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Alexandre Happi : « La raclette me manque »

Propos recueillis par Nicolas Kohlhuber
6 minutes
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Le final four universitaire américain de soccer débute ce vendredi. Parmi les quatre équipes restantes, Clemson et son milieu de terrain franco-camerounais, Alexandre Happi.

Alexandre, quel a été ton parcours ?Je suis arrivé en France en provenance du Cameroun à l’âge de 13 ans. J’habitais près de Lyon. J’ai commencé le foot à Calvire pendant trois ans. J’ai changé de club à 16 ans pour jouer en DH, à Cascol. Je n’y suis resté qu’une saison. À 17 ans, je pars aux États-Unis pour rejoindre une section sport-études à Montverde, en Floride. Après deux ans, j’ai obtenu une bourse pour allier football et études à l’université de Clemson. Un des programmes historiques de soccer.

Pourquoi ce départ aux États-Unis aussi jeune ?Mon père voulait absolument que je continue des études. C’était important pour lui. En France, je ne pouvais pas espérer percer et devenir professionnel tout en accordant suffisamment de temps aux études. Je voulais quelque chose de neuf, j’ai vu cette opportunité, j’en ai profité.

Comment se passe l’adaptation à un nouveau pays quand on débarque à l’autre bout du monde à 17 ans ?C’était compliqué au début. En football, c’était très intense, très physique, je n’avais pas l’habitude. J’ai tout de suite adoré le style de vie à l’américaine, à un détail près : la nourriture. Ils ne sont pas très doués pour ça ici. Le petit déjeuner avec les potatoes, le ketchup, ça m’a choqué. J’avais l’habitude du lait, du croissant et de la confiture, moi. Mais je m’y suis habitué. La charcuterie et la raclette, en revanche, ça me manque toujours autant.

Le championnat universitaire américain, ça ressemble à quoi ?Beaucoup de gens pensent que c’est inférieur au niveau européen, mais je ne partage pas cet avis. Au niveau professionnel peut-être, mais pas chez les jeunes. On a fait des tournées en Europe où on battait des équipes U18 anglaises, on faisait jeu égal avec Liverpool… En universitaire, le soccer s’impose comme le troisième sport derrière le basket et le football. Il y a des jeunes qui viennent du monde entier pour jouer ici. Une fois, j’ai même joué contre un gars qui avait quitté le centre de formation de Manchester United pour jouer en NCAA. Ça devient très important.

Les fans crient plus qu’ils ne chantent, mais on leur apprend des chants

Et l’ambiance ?À nos matchs, on a pas mal de monde qui vient. 2 000, 3 000 spectateurs par match, c’est pas mal. Mais ce n’est pas des supporters à l’européenne. Ils crient plus qu’ils ne chantent. Ici à Clemson, on essaye d’inculquer cette culture du supporter. Avec les Costariciens, les Brésiliens, on apprend des chants aux supporters. Ils vont apprendre, ça va venir.

Comment fais-tu pour allier des études universitaires et le sport de haut niveau ?C’est compliqué au début. On s’entraîne tous les jours quand même. Mais on s’y habitue vite, le système est fait pour nous rendre les choses simples. Certains suivent des cours pour devenir ingénieurs et arrivent à suivre, c’est pour dire. Généralement, on s’entraîne de 8h à 10h30, puis on a un bloc ou deux de cours jusqu’au milieu de l’après-midi. Pour moi, c’est sociologie et sciences du sport. Je veux rester dans le domaine du sport si jamais je n’arrive pas à passer pro.

Clemson, c’est le même genre de campus que dans les films ?Oui, c’est grand, c’est magnifique. Il y a plusieurs dizaines de milliers d’étudiants. C’est très différent de l’Europe. Quand je vois les infrastructures sportives que l’on a… Certains clubs de Ligue 1 en rêveraient. On a des conditions dignes de professionnels. L’encadrement est top.

Et vous, les joueurs de soccer, vous êtes des stars comme ceux de basket ou de football américain ?
À Clemson, presque. Ça affecte notre vie de tous les jours. On a une popularité qu’on n’aurait pas en n’étant pas sportif. On nous demande des autographes, des photos… Au début, j’ai eu du mal avec ça. Je ne suis pas pro, je ne joue pas devant des stades pleins avec 50 000 personnes, je suis timide. J’avais du mal à comprendre, mais c’est l’état d’esprit américain. Ils ont une vision différente : le sport est roi ici. Un jour, en allant à un cours, il y avait un groupe de filles qui étaient venues me demander mon numéro, des photos… Ça me faisait bizarre, je ne voulais pas être méchant, alors je leur ai donné. Aujourd’hui, ça me fait rire. Puis l’an passé, après notre victoire en championnat de conférence, on a eu droit à une cérémonie avec tout le monde, il y avait 30-40 000 personnes. C’était incroyable !

Cette victoire, c’est ton meilleur souvenir en carrière ?Oui, largement. Aux USA en plus, ce n’est pas pareil, le chronomètre. Ici, c’est un compte à rebours, comme au basket. En finale, on égalise quelques secondes avant le buzzer. Puis on l’emporte dans la prolongation, c’était de la folie. Il n’y a rien de plus beau.

Au début, on était 200 équipes en lice pour le titre, maintenant 4. On est chouchoutés, on se rend compte que ça va être grand.

Ce vendredi soir, c’est le début du final four avec un match contre Syracuse qui vous a battus pour le titre de conférence, cette saison. Comment te sens-tu ?
On a vécu une saison formidable. En juillet, on s’entraînait déjà, on a sacrifié nos vacances et ça paye. Au départ, il y a plus de 200 équipes, et maintenant, on fait partie des quatre dernières encore en lice pour le titre national. On va jouer au stade de Kansas City. L’engouement n’est pas encore au top, mais on est chouchoutés, on se rend compte qu’on va jouer quelque chose d’important. Maintenant, on va se concentrer sur chaque match. Ça ne va pas être facile contre Syracuse, mais on va essayer de hausser notre niveau de jeu. On est très excités.

Conseillerais-tu à d’autres joueurs de suivre ta voie ?Ça dépend des aspirations et de la situation de chacun. Si tu es dans un centre de formation et que ça se passe bien, non. Ça ne sert à rien de prendre le risque de tout perdre. Si la situation est confuse, que tu veux continuer des études, alors oui, c’est le choix idéal. L’encadrement est parfait, le niveau bon, c’est une expérience magnifique. Il faut juste savoir parler anglais.

En basket, il faut être diplômé pour avoir le droit de se présenter à la draft NBA, penses-tu qu’il faudrait instaurer une telle sélection en Europe pour le football ?
C’est compliqué, les visions sont totalement opposées. Pour moi, c’est quelque chose d’important, de là à l’imposer… Certains talents précoces de 16, 17 ans n’ont pas le temps pour les études. Mais en cas de blessure, de méformes, on est où après ? Ce sont des choses auxquelles il faut penser.

Quel est ton modèle ?J’en ai deux : Pirlo pour sa vision et sa précision, son style de jeu, et Yaya Touré. Défensivement, il est costaud.

La France a-t-elle une place importante pour toi ?Oui, même si je suis franco-camerounais et que mon objectif est de jouer pour les Lions indomptables, la France me tient à cœur. Dès que je peux, je reviens. De là à y jouer dans le futur ? Si une opportunité se présente, pourquoi pas. Ça sera difficile, mais j’en ai envie. Après, si je dois me contenter de la MLS, ça ne sera pas un souci (rires).

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Propos recueillis par Nicolas Kohlhuber

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