- Coupe de France
- 32es
- Granville-Bordeaux (2-1)
Bordeaux, l’élimination logique

Ce dimanche au stade Louis-Dior de Granville (National 2), les Girondins de Bordeaux ne sont pas parvenus à créer la surprise. La trêve n'y a rien fait : les hommes de Gourvennec sont rentrés de Normandie avec une sixième défaite consécutive dans la soute.
Au lendemain d’un nouveau revers subi à domicile face à Montpellier (0-2) juste avant la pause hivernale, « on allait voir ce qu’on allait voir » , aux Girondins. Le meeting prévu de longue date entre Nicolas de Tavernost, Stéphane Martin, Ulrich Ramé et Jocelyn Gourvennec, destiné à faire le point sur le mercato à venir, se transformait en réunion de crise… pour finalement déboucher sur le maintien de Jocelyn Gourvennec, la décision de renforcer toutes les lignes de l’équipe et l’obligation de replacer Jérémy Toulalan au milieu de terrain. Ces quelques broutilles actées, tout ce petit monde s’autorisait un petit break en famille, histoire de vider les têtes et repartir sur un pied qui ne pourrait qu’être meilleur. Sauf que « quand ça n’veut pas, ça n’veut pas » , comme le commande le bon sens populaire. Et les Bordelais l’ont vérifié très vite.
« Karma is a bitch »
Fixée dès le 31 décembre, la rentrée bordelaise débute par un stage à l’île de Ré. Mais Carmen en décide autrement. Après une matinée de tempête, un arrêté municipal oblige les Girondins à rentrer au Haillan, où ils en profitent pour présenter Souahilo Meïté, prêté sans option d’achat jusqu’à la fin de saison par Monaco. La conférence de presse, censée prouver au monde que le club a de la ressource, ne sera vécue qu’en différé par les fans bordelais, le Facebook-live étant abandonné pour cause de trop mauvaise qualité. La météo et les aléas de l’internet ne sont certes pas du ressort de la direction des Girondins de Bordeaux, mais ils confirment l’adage populaire. Vraiment, « quand ça n’veut pas, ça n’veut pas » . À tel point qu’avant de se rendre à Granville, une hypothétique qualification en Coupe de France prend de plus en plus des allures d’exploit, tant les éléments sont contre tout ce qui porte un maillot marine et blanc frappé d’un scapulaire. Surtout que dans le même temps, Malcom, la seule satisfaction bordelaise de ce début de saison, s’affiche sur Instagram en train d’apprendre l’anglais, alors qu’on le sait courtisé par Arsenal et Manchester United. Avec un tel karma, rien ne laissait envisager une seconde victoire en quatorze rencontres. Même face à une formation de National 2. Et comme les anglophones savent si bien le formuler, « karma is a bitch » .
Bordeaux en outsider à Granville
Autant d’éléments qui font qu’en Normandie, ce sont les Bordelais qui se sont présentés en position d’outsiders. Et les p’tits gars de Gourvennec ont bien failli réussir leur coup, avant l’égalisation des locaux au bout des arrêts de jeu du temps réglementaire. À dix secondes près, les comptes-rendus de la rencontre seraient tartinés de poncifs inhérents à ce type de scénario. « Victoire classique en Coupe de France, seule la qualification compte, peu importe la manière dans ces conditions difficiles face à un adversaire surmotivé, etc. » Oui, mais voilà, ces dix secondes ont bien existé, suffisantes pour permettre à Sullivan Martinet d’arracher une prolongation fatale aux Bordelais. Et les gazettes de ranger leurs poncifs habituels, pour se rabattre sur ceux, plus rares, mais tellement plus jouissifs, relatant « l’exploit » du club amateur.
Pas d’âme sous le sapin
Réduits à huit en fin de rencontre, les Bordelais ont bel et bien sombré dans la Manche. Et le plus triste pour eux, c’est que cela ne surprend personne. Car si les festivités de Noël et le changement d’année effaçaient les manques observés en première partie de saison, cela se saurait. Non. Face à Granville, les Bordelais ont encaissé exactement le même but que contre Marseille, toujours dans les arrêts de jeu. Face à Granville, Youssouf Sabaly a pris le même carton rouge que contre Vidéoton. Face à Granville, Nicolas de Préville n’a pas cadré ses frappes, comme contre la plupart des autres équipes. Face à Granville, comme cela aurait également été le cas contre n’importe quelle équipe de potes un peu entraînés, les Girondins de 2018 ont été les mêmes que ceux des derniers mois de 2017 : une équipe sans âme, incapable de s’imposer. En toute logique. Ce qui n’a pas empêché Jocelyn Gourvennec de déclarer au sortir de la rencontre que « le match a montré qu’on était repartis sur plus de dynamisme et de force » , le tout sans trembler du menton. « Quand ça n’veut pas, ça n’veut pas. » Surtout lorsqu’on ne fait rien pour.
Par Mathias Edwards