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Les Arènes, descente dans les arcanes du trading

Par Enzo Leanni, à Paris // Photos : Les Films du Bal et Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma
5 minutes

Le 7 mai prochain, sortira le premier long métrage de Camille Perton, Les Arènes. La Lyonnaise invite dans les coulisses du football par le prisme d’un jeune joueur en quête d’un contrat professionnel et dont les intérêts sont gérés par son cousin. 

Les Arènes, plongée dans les arcanes du trading

À l’abri des regards, dans une atmosphère très sombre, un jeu d’influence se met en place, sur fond de trahison et de gros sous. Puis la fête se met à battre son plein, sans se soucier des tourments du personnage principal. Le quartier des Minguettes est préféré à Long Island, et la musique italienne est remplacée par Ana fi el houb, adaptation arabe de Historia de un amor, mais l’inspiration du Parrain se fait ressentir dès l’entrée en matière du premier long métrage de Camille Perton, Les Arènes. « Il est traversé par plein d’influences », raconte la jeune réalisatrice, citant volontiers Francis Ford Coppola, Martin Scorsese et Michael Cimino. En se penchant sur la gestion de carrière d’un footballeur de 18 ans en passe de signer son premier contrat professionnel, elle met le doigt sur un milieu « très permissif aux dynamiques mafieuses ».

Plongée dans les coulisses

Pas question pour autant de tomber dans le cliché. Alors que le genre est décidément à la mode (4 Zéros et Mercato, sortis ces derniers mois), l’objectif n’était pas de présenter les agents sous un angle négatif comme le grand public pourrait s’y attendre. Camille Perton avoue même avoir de la « sympathie » pour ce métier et ne cherche pas à « montrer des archétypes », tandis que Sofian Khammes, qui campe le rôle de Mehdi, représentant et cousin de Brahim (interprété par Iliès Kadri), assure « adorer le mercato, la construction d’une équipe et l’intimité des coulisses du foot ». Casquette vissée sur la tête, le Marseillais n’hésite pas à envoyer des piques au PSG et à l’OL, qu’Iliès Kadri doit bien encaisser, lui, le supporter lyonnais. Les deux fans n’ont pourtant pas pu taper dans le ballon durant le tournage, car l’intrigue se déroule bien loin des terrains. Et c’est tant mieux.

Il y a un mélange d’enfance pure et de grande maturité chez les jeunes en centre de formation.

Camille Perton, réalisatrice

L’idée était dans la tête de Camille Perton depuis de longues années. Après s’être longtemps documentée, notamment en échangeant durant trois mois avec des U15 en centre de formation, en rencontrant « des personnages hauts en couleur » et en prenant conscience d’« histoires romanesques », elle a décidé de s’attaquer au sujet du trading. La cinéaste, aussi supportrice de l’OL, dévoile les arcanes du marché des transferts en mettant le doigt sur les responsabilités qui pèsent sur ces jeunes joueurs. « Il y a un mélange d’enfance pure et de grande maturité chez eux. C’est très singulier parce qu’ils veulent être des enfants qui voient encore le foot comme une passion simple, mais sont confrontés à une énorme responsabilité qui les rend beaucoup plus vieux que leur âge », explique-t-elle. L’agent joue-t-il le terrible rôle de passeur dans cette histoire, servant plus ses propres intérêts que ceux des joueurs qu’il représente ? « Ils sont sûrement trop présents parfois, mais ces gens-là sont surtout les acteurs d’un système plus grand qu’eux », préfère développer la réalisatrice, qui concède toutefois avoir « abîmé » sa vision du football avec ce film et préfère actuellement se reconnecter avec le rugby.

Désir et ascenseur social

Dans Les Arènes se joue surtout une histoire de relations qui va bien au-delà du sport. La cellule familiale se retrouve fragilisée par les enjeux économiques et carriéristes – vous avez dit Le Parrain ? – et la « manipulation » est continuellement au cœur des échanges, selon Sofian Khammes. Ce fan invétéré de Marcelo Bielsa, Pep Guardiola et Roberto De Zerbi voit même chez ces jeunes cracks un véritable « objet de désir ». Camille Perton met en scène cette sensualité à travers une scène de shooting photo où Brahim et ses coéquipiers posent torse nu. « Il y a un érotisme lié au sport, l’imaginaire de dieu du stade est très présent, explique la réalisatrice. Je ne voulais pas que les rapports ne soient régis que par la force, mais qu’ils soient traversés par cette idée de désir. Un joueur désiré par un club, c’est aussi un individu désiré, et c’est quelque chose d’un peu troublant dans ce milieu très masculin. »

Iliès Kadri dans le rôle de Mehdi, jeune footeux tiraillé par les agents.
Iliès Kadri dans le rôle de Mehdi, jeune footeux tiraillé par les agents.

Des Minguettes, quartier populaire de Vénissieux, au sud de Lyon, aux monts d’Or, partie riche de Lyon qui surplombe la ville depuis le nord, la question de l’ascension sociale est omniprésente dans ce monde où tout semble dicté par l’argent. « C’est aussi une métaphore de la carrière d’un footballeur. Le sport, c’est parfois la seule élévation pour des jeunes de banlieue », indique Iliès Kadri. Originaire de Mions, ce dernier a grandi au quartier de la Guillotière, dont il connaît tous les terrains. Il a ensuite fait une pige dans l’armée en tant que chasseur alpin, avant de se retrouver à tourner ce film dans les rues qu’il a toujours arpentées, ainsi que sous les arches du célèbre stade de Gerland. Sur les hauteurs de la capitale des Gaules, Mehdi et Brahim imaginent les murs de la future maison luxueuse, comme la famille Kim rêvait de richesse en montant littéralement jusqu’à la demeure des Park, au sommet de Séoul, dans Parasite. L’agent conseille alors à son cousin de monter les marches deux par deux, car tout va plus vite pour les footballeurs. La chute est parfois inévitable.

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Par Enzo Leanni, à Paris // Photos : Les Films du Bal et Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma

Tous propos recueillis par EL.

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