révérence ou pas » . De grâce, monsieur Graille, on vous attend, il vous faut réagir, occuper l’espace. Mais surtout, n’oubliez jamais que cette supplique aura toujours plus de classe que d’entendre votre nom comparé à une femme de mauvaise vie, à une dévergondée, à une garce…
J.F. BORNE
Maroc, l’élan de l’AtlasPar



























