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Bryan Dabo : « Le karaté m’a aidé pour le football »

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Bryan Dabo : « Le karaté m’a aidé pour le football »

Couteau suisse pour Montpellier depuis août, Bryan Dabo a eu une deuxième vie avant d'être footballeur : celle d'un karatéka de haut vol, champion de France avant de devoir faire un choix entre les coups de latte dans la tête et les coups de pied dans un ballon. Zlatan Ibrahimović et son taekwondo n'ont qu'à bien se tenir.

Depuis fin septembre, les résultats sont là à Montpellier. L’atmosphère doit être plus respirable à l’entraînement…

C’est clair et c’est normal, quand on fait de bons résultats, l’ambiance est meilleure. Mais on ne se prenait pas trop la tête. Ce n’était pas tendu, mais on avait un sentiment d’incompréhension, notamment suite à la première défaite contre Angers à la maison. On ne s’y attendait pas et cela a un peu changé nos plans, nos objectifs de début de saison. On ne sait pas pourquoi on a raté le démarrage. On n’a peut-être pas pris les matchs par le bon bout, on a aussi manqué de chance avec des matchs perdus à la 90e. Il y a aussi eu des matchs où l’on menait avant de nous relâcher comme contre Monaco. C’était un tout, et c’était collectif.

Dans ce collectif, il manque un joueur important, Morgan Sanson, ce qui vous a pénalisé dans le cœur du jeu…

C’est sûr qu’il manque, mais je ne suis pas persuadé qu’avec un joueur en plus, les résultats auraient été grandement différents. Quand on entre sur le terrain, on ne réfléchit pas à qui est là ou pas. Si on réfléchit comme ça, avec tous les joueurs qui partent chaque année… Morgan, c’est une valeur ajoutée, mais avec les matchs que l’on faisait, je ne suis pas sûr que cela nous aurait fait plus gagner.

Quoi qu’il en soit, la fameuse spirale négative semble aujourd’hui inversée, il était vital de le faire rapidement pour éviter la saison cauchemar…

On ne s’est pas affolés. On a vu qu’on n’avait pas de bons résultats, donc on est repassés à des choses plus simples. On a trouvé les solutions collectivement, d’abord en faisant un ou deux matchs nuls, puis en ayant quelques victoires qui nous ont fait effacer ce début de saison catastrophique.

Quand tu parles de « choses plus simples » , on comprend facilement « projet de jeu moins ambitieux et plus défensif » …

C’est rigolo, mais en réalité, il s’agit d’un projet de jeu plus ambitieux. Se prendre moins la tête, être plus joueur, avoir plus de libertés dans le jeu. Le coach et les joueurs, on a fait ce choix ensemble. Et comme on voit que cela marche, on y prend goût. Dans le contenu, la différence est flagrante, on est plus spontanés.

Dans un groupe en difficulté, il y a des joueurs qui prennent la parole, qui tire tout le monde vers le haut. C’est qui à Montpellier qui a tenu ce rôle ?

Ce sont plutôt le coach et le président, qui ont l’expérience, qui nous ont montré la voie. Après, on n’a pas un groupe très expérimenté à l’exception de certains comme Vitorino Hilton. Les joueurs titulaires sont très jeunes, donc il n’y a pas vraiment dans ces joueurs-là des leaders de vestiaire. C’est plutôt par les actes sur le terrain qu’on se tire vers le haut.

Depuis le début de la saison, tu as joué défenseur central, milieu offensif axial, arrière droit, milieu droit dans un milieu à trois, milieu offensif droit dans une sorte de 4-2-3-1, et même milieu axial défensif sur les deux derniers matchs… Six postes sur 14 journées, comment tu t’y retrouves ?

(Rires) On me pose souvent la question. Quand je commence un match, le coach me donne un poste et je m’adapte. Cela peut paraître compliqué, mais avec la concentration, c’est faisable. C’est vrai que les consignes sont différentes entre arrière et milieu, mais rien d’insurmontable.

À quel moment tu vas jouer gardien de but ?

(Rires)On ne sait pas, peut-être contre l’OM. Le coach me réserve la surprise pour un gros match. Personnellement, je préfère être au milieu, comme sur les deux derniers matchs. C’est là où je touche le plus de ballons, c’est là où je me sens le mieux, car j’y ai été formé. J’y ai tous mes repères.

