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Au Ghana, l’avenir dure longtemps
Trente ans que le Ghana attend de gagner une cinquième CAN. Incontestables favoris de cette 28e CAN, les Black Stars, emmenés par les Ayew bros, ont appris la patience et à ne pas s’enflammer…
D’Accra à Kumasi en passant par Tumale, personne ne s’attendait à ce que l’attente fut si longue. Trente ans que les Black Stars attendent un nouveau sacre de champion d’Afrique. En 1982, le Ghana a été le premier pays du continent noir, devant le regard médusé du colonel Kadhafi, à empocher une quatrième couronne. Abedi Pelé n’est alors qu’un adolescent et ne joue que des bouts de matchs. Il connaîtra une autre finale dix ans plus tard au Sénégal mais les Ghanéens s’inclineront aux tirs au but (10 à 11) devant les Éléphants ivoiriens. Depuis, les Black Stars auront enfin fait connaissance avec la Coupe du monde (en 2006 et 2010) mais toujours pas de nouvelle victoire à la CAN. Tout le pays y croyait dur comme fer, il y a quatre ans à domicile, mais le Cameroun de Samuel Eto’o douchera les espoirs locaux en demi-finale (0-1). Lors de la dernière édition en Angola, une formation décimée par les blessures et rajeunie par les circonstances parviendra jusqu’en finale, juste défaite par une Égypte conquérante (0-1). Un parcours qui augurait son excellente performance du Mondial sud-africain (1/4 de finaliste, battue par l’Uruguay aux tirs au but)…
Les Black Stars ghanéennes sont donc à la croisée des chemins. Fortes de leurs prestations de 2010 (CAN + Coupe du monde), de leurs éliminatoires sans soucis (5 victoires, 1 nul), elles sont les indiscutables favorites de l’édition qui s’annonce, devant même la génération dorée ivoirienne. Et ce, malgré les nombreuses absences. Kingston, le gardien, a laissé la place au talent de Kwarasey, le portier de Stromsgodset IF (Norvège) ; Kevin-Prince Boateng, le démiurge du Milan AC, a renoncé à la sélection pour des motifs qui changent au gré du vent ; Steven Appiah est sans club et cela ne suffit plus pour être retenu à la CAN ; Michael Essien revient juste d’une longue blessure et va rester à Londres pour aider les Blues. Seul Asamoah Gyan, convalescent, bénéficie d’un passe-droit sans qu’on sache à quel moment il débutera la vingt-huitième compétition de l’histoire. Ainsi, le centre névralgique du Ghana a basculé vers l’avant. Alors que toute l’organisation des Black Stars tournait autour d’un milieu princier au cœur des années 2000 (le trio de buffles Muntari-Appiah-Essien), Goran Stevanovic (le coach qui a succédé à Rajevac et Kwasi Appiah) s’appuie désormais sur une organisation en 4-2-3-1 versée sur l’offensive –Inkoom et Andre Ayew au soutien de Jordan- et en partie sur la génération sacrée championne du monde des moins de 20 ans en 2009 (Badu, A. Ayew, Inkoom, Jonathan Mensah…). Seule concessions au passé : Muntari est toujours là, Kwadwo Asamoah est le tribut « obligatoire » à la filière ghanéenne de l’Udinese et le fantôme de John Mensah est bien présent avec un seul match disputé cette saison avec l’OL ; il est même le capitaine de la sélection ghanéenne.
Avec le temps, les supporters des Black Stars ont appris la patience et à ne pas s’enflammer. Ils pensaient rafler une cinquième couronne en 2008 quand ils ont dû se contenter d’une troisième place. Ils n’attendaient rien de l’édition angolaise et ils ont perdu de justesse contre l’ogre égyptien. Cette fois, à l’exception du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, et dans une moindre mesure du Maroc, toutes les grosses cylindrées du continent (1) sont absentes (Égypte, Cameroun, Nigeria, Afrique du Sud) mais les blessures ou absences de joueurs majeurs incitent à la prudence. Voire… Depuis trente ans, d’Accra à Kumasi en passant par Tumale, on sait que l’avenir dure longtemps…
(1) : au Gabon et en Guinée-Équatoriale, le Ghana est le seul pays à avoir gagné plus d’une CAN. Le Soudan, la Tunisie, la Côte d’Ivoire et le Maroc, autres anciens vainqueurs, n’en ont raflé qu’une.
Par Rico Rizzitelli