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Chelsea, avec perte et tracas

Par Matthieu Darbas
Chelsea, avec perte et tracas

Sept petits mois après son arrivée, Graham Potter a déjà été limogé par Chelsea. Désireux de vite percevoir un retour conséquent sur son investissement astronomique, le milliardaire Todd Boehly n’avait pas d’autre choix. Autrement, son projet aurait pu sombrer dès l’été prochain.

« Pourquoi n’y a-t-il pas de All-Star Game dans notre championnat ? On parle là de beaucoup d’argent pour tout le monde. La MLB a organisé ça à Los Angeles cette année (Todd Boehly est le copropriétaire des Dodgers, franchise du championnat de baseball américain, NDLR), et nous avons gagné près de 200 millions de dollars, sur un lundi et un mardi. » Tel Jordan Belfort face à son armée de courtiers de Stratton Oakmont, Todd Boehly avait bousculé les idées conservatrices des différents dirigeants de la Fédération anglaise de football et des propriétaires de toutes les équipes des championnats britanniques sur l’une de ses premières prises de parole. En septembre dernier, un mercato estival après le rachat de Chelsea, le milliardaire américain annonçait la couleur lors d’une conférence SALT à New York et faisait part de sa vision audacieuse de la Premier League à court terme. Sponsors, investissements, organisation des Blues, Boehly dresse alors le portrait d’un club, ou plutôt d’une entreprise, vouée à rapporter beaucoup, tout en prenant d’énormes risques. Sept mois plus tard, l’éviction de Graham Potter n’a donc rien d’étonnant. Tout le monde était prévenu : Boehly n’a pas de temps à perdre.

Idée, prise de risque, investissement, rendement, décision : in that order

24 millions d’euros versés à Brighton pour débaucher le tacticien anglais en septembre dernier, faisant de lui l’un des entraîneurs les plus chers de l’histoire ? Un salaire de plus de dix millions d’euros par saison pour cinq exercices ? Un gros chèque de 59 millions pour désormais s’en séparer ? Qu’importe pour le milliardaire américain. Souhaitant réaliser des bénéfices à court terme pour pallier ses nombreux investissements depuis son arrivée, Boehly n’aura donc laissé que 31 matchs à Graham Potter sur le banc des Blues avant de le virer. Après la nouvelle défaite face à Aston Villa à Stamford Bridge ce week-end (0-2), le dirigeant de Chelsea a estimé que les résultats étaient trop décevants. Si tout avait bien commencé, le tableau final laisse une impression mitigée : huit matchs nuls, onze défaites, 33 buts marqués pour 31 encaissés, une triste onzième place dans l’élite, mais surtout un bilan comptable frustrant depuis le mercato hivernal XXL du club londonien : 0-0 contre Fulham, 1-1 contre West Ham, défaite 1-0 face à Southampton, 2-0 à Tottenham ou plus récemment un nul renversant 2-2 face à Everton.

Ça n’aura échappé à personne, le dernier mercato hivernal des Blues ne ressemblait en rien aux fameux achats d’ajustement, mais avait bien des allures de révolution excessivement risquée. Après les huit recrues de l’été, huit nouvelles ont débarqué à Londres en janvier. Après les 281 millions de l’été dernier, c’est 330 millions que Chelsea a claqués cet hiver. Un record puisque l’écurie londonienne a plus dépensé que la Bundesliga, la Ligue 1, la Serie A et la Liga réunies. Objectif : mettre toutes les cartes en main de l’entraîneur en place pour qu’il puisse construire une équipe à son image, mettre en place son système et son modèle tactique, et avoir toutes les clés pour obtenir des résultats. Juste avant la réception des Cottagers pour son premier match avec toutes ses nouvelles recrues dans le groupe, Graham Potter a eu beau assurer « qu’entraîner ici était un privilège » en conférence de presse, il n’a pas pu cacher l’énorme pression qu’il avait sur ses épaules : « C’est probablement le poste le plus difficile dans le milieu du football. C’est un défi très stimulant et extrêmement dur. Je prends tous les jours aussi en considération le fait que je suis à la tête de cette équipe. Lorsque nous perdons, je suis le seul qu’il faut blâmer. » Il le savait, avec Enzo Fernández, Mykhaïlo Mudryk, Benoit Badiashile, Noni Madueke, Malo Gusto, Andrey Santos, David Datro Fofana ou encore João Félix, il fallait absolument performer. Mission manquée. Jamais sous l’ère Roman Abramovitch, deux entraîneurs n’avaient été limogés la même saison. Après Thomas Tuchel, c’est désormais chose faite pour l’impatient Boehly.

Américain express

Il faut dire que le temps joue contre lui. Il y a urgence : s’il n’y a pas de qualification en Ligue des champions, et plus globalement pour une compétition européenne dès la fin de la saison, les comptes bancaires de Boehly pourraient vite être à sec. Une non-participation à la coupe aux grandes oreilles entraînerait une perte de revenus nécessaires à la machine londonienne : moins de droits TV, moins de chances d’attirer des contrats de sponsoring et forcément moins enclin à investir si les bénéfices sont moindres. Depuis l’arrivée de l’Américain à la tête du club en mai dernier, les Blues ont engrangé 23 arrivées pour très exactement 611,50 millions d’euros dépensés, pour seulement 67,85 millions d’euros de rentrés. La balance est donc largement dans le rouge et ne prend pas en compte les bonus, promis à de nombreux clubs si des objectifs individuels et collectifs sont remplis. C’est le cas du prodige ukrainien Mudryk qui pourrait apporter plus de 40 millions d’euros au Shakhtar Donetsk. Les ambitions financières du nouveau dirigeant de Chelsea, qui songe sans aucun doute à ne pas dépenser autant chaque mercato et à vite percevoir un retour conséquent sur l’investissement, sont donc immenses. Et l’homme d’affaires de 49 ans a eu tous les droits d’injecter autant d’argent dans l’enveloppe des dépenses, sans pour autant avoir de bénéfice. La raison est simple : le Monsieur à la chevelure du prince Charmant (celui de Shrek) n’enfreint aucune règle du fair-play financier, tout en étant parfaitement au courant du cadre bancal de l’UEFA et des potentielles conséquences de ses placements. Conscient d’un certain nombre d’aménagements réalisés par le FPF à la suite de l’impact du Covid-19 sur les revenus des clubs ces dernières années, mais aussi du conflit d’intérêts entre l’UEFA et ses mauvais élèves – trop important pour punir sévèrement –, Chelsea n’a eu aucun mal à manœuvrer à l’intérieur de ce système. Comme pour Nasser al-Khelaïfi, Boehly n’aura aucun souci à remplir les chèques des amendes de l’UEFA pour avoir dépassé ce cadre. Aujourd’hui, ces contraventions sont même perçues comme des simples coûts supplémentaires aux transferts. Mais bon, Maman a toujours raison : « Ce n’est pas le monde des Bisounours », et Chelsea ne s’en sortira toutefois pas indemne.

Cet hiver, Chelsea n’a pas sorti véritablement 330 millions d’euros de sa poche. Le club a offert des contrats longue durée à ses nouvelles recrues. Il y a le chèque, mais le montant est amorti sur X années, et peut même être repoussé s’il y a prolongation. En témoignent le bail de sept ans et demi offert à Benoît Badiashile, ou encore celui de huit ans pour Mykhaylo Mudryk. Un moyen de contourner le fair-play financier donc, mais qui peut se retourner contre le club si le joueur n’a finalement plus le niveau escompté. En plus de l’ancien Monégasque et du feu follet ukrainien, Chelsea avait fait signer des contrats de sept ans à Wesley Fofana et de six ans à Marc Cucurella, Carney Chukwuemeka, Reece James ou encore Trevoh Chalobah. En un an, les Blues ont donc bâti une équipe pour les six prochaines années. Sauf que cette stratégie n’est pas forcément gage de réussite. Si le joueur en question ne s’adapte pas à ce nouvel environnement, se blesse gravement ou perd son niveau, la structure se retrouve avec un poids difficile à dégager. Un pari assumé par la direction américaine qui a donc décidé de faire exploser sa masse salariale. Et pour pimenter la situation, Chelsea a perdu deux sponsors importants à la suite de la crise financière et de la chute de l’empire de Roman Abramovitch : l’application d’investissement en cryptomonnaie WhaleFin et le réseau de téléphonie mobile Three. Deux belles rentrées d’argent régulières qui n’ont jamais été remplacées. Le limogeage de Potter est donc tout sauf surprenant. Si dans l’immédiat, Chelsea n’est pas trop inquiété financièrement, il faudra à tout prix obtenir des résultats sportifs pour que les énormes indemnités annuelles dues principalement aux nombreux achats, les grosses dépenses et les astuces trouvées par Boelhy ne viennent pas plomber le club comme un arroseur arrosé.

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Par Matthieu Darbas

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