Ballon d’Or 2008 : C.Ronaldo, l’Atlante…
Sans surprise. Deuxième, Messi. Troisième, Torrès. Normal. Donc pas besoin d'intro à rallonge.
Bon, on va pas aligner encore une fois les stats et les chiffres. Rappelons juste que C. Ronaldo a marqué 817 buts en 43 matchs plus un doublé sur deux coups francs contre Stoke City, le mois dernier. Sinon, le matador a aussi gagné les Grandes Oreilles (la C1) et la queue (Premier League). Voilà, ça suffit amplement. Sur 96 votants du jury France Football, Christ Ronald est arrivé 77 fois en tête. A ce niveau-là, c’est du totalitarisme, du stalinisme mondialisé. Et alors ? Sur ce coup-ci, on est tous des Staliniens pro C. Ronaldo. Et on assume. Même Torrès, un de ses rivaux, avait déclaré quelques jours avant la consécration du Portugais : « Je voterais pour lui, l’Euro ne pèse rien face à lui » . Fermez le ban.
Comme on a mis de côté les stats et les chiffres, on peut parler numérologie. Le 7 et le 8, les deux numéros chers à l’histoire de Manchester United. Le 7, pour la lignée de grands joueurs des Red Devils (Best, Robson, Cantona, Beckham et CR) et surtout le 8 pour les années en 8. 1958 et la catastrophe aérienne de Munich, “acte fondateur” de la légende mancunienne et du souvenir éternel des Busby Babes. 1968 et la première victoire mancunienne (et anglaise!) en “Ligue des Champions” ainsi que le sacre de Georgy Best, ballon d’or cette année-là. Enfin, 2008 et le doublé C1-Championnat anglais et donc, le Ballon d’Or pour qui vous savez. Et ça prouve quoi ? Que C.Ronaldo est béni des dieux et qu’il faut genoux fléchir devant Lui.
Les innombrables mécréants poursuivent sans relâche le Prophète et lui font un procès en beaugossité : trop d’UV, trop de gel, trop de putes. Faudrait savoir ! Quand un brave garçon comme Kaka gagne le Ballon d’Or 2007, on l’accuse d’être trop lisse, trop poli, trop aseptisé, trop fou de Dieu…
Autre bisbille, le procès en arrogance. Suite notamment à ses déclarations dans l’Equipe en octobre dernier : « Il y a plusieurs concurrents, mais celui qui doit le gagner est celui qui a été le meilleur durant l’année. J’ai été très régulier, j’ai été champion d’Angleterre, j’ai gagné la Ligue des Champions, j’ai été le meilleur buteur européen, le meilleur buteur de la Ligue des champions » . Pas de quoi casser un thermomètre… C. Ronaldo ne faisait que dire une vérité banale. Mais il a récolté la tempête des bigots et des dévots qui prêchent l’humilité deux pièces-cuisine. Là aussi faudrait savoir : on préfère quoi ? Les phrases à la con, du genre « Je ne mérite pas ce trophée, il doit revenir à l’équipe toute entière, car sans elle, je n’aurais jamais pu briller à ce point » ?… Bordel ! On n’est pas à la cérémonie des César. C’est de foot qu’il s’agit. Un truc plus important que la vie, la mort et la bière réunies.
Enfin, y’a aussi d’autres mesquineries à la con. Il a raté un penalty contre le Barça et un tir au but contre Chelsea… Les abrutis devraient pourtant savoir que rater des penalties hyper importants est justement la marque des grands (Platini, Maradona, Zico). Que c’est la volonté divine et miséricordieuse du Tout Puissant à nous démontrer que le héros suprême est parfois faillible et qu’il se met donc au niveau du commun des mortels en pareilles circonstances.
Autre chicanerie : il a pas fait un grand Euro en Swissautruche… On s’en tape de l’Euro : l’astre solaire était blessé et même sur une jambe, il avait cent fois plus de charisme qu’un Schweinsteiger. Et puis, quoi encore ? Ah, ouais : le Portugalais ingrat et assoiffé d’argent a voulu quitter Manchester pour Madrid… Et alors ? Christ Ronald a largement donné aux Red Devils et il était légitime qu’après 5 années de bons et loyaux services, l’Elu ait eu envie de passer à autre chose. Finalement, il est resté. Vu que le Real est devenu un Club Med rempli de Hollandais, c’était peut-être mieux pour Lui.
Oh, et puis merde ! 817 buts en 43 matches (dont 236 de la tête, 115 sur coups francs et zéro de la main) et 77 pole positions sur 96 jurés France Football : ça parle, non ? Il faut se réjouir du sacre du classieux C. Ronaldo… Le demi-dieu aux dents très très blanches est l’un des derniers footballeurs issus du foot de rue. Ce foot de rue justement encensé par Maradona, Zidane, Cruyff, Pelé ou Beckenbauer : le foot de mômes, des terrains pourris, bosselés, sableux, des petits espaces, des dribbles, de la ruse, des gri-gri et des parties interminables de l’aurore jusqu’au crépuscule…C. Ronaldo vient de là. Ses éducateurs successifs, jusqu’à Sir Alex, lui ont juste appris à compter jusqu’à onze parce que le foot perso c’était “no way”. Et puis, C. Ronaldo, c’est déjà une histoire, un conte, une légende. Un gars venu d’Ailleurs. D’une île paumée, Madère, plus proche de l’Afrique que de l’Europe, en plein océan mouillé. Un pays qui ne connaît pas l’hiver…L’île de Madère est sans aucun doute le dernier vestige de l’Atlantide, le mystérieux continent perdu.
Conclusion : C. Ronaldo est tellurique et minéral. Comme l’or.
Chérif Ghemmour
PS : Ah, ouais ! On avait oublié les moutons enragés : « Bêêê-bêêê ! Cristiano Ronaldo c’est un plongeur ! Y simule toujours ! » C’est pas faux. Même Foot Citoyen (Didier Roustan) a dit que c’était très très mal.
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