CAN ’08 : Walk like an Egyptian…But mighty Lions ?
Egypte et Cameroun se sont qualifiés hier pour les demi-finales. Autant l'Egypte a assuré et fait boire le Nil aux Angolais (2-1). Autant contre la Tunisie, les Lions Indomptables ont dû se secouer la crinière, en plus des crocs, pour mordre dans les demies. Deux bons matches, anyway...
Egypte – Angola : 2-1
Rien à dire. Les Pharaons étaient nettement au-dessus : 60 % de possession de balle. OK : dit comme ça, c’est pas très sexy. Mais, en fait, c’est juste pour rendre compte de la supériorité des Egyptiens et de leur contrôle quasi total de la partie.
Un milieu mobile très dense (Shawky et Hosni dans l’axe, Aboutraika à gauche et Fathi à droite) pour un système alternant entre un 4-4-2 et 4-5-1 dû aux deux attaquants Zaki et Moteb qui décrochaient en alternance pour renforcer au milieu. Gros point fort des Egyptiens, la ligne de milieu, donc, animée par le très brillant Hosni, sorte de Seedorf, à la fois récupérateur, créateur et régulateur du jeu. Des combinaisons parfois incroyables, en jeu court ultra rapide dans l’axe ou vers les côtés, ont eu raison du milieu et des défenseurs angolais assignés à colmater les brèches et à courir après la chique.
Grossièrement, on retrouve un peu l’opposition de styles entre l’Afrique du Nord qui procède par un jeu court, très mobile et qui progresse en actions construites, et le style de l’Afrique subsaharienne, plus long, plus direct, plus vertical, avec curieusement de plus grands espaces entre les joueurs (voir le jeu de passes mi-longues de 20 à 30 mètres des Ghanéens, Nigérians ou Angolais !).
Hier soir, les Egyptiens ont comblé sans trop de problèmes, notamment au milieu, les intervalles trop grands entre les joueurs angolais. Sans un très bon Lama (le gardien angolais), les Egyptiens auraient pu corser l’addition. L’impeccable condition physique des Pharaons, leur solidarité tactique irréprochable (présence en nombre dans toutes les zones de jeu) et leur concentration maxi ont réduit les Palancas Negras à l’impuissance. L’Angola n’a pas encore la maturité tactique des vieilles nations de foot africaines, comme l’Egypte et son championnat plus homogène ou sa stabilité de l’encadrement technique plus solide (le coach Hassan Shehata est en poste depuis 4 ans, une éternité sur le continent africain). Et dire que Zidan n’a pas joué et que le brillant Ahmed Hassan n’est entré qu’à la 70ème.
Côté Angolais, deux actions vraiment dangereuses signées Manucho : un but et un duel perdu face au gardien El-Hadary. C’est tout ? Oui. Sauf que le but de Manucho : une splendeur de météorite aux trente mètres ! Sous la barre. Un peu la quintessence du football africain : les buts de loin, comme on en a vus un paquet durant cette CAN.
En Afrique, quand on élimine à 40 mètres du but adverse, on se prend pas la tête et on tente souvent sa chance de loin. Radical et spontané.
En Europe, les Allemands sont quasiment les seuls à perpétuer les frappes lointaines (voir la Mannshaft de la Coupe du Monde 2006). Bloquée au milieu et parfois pressée haut, l’Angola a abusé de longs ballons vers Manucho, parti quand même pour faire les beaux jours d’Old Trafford.
Le score final (2-1) était acquis dès la première mi-temps : un penalty sévère pour Hosni (22ème), après une faute de main, l’égalisation missile de Manucho (26ème) et un but du bide de Zaky sur centre de Hosny (36ème). En deuxième mi-temps, les Egyptiens ont géré en vieux crocos du Nil…Attention à l’Egypte !
Cameroun – Tunisie 3-2 a.p.
Première demi-heure bulldozer des Verts indomptables. Pressing morfale très haut (Eto’o, Idrissou, Emana, Makoun !), duels acharnés : récupération banzaï du ballon et transmission directe vers Eto’o et Idrissou.
La Tunisie, complètement étouffée, cède en 25 minutes : but de la tête du Rennais M’Bia sur centre d’Alexandre Song (18ème) et coup franc indice 25 de Geremi (25 mètres à la 25ème). 2-0 : le Cameroun est parti à 100 à l’heure ! Et c’est là le problème…Peuvent pas tenir comme ça tout le match, les Lions. En plus, faut préciser qu’au Stade de Tamale, la température est de 32 degrés tandis que le taux d’humidité culmine à 48%. Histoire de rappeler que la CAN, c’est aussi des températures éprouvantes et des terrains limites, bref des conditions pas évidentes pour produire du beau jeu pendant 90 minutes.
La Tunisie profite de la baisse de régime des Camerounais (qui, bizarrement, va durer jusqu’à la fin du match) pour refaire surface. Avec une fois de plus, cette fameuse opposition de styles entre Afrique du Nord et Afrique subsaharienne décrite plus haut : les Aigles de Carthage procèdent par jeu court en triangle, plus vers les côtés, surtout à droite, vu que Atouba, latéral gauche des Indomptables, est le maillon faible. Et puis comme l’axe est encombré par un barrage lionesque au milieu (Emana, Song Billong, Makoun) placé devant les deux baobas Rigobert Song et Bikey, en défense…Côté camerounais, aucune imagination : on balance sur Eto’o, pointe esseulée de qui on attend un exploit individuel.
Un super coup franc côté droit de Ben Saada (Bastia, L2), l’un des meilleurs Tunisiens, troue la cage de Kameni : 2-1 ! Toujours de la droite, les hommes de Joe Lemerre manquent l’égalisation d’un rien sur un tir de Santos sur la barre repris de volée par Ben Saada mais repoussé d’une main ferme sur la ligne par Marly-Gomont (41ème).
La deuxième mi-temps est tunisienne dans la possession de balle, interrompue de temps en temps par de longs ballons d’Armand-Yépes vers Eto’o…Encore venu de la droite, centre de Ben Frej sur Chikhaoui qui égalise 2-2. Prolongations méritées pour les Tunisiens qui s’endorment sur une touche anodine de Binya, prolongée de la tête par Eto’ vers M’Bia qui doublonne à la 94ème : 3-2 ! Plié.
Hormis la première demi-heure canon, le Cameroun n’a vraiment pas démontré grand-chose et a dû sa qualife à son avantage pris au tout début du match. Les Lions profitent encore largement de leur statut impressionnant de Géant d’Afrique qui écrase toujours un peu ses adversaires. Mais ce statut s’étiole car on n’entrevoit toujours pas cette progression tant attendue qui ferait du Cameroun un authentique Géant Mondial, à la différence de la Côte d’Ivoire, en voie de l’être. Too bad…
Demi- finales, jeudi 7 février :
– Ghana – Cameroun (à 18h)
– Côte d’Ivoire – Egypte (21 h 30)
Chérif Ghemmour
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