À Burel, enfant, tu jouais défenseur central…

Pendant deux ans, mais j’étais petit. De 13 ans à 20 ans, j’ai été formé au milieu. Mais quand j’étais petit en défense, les coachs me criaient dessus car je passais tout le temps au milieu, je faisais des percées. Mais j’ai été repositionné au milieu en préformation.

Tu es natif de Marseille, quartiers nord, donc gamin, tu as rêvé de finir à l’OM ?

C’est sûr, comme tous les Marseillais, le rêve c’est de jouer pour l’OM. La première grande équipe que j’ai aimée, c’était celle de Didier Drogba qui est allée en finale de la Coupe UEFA 2004. Après, les champions d’Europe de 1993, je n’ai pas connu, car j’étais trop petit. Mes parents m’en ont parlé, des potes plus vieux aussi. Moi, j’ai grandi avec Drogba, Mido et même Camel Meriem.

Tu aimerais y évoluer dans le futur ?

Je devais y aller cet été, c’est un club mythique en France. Alors forcément, cela me plairait un jour d’y aller.

Romain Alessandrini avait dit un jour que pour un Marseillais, c’était suicidaire de signer à l’OM car la famille, les amis, cela rendait la concentration difficile…

C’est la vérité, surtout si tu viens de Marseille même. Toutes tes connaissances à proximité, tu es sollicité. Déjà, en règle générale, c’est compliqué de se concentrer totalement sur le foot, car un joueur pro est très sollicité, mais dans sa ville natale, qui plus est si c’est Marseille… Le contexte marseillais… Mais en même temps, quand tu signes à l’OM, c’est un choix, tu le sais en arrivant.

Tu as une expérience à l’étranger, à Blackburn, où tu n’as pas joué le moindre match de Championship. Tu peux en parler ?

Cela ne me dérange pas, car en réalité, c’était une bonne expérience. Quand je suis arrivé, le coach a été honnête : j’étais en prêt de six mois, il devait y avoir 40 joueurs pros, et comme il n’y avait pas d’option d’achat à mon prêt, je n’étais pas sa priorité. Cela a quand même été une bonne expérience qui m’a aidé pour mon retour à Montpellier. Chaque week-end, je savais que je ne jouerais pas, alors je me donnais deux ou trois fois plus que les autres. Donc quand je suis retourné à Montpellier, mon état d’esprit avait changé.

Mais tu as dû faire 10 matchs sur le banc sans jamais entrer, il doit y avoir de la frustration ?

Une très grosse frustration même, mais je voyais cela comme un test. Le plus important pour moi, c’étaient les semaines d’entraînement, j’avais déjà la tête à Montpellier. Je me disais que le travail consenti paierait.

Et au niveau ambiance, tu étais en Championship…

Rien à voir ! Des derbys avec 30 ou 35 000 personnes dans le stade. Les gens crient à chaque ballon touché, les buts c’est la folie. Les matchs étaient retransmis sur les chaînes nationales. Et dans la vie quotidienne, tout le monde connaît les footballeurs, même les papys et mamies dans la rue te reconnaissent. Mais ils ne t’emmerdent pas, ils discutent et rigolent avec toi, c’est tout.

Quel public et quel stade t’ont le plus impressionné ?

Leicester. C’était impressionnant, ils ont été premiers toute l’année, donc le stade était plein. Il y avait aussi Burnley, car c’était un derby pour Blackburn. C’était magnifique, surtout que Burnley est un club historique qui est aussi monté cette année. Ce sont des stades au milieu des centres villes, que ce soit le Turf Moor de Burnley ou le stade Ewood Park de Blackburn. J’ai aussi été impressionné par Millwall dans la banlieue de Londres. Ils sont un peu plus virulents, avec une réputation de hooliganisme. À Millwall, Burnley ou Leicester, l’ambiance était différente, une sorte de football à l’ancienne. J’avais un peu l’impression de me voir dans le film Hooligans. On entendait souvent des insultes, les supporters étaient à fond derrière leur club pendant le match, puis une fois que c’est terminé, ils peuvent applaudir l’adversaire.

Si tu as une opportunité de retourner en Angleterre, tu y vas ?

Je fonce, direct. Je ne pense pas accepter d’aller en Championship, car j’ai un statut différent aujourd’hui, mais ce pays m’a marqué. C’est vraiment un pays de football.

