Ben Arfa, la pente descendante

Ce qu’on redoutait va-t-il finir par arriver ? Le plus grand talent intrinsèque de ces 15 dernières années va-t-il continuer à se gâcher au point de finir, paumé, dans un club de seconde zone, avec une étiquette de Denilson du pauvre ? Relégué sur le banc de touche de l’Olympique de Marseille de manière quasi permanente depuis le début de la saison, Hatem Ben Arfa en prend en tout cas le chemin.

Nouveau coach, nouvelle tactique, nouvelle équipe, la saison 2009-2010 devait être la sienne. Celle où il allait enfin exploser et confirmer le potentiel entrevu à Lyon et lors de la première partie de saison dernière. Hatem le fougueux avait besoin d’être materné ? Didier Deschamps était l’homme de la situation, pensait-on alors. La culture tactique de l’ex-capitaine des Bleus devait lui permettre d’épurer son jeu pendant que les valeurs de meneur d’hommes qui ont précédé sa réputation pendant toute sa carrière feraient disparaître les dernières inhibitions du numéro 10 phocéen. Force est de constater qu’après un bon tiers du championnat, Ben Arfa est en train de donner raison à tous ceux qui le comparent à un joueur de cirque. L’ex-vedette du documentaire “A la Clairefontaine” passe à côté de sa saison, c’est un fait. « Je suis bien conscient que je ne viens pas de réaliser le meilleur départ de ma carrière. C’est même carrément mauvais, je ne cherche pas d’excuses » , avouait-il à France Football début octobre.

Et le pire dans tout ça, c’est qu’on ne peut même pas lui reprocher d’être mauvais. Car Ben Arfa ne joue pas. Ou peu. Didier Deschamps semble avoir totalement perdu confiance en lui au point de ne lui offrir que des bribes de match pour s’exprimer, généralement quand l’OM est mené et qu’il faut tenter le tout pour le tout. Pas évident alors de se mettre en valeur dès lors que vous entrez en jeu dans une équipe qui semble perdre sa confiance à mesure que le match avance. A sa décharge, on peut dire qu’il bénéficie de beaucoup moins de crédit auprès de son coach qu’un Lucho Gonzalez, qui a multiplié les prestations soporifiques sans pour autant être écarté du onze de départ. Mais les récentes affaires extrasportives liées à Ben Arfa (absence à l’entraînement, altercation avec Didier Deschamps) ont accrédité les thèses récurrentes sur son manque de professionnalisme, cause de tous ses déboires sportifs.

A défaut d’être l’une des vedettes du championnat, Hatem Ben Arfa pourrait bien devenir la star du prochain mercato d’hiver. Portsmouth, véritable refuge pour ex-tricards de Ligue 1 (Piquionne, Dindane, Utaka) a ainsi fait de Ben Arfa une de ses cibles prioritaires pour janvier. Aujourd’hui, c’est l’Espagne qui a manifesté son intérêt pour le jeune gaucher. Séville et Villarreal se seraient rencardés sur le joueur. Lui ne veut pas entendre parler de transfert et reste persuadé qu’il peut mettre le Vélodrome dans sa poche : « Je ne pense pas une seule seconde à un départ. C’est ici que je veux m’imposer » . On ne demande que ça, mais le temps presse, car Ben Arfa a déjà 22 ans, et n’aura bientôt plus la jeunesse comme excuse.