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À Buenos Aires, la fête est finie avant d’avoir commencé

Par Ken Fernandez, à Buenos Aires
3 minutes
À Buenos Aires, la fête est finie avant d’avoir commencé

Au coup de sifflet final, la tristesse a envahi les rues désertes de la capitale argentine. Pour tout le pays, le « dernier Mondial de Messi » s'arrête brutalement au stade des huitièmes avec l'étrange sentiment qu'il n'a jamais vraiment commencé.

« Un partidazo » . À l’évocation du match France-Argentine écoulé, les quelques Argentins qui acceptent de parler dans les rues vides de Buenos Aires abordent le match des Bleus avec enthousiasme. « Une sélection incroyable » , un « match de folie » , « Mbappé, la nouvelle star du football mondial » … Des politesses sincères lâchées comme pour éviter les questions qui blessent. Samedi, à 13h heure locale, la tristesse s’est pourtant propagée à la vitesse d’un sprint de Kylian sur le peuple argentin. À mesure qu’une brume hivernale épaisse tombe sur Buenos Aires, certains commerçants de l’avenida de Mayo rangent les drapeaux ciel et blanc et les affiches « Vamos argentina » .

Dans un pays fou de football, une élimination en huitièmes ne se digère pas. « C’est très douloureux » , marmonne Giovanni, les yeux encore humides. « Après le match contre le Nigeria, on s’est mis à croire que le destin était avec nous, mais on s’est vus plus beaux que ce que l’on est » , complète Denis, encore sous le choc d’avoir vécu la terrible désillusion sur l’écran géant installé plaza San Martin. « C’est déjà beau qu’on soit sorti des poules avec une équipe aussi faible » , lance-t-il en cachant son maillot de 1986 sous sa veste.

« Un engouement à la hauteur du temps de jeu de Dybala »

Des larmes, les Argentins en ont versé beaucoup au cours de ce match de fou. De peur, de joie, puis de tristesse. Au Merval, bar tenu par des Français à quelques pas de l’Obelisco, lieu de toutes les fiestas nationales, la déception des grappes d’Argentins présents tranchait avec l’allégresse des nombreux Français. Pendant tout le match, au rythme des rebondissements, les hinchas des deux pays se sont chambrées dans un esprit bon enfant. Pourtant, à Buenos Aires, depuis début juin, la cuvée footballistique 2018 n’a pas soulevé l’euphorie habituelle. Accoudé au comptoir d’un café, Angel Baggi a jeté son drapeau. « On est déçus, bien sûr, parce qu’un Argentin est fier et veