Bundesliga mon amour !
Des stades bondés, des buts à profusion, des supporters bruyants et du spectacle à tous les étages. L'air de rien, la Bundesliga pourrait incarner l'image idyllique d'un championnat idéal, destiné à plaire aux gamins comme aux aïeuls, de 7 à 77 ans.
Plus explosiva que la Liga de las estrellas ibérique, plus cheap que la Premiership, plus dingo que le Calcio, le championnat d’Allemagne ne connaît pas la reconnaissance à laquelle il pourrait prétendre.
Mieux : les pompes à bière ne se désemplissent pas et l’amendement Evin constituerait outre-Rhin une insulte pour le bon sens local.
Après cinq rounds, la ligue allemande, compacte en diable, n’a pas encore délivré tous ses mystères. Schalke 04 emmène le classement avec 11 points dont trois points d’avance sur le Hertha Berlin, Dortmund, le Werder et…le Bayern, septième ex aequo.
Dix équipes s’y tiennent en trois points dont Stuttgart, Hambourg (le favori pour le titre, selon nous, malgré la perte de ses deux stars : Kompany parti voir de plus près les pétro-pounds de City et van der Vaart exfiltré avec madame vers la Maison blanche madrilène) et la surprise du chef, Offenheim le promu.
Werder Brême-Offenheim. Voilà donc l’affiche du week-end.
Les musiciens de Brême se sont tout juste remis d’une pâle entame de tournée (1 victoire, 2 nuls, 2 défaites) en corrigeant le Bayern dans son arène la semaine dernière. Logiquement, l’affiche du week-end aurait dû concerner le Dortmund-Stuttgart, le dixième contre le troisième, Frei et Zidan à l’assaut de Lehman et Mario Gomes mais la presse d’outre-Rhin a préféré s’exciter sur l’affrontement des deux terreurs du week-end dernier, le Werder (on l’a vu) et le TSG Offenheim qui a souffleté, quant à lui, le Borussia Dortmund de Lars Ricken (4/1).
Un stade minuscule de 6.300 places dans ce hameau de l’agglomération de Sinsheim (3.500 pelés, les soirs…où le pape vient faire du shopping) dans le land du Bade-Wurtemberg, coincé entre la Bavière et les frontières suisse et française, entre Forêt noire et lac de Constance. Peu de supporters du pays se tapaient sur les cuisses à l’idée de visiter ce coin, jusque-là méconnu, du sud-ouest de l’Allemagne.
C’était sans compter sur la fortune de Dietmar Hopp, le potentat local, qui a fait fortune via la bulle internet, qui a permis au TSG Offenheim 1899 de grimper les différents sous-sols de l’underground teuton avant de connaître l’élite depuis mai dernier. Après avoir embauché, le « professeur » Ralf Rangnick, un ancien entraîneur de Schalke et de Stuttgart, il y a une paire d’années, Hopp, aux commandes depuis dix-huit ans, s’est attelé à développer des infrastructures dignes de l’élite. Un centre d’entraînement a vu le jour il y a quatre ans et il porte déjà ses fruits puisque les moins de 17 ans ont emporté le titre national junior au printemps dernier.
L’an passé, l’équipe évoluait sur son terrain de patronage. Pas suffisant pour le premier échelon national. Un nouveau stade (30 000) verra donc le jour au début de l’année prochaine et il sera entièrement financé par les deniers…du président du club. Coût de l’opération : 50 millions d’euros !!!
Dans l’intervalle, le TSG doit s’exiler durant les matchs aller à Mannheim (à 50 km), là où 26 000 spectateurs (dont 14 000 abonnés) s’empilent un week-end sur deux. Raillé, dans les divisions inférieures, pour son manque de fans ( « rien que du fric, pas de public » ), le promu se construit peu à peu une histoire et un following dans les villages et les bourgs du Bade-Wurtemberg.
Avec la caillasse de Hopp, Ralf Rangnick, réputé pour ses talents de formateur, construit peu à peu une formation rapide, adepte de la contre-attaque, dure au mal, intelligente sur le jeu de position. Et juvénile : 23 ans de moyenne d’âge, personne ne fait plus teenage dans toute la ligue. « On veut et on doit faire confiance à de jeunes joueurs. C’est notre seul moyen de nous en sortir à terme » , précise-même Rangnick. Le noyau repose sur une forte armature d’Europe centrale (des Allemands pour sûr, des Autrichiens et des Bosniaques- dont l’improbable Vedad Ibisevic, entraperçu au PSG, puis Dijon, lors d’un passage éclair et qui n’a que 24 ans) et quelques artistes en provenance d’Amérique du Sud et d’Afrique (dont Demba Ba, un Sénégalais formé à Montrouge et passé par Rouen).
Malgré ce départ canon, Offenheim table sur un maintien qu’il espère le moins douloureux possible. L’opération commence ce week-end contre un Werder capable de tout, notamment avec ce Diego, dont les observateurs se demandent s’il ne fait la saison de trop en Bundesliga.
En attendant, les fans du championnat se réjouissent : Schalke 04, une des deux équipes encore invaincues, défait hier soir par Cologne (0/1), un autre promu, n’est plus invaincu. Seul Wolfsburg conserve désormais ce privilège. En attendant, s’il défait le Werder cet après-midi, le TSG sera leader du championnat au soir de la sixième journée. Tout le Bade-Wurtemberg s’en tape sur le ventre.
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Rik van Linden
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