Tu as joué en équipe de France espoirs, mais tu as des origines sénégalaises et maliennes par ta mère, burkinabées par ton père. Tu serais prêt à jouer pour l’une de ces sélections dans le futur ?

Cela peut être envisageable, le Mali et le Burkina Faso m’ont déjà approché, mais je leur ai dit que je n’étais pas prêt à choisir. J’ai besoin de me stabiliser, j’ai aussi besoin d’être certain que je ne pourrai jamais aller en équipe de France, car c’est ma priorité, et dans le foot, tout peut aller très vite. Mais c’est sûr que jouer une CAN ou une Coupe du monde, ce serait enrichissant. Si dans deux ans, je ne suis pas dans un très bon club européen ou français et que je n’ai aucune chance d’aller en équipe de France, je n’hésiterai pas à aller dans l’une de ces sélections africaines. Mais je ne veux pas faire un choix par dépit. Je dois être posé au niveau du club.

Tu as été karatéka de haut niveau entre 13 et 15 ans, c’est vrai ?

Oui, j’ai été champion de France en pupille si je ne dis pas de bêtises. C’était une passion, j’ai commencé à 7-8 ans, je faisais foot et karaté en même temps. Avant d’arriver en préformation, j’ai gagné le championnat de France de karaté. Mais ensuite, j’ai dû faire un choix : soit c’était le football en préformation, soit le karaté en intégrant l’INSEP à Paris. J’ai choisi le foot, mais quand je rentrais sur Marseille, j’allais m’entraîner de temps en temps.

On dit souvent que les arts martiaux apportent beaucoup question hygiène de vie, toi cela t’a apporté quoi ?

Surtout, cela m’a appris l’humilité, c’est ce qui prime dans cette discipline. Sur un tatami, tout le monde est égal. Tout dépend aussi du professeur, mais le mien enseignait le respect de soi et le respect des autres. Cela m’a aidé pour le football et pour la vie de tous les jours aussi. Que ce soit le contrôle de soi, l’utilisation des connaissances, la manière de se comporter avec les autres, mais aussi la manière d’appréhender les moments difficiles. On ne voit pas les difficultés du même œil, on se dit que cela va passer plutôt que de péter les plombs. Cela fait prendre du recul sur la vie en général.

Tu peux péter des parpaings avec la tête ?

(Rires) Non ! Je n’ai pas encore essayé. Je les casses avec les pieds, il n’y a aucun problème. Je faisais des démonstrations, des katas, même si mon truc, c’était plus les combats. Je connaissais plusieurs dizaines de katas vu que je pratiquais depuis mes sept ans. Cela m’a appris à répéter les efforts maintes et maintes fois, même si je prenais plus de plaisir dans les combats. Quand j’ai arrêté le karaté, j’étais invaincu en compétition après une vingtaine de combats.

Si tu avais continué dans le karaté, tu aurais disputé des championnats du monde et d’Europe…

Oui, j’en suis sûr. J’avais été approché par la Fédération pour intégrer l’INSEP si je poursuivais sur cette voie, mais je préférais le football… Je ne pense plus avoir d’aptitudes, je n’ai pas pratiqué depuis longtemps, donc je dois être rouillé. À 16-17 ans, j’étais encore pas mal.

Tu t’intéressais à d’autres arts martiaux ?

J’étais seulement sur le karaté, mais c’est vrai qu’au CREPS, mon centre de préformation régional, il y avait des entraînements de taekwondo et j’aimais aller les voir s’entraîner car cela ressemble au karaté. J’ai donc probablement une attirance globale pour les arts martiaux. J’ai des amis judokas aussi… J’ai toujours aimé observé la pratique des arts martiaux, mais pas trop regarder les films de genre.

Question essentielle : avec tes aptitudes en combat, Zlatan, tu le défonces quand tu veux ?

(Rires) Cela va être chaud vu la différence de gabarit. Après, s’il insulte quelqu’un de ma famille, cela peut m’obliger à me lancer (Rires).

C’est un ancien taekwondoïste qui utilise son passé dans les arts martiaux pour intimider ses adversaires…

C’est vrai, on remarque direct ce côté « combattant » qu’il veut dégager. On le voit qu’il est très souple, sur chaque prise de balle et contrôle, il peut lever la jambe très haut.

Mais ça va, il est prenable pour quelqu’un comme toi ?

Ouais ça va, franchement, il est prenable.
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