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  • Angleterre – FA Cup – Brentford/Brighton & Hove Albion

Brentford FC, le réveil d’un vieil endormi

Par Régis Delanoë
Brentford FC, le réveil d’un vieil endormi

Le club de Brentford FC vit actuellement l'une des plus belles pages de sa longue histoire. Alors qu'elle dispute demain un tour de FA Cup, l'équipe de l'Ouest londonien, engagée en D2, vise une deuxième promotion consécutive pour se hisser en Premier League. Un objectif pas si fou pour une institution de 125 ans résolument tournée vers l'avenir.

Londres, ville de foot. La capitale londonienne pue le cuir de ballon, avec un club pro pour chaque quartier ou presque. Au total, on en dénombre 15. Des gros bien sûr, comme les actuelles formations de Premier League que sont Chelsea, Arsenal, West Ham, Tottenham et Queens Park Rangers, mais aussi des plus petits, dont Brentford FC. Inutile de s’inquiéter si ce club ne vous parle pas, c’est normal. Il a tout fait pour rester presque toujours dans l’ombre depuis sa création en 1889 (125 bougies officiellement soufflées le 10 octobre dernier). Un palmarès quasi vierge – une poignée de titres de champion dans les divisions inférieures – et une absence de l’élite depuis l’avant-Seconde Guerre mondiale.

Son meilleur classement ? Une cinquième place de D1 obtenue en 1936, ce qui en faisait à l’époque le premier club londonien, devant Arsenal et Chelsea. Une gloire éphémère pour une institution qui a chuté rapidement de la D1 jusqu’à la D4 entre les années 40 et les années 60, pour végéter depuis la plupart du temps entre le quatrième niveau national – la dénommée League Two – et le troisième niveau – la League One. Deux seuls éphémères moments de joie sont à signaler, dans un style différent. En 1952, Brentford FC et son stade de Griffin Park sont choisis pour filmer un grand nombre de scènes d’un long métrage intitulé The Great Game et qui sortira en salle l’année suivante. Et bien plus tard, en 1992, le club remonte en deuxième division après 45 ans d’absence… pour en redescendre dès l’année suivante et ne plus jamais remonter à ce niveau jusqu’au printemps dernier.

Le Miel et les abeilles

Le 18 avril 2014, Brentford s’impose 1-0 à domicile face à Preston North End. Cette victoire, combinée aux défaites des deux concurrents à la montée Leyton Orient et Rotherham United, permet au club de l’Ouest londonien d’officialiser la promotion du club en Championship, le deuxième échelon du foot anglais, pour la première fois depuis plus de vingt ans. Une surprise ? Pas tant que ça, car Brentford semble cette fois bel et bien décidé à quitter son morne et paisible quotidien dans les divisions inférieures et à faire preuve d’ambition, enfin ! Ce changement de mentalité a été insufflé par le nouveau propriétaire, Matthew Benham, élu à la tête du club en septembre 2012 par le Supporters Trust « Bees United » (Bees – les abeilles en VF – est le surnom du club). Il faut dire que Benham est lui-même un fan de longue date.

Il fréquente en effet Griffin Park depuis 1979 et un premier match vu à l’âge de 11 ans contre Colchester. Le quadragénaire a débuté sa carrière comme trader à la City avant de se lancer dans le pari sportif, fondant une société d’aide aux parieurs par le biais de statistiques et qui fait aujourd’hui référence, Smartodds. Dès qu’il a amassé assez d’argent, il a proposé son aide à son club de cœur et en est donc devenu le principal bienfaiteur depuis un peu plus de deux ans. Un bienfaiteur qui s’exprime peu dans la presse, mais qui aime répéter qu’il est là pour durer et que oui, il vise à terme la montée en Premier League. Il aurait d’ailleurs déjà injecté une cinquantaine de millions d’euros dans le club et est partie prenante dans le projet de création d’un nouveau stade, en remplacement du mythique mais vétuste Griffin Park. Une enceinte de 20 000 places, avec tout un ensemble immobilier autour, qui a reçu le feu vert de la municipalité. Le promoteur immo vient d’être nommé, les travaux devraient bientôt débuter, pour une livraison prévue pour la saison 2017-2018.

Entraîneur inconnu et études statistiques

Et comme Matthew Benham est loin d’être un idiot, il a aussi su s’entourer de bonnes personnes pour atteindre ses objectifs. Au poste de directeur sportif, il a nommé Frank McParland, ancien boss de la formation à Liverpool. En adjoint, on retrouve David Weir, l’ex-international écossais aux 69 sélections. Surtout, il a eu le courage de positionner un quasi-inconnu comme entraîneur. Un certain Mark Warburton, à la trajectoire pour le moins originale. Ancien joueur de niveau très modeste, Warburton a aussi été trader pendant quelques années, une époque où il a justement fait connaissance avec Benham. Lorsqu’il a considéré avoir amassé assez d’argent, il a décidé de tout plaquer pour revenir à sa passion pour le football.

Warburton a commencé par voyager en Europe pour prendre quelques cours de management (à Barcelone, Valence, au Sporting Portugal, aux Pays-Bas…) avant de faire ses gammes à la formation au club de Watford. Approché par Benham en 2011, il devient d’abord directeur sportif, puis manager de l’équipe première en décembre 2013. Les deux larrons détonnent dans le milieu du foot anglais. Ils sont par exemple à l’origine de la création des NextGen Series, l’éphémère compétition continentale réservée aux U19, sorte de Ligue des champions des jeunes qui a duré jusqu’en 2013. En bons ex-traders, ils sont aussi des adeptes des études statistiques très poussées pour évaluer le potentiel des joueurs et repérer des talents laissés de côté par les gros clubs pour les relancer, un peu à la manière d’un Billy Beane, le légendaire entraîneur de baseball des Oakland Athletics, incarné par Brad Pitt dans le film Le Stratège.

Un jeu au sol salué par les observateurs

Pour sa première expérience sur le banc d’une équipe pro, Warburton a donc assuré une première promotion de League One en Championship, et vise même dès cette saison une deuxième montée de suite jusqu’en Premier League. Brentford est actuellement en 6e position, la dernière qualificative pour les play-offs de promotion en fin de saison. L’effectif est l’un des plus jeunes de la D2 anglaise, avec quelques révélations : le buteur Andre Gray, l’Espagnol Jota, ex-propriété du Celta Vigo, Alex Pritchard, prêté par Tottenham, Alan Judge, Jake Bidwell, Moses Odubajo… Le jeu pratiqué est salué par les observateurs du Championship, avec pas mal de petits gabarits mobiles, de jolis mouvements et quelques victoires spectaculaires, comme en novembre sur la pelouse de Forest (3-1) ou à domicile, devant un public de plus en plus nombreux, face à Wolverhampton (4-0). Si le club réussit la prouesse de se hisser en élite en fin de saison, tant mieux, sinon, ce n’est que partie remise. Dans un Ouest londonien pourtant déjà pas mal saturé de gros clubs (Chelsea, Fulham, QPR), Brentford FC compte bien se faire une place et s’y prend intelligemment pour réussir.

Par Régis Delanoë

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