Ce rêve vert qui bouge encore
L'ASSE : le retour du retour épisode 15, saison indéterminée. Après le sabordage du dernier mercato (featuring JMA) et une décevante 11ème place, le calme semble revenu à Geoffroy-Guichard. Sur le papier, le marché estival de l'ASSE donne envie : de la jeunesse, du muscle, Feindouno et Gomis priés de repiquer, tout semble en place pour taquiner l'Europe... En interne, il faudra juste éviter les trahisons, les coups de poignard dans le dos et tenir tête à la plèbe. Car Sainté, c'est comme le Rome de HBO, les orgies de Coco en moins.
Francesco Coco, le latéral qui sait créer le surnombre dans les couples adverses, ne viendra finalement pas fourrer dans le Forez. A So Foot, on a dû mal à encaisser, comme un gosse à qui on balancerait son train électrique dans la cheminée à Noël.
Mais pourquoi alors ? Face à la plastique trop discrète des véline de Onzeo et France 3 Rhône Alpes, Francesco a-t-il préféré retourner sur le yacht de Flavio Briatore bosser son fractionné ? S’est-on rappelé à Saint-Étienne du poing d’Olmeta dans la gueule de Sassus, pour une plante verte du Juste Prix empruntée ? Plus crédible, la visite médicale a dû démontrer que Coco n’avait plus grand-chose à offrir… sur un terrain.
Tant pis pour Coco, il faut dire que cette année, les Verts s’économiseraient bien une crise. Pas gagné, quand on sait que l’autorité du Consul Brutus Roussey repose sur le régicide d’Hasek. Tout pouvoir pris par le sang se termine dans le sang. Roussey devrait jeter un œil sur ses adjoints, on ne sait jamais, une trahison est si vite ourdie.
Autre foyer d’incendie possible, l’ubuesque présidence bicéphale à la tête du club ; Caïazzo dit une connerie, Romeyer le couvre et en sort une autre. Si au moins il y avait un Octave dans le tas.
Pourtant malgré ces coups de pute (fait presque culturel par ici), le club semble se tenir. Après le n’importe quoi de l’Affaire Piquionne et une phase retour bien pénible ; les Verts étaient pourtant prêts pour une bonne saignée, avec des cadres mendiant leur préavis les uns après les autres. Exit donc les Camara, Hognon et Ilunga, ils prendront sur eux les trous noirs défensifs du dernier exercice. Permission accordée également pour Sablé, valeureux conducteur de l’ascenseur vert ces dix dernières années.
Mais le tour de force de l’ASSE aura été – pour l’instant – de retenir au bercail Feindouno et Gomis. Torture à la gégène, chantage ou autre traitement enseigné par Jack Bauer, peu importe les méthodes, la Ligue 1 ne pouvait pas se passer du génie débridé du seul type capable de s’étouffer de rire sur une vanne de Paga. Même un week-end sur un deux, elle est preneuse des illuminations du Guinéen. Prié de tenir compagnie à Ilan devant, Gomis entame la saison de tous les possibles, celle qui vous distingue un Moussilou ou Bamago d’un buteur longue durée.
Niveau achat, Saint-Étienne a misé sur la jeunesse dorée, celle du Nantais Payet et des Troyens Matuidi, Gigliotti, pourtant tous dragués à la sortie de leur cour de récré par la moitié du championnat. Comme quoi Saint-Étienne attire encore. Avec Matuidi, Guarin, Perrin pour tenir le milieu, les Verts peuvent partir à la guerre et tenir le ballon. A gauche ou en attaque, Payet devra feinter la malédiction des attaquants nantais échappés du nid. Devant, en réserve de la doublette de choc Ilan-Gomis, on peut compter sur l’excellent Gigliotti (le fils très caché d’Amara bicyclette Simba) pour encore ramener l’Oscar du but de l’année.
Avec le temps, à Saint-Étienne on ne crache pas sur un trophée. Ajoutez-y quelques frappes bien senties du taciturne Heinz, et vous obtenez certaines garanties pour astiquer l’indice de spectacularité du championnat.
Le problème vient aussi du fait que l’an dernier, la défense stéphanoise a pas mal contribué pour maintenir la moyenne de buts de la L1 à un niveau décent. Responsabilités individuelles (Hognon, Janot parfois et à un degré moindre Camara) ou collectives, on a tout rasé. Défense année zéro. Avec à sa droite le jeune Dabo, seul Janot continuera à camper à Geoffroy.
Pour colmater les joints, Laurent Roussey reprend les vieilles Lilloises : du sang, du vice, du Tavlaridis. Le Grec est peut-être un enfoiré fini sur un terrain, mais ses méthodes ont fait leurs preuves. Chargé du chantier aérien coude en avant saillant sur crânes adverses, il sera secondé au sol par la faucheuse niçoise Varrault.
Pour le classement du fair-play, l’ASSE déclare forfait. Le Brésilien Nivaldo – dont le contenu du casier reste à découvrir – complète cette nouvelle arrière-garde. Marqué par les années passées auprès de Puel à Lille, Roussey va-t-il réussir à injecter cette rigueur qui a fait défaut l’an dernier ? S’il y parvient, les Verts pourraient ne pas être loin du compte.
Resterait alors à résister au mal des sommets, celui qui s’empare du club dès qu’il s’approche trop près des places européennes. Le triumvirat Bompard, Soler, Nouzaret pourra témoigner qu’à Sainté, la crise n’est jamais aussi proche que lorsque que tout semble rouler. Une question d’oracles peut-être ?
Alexandre Pedro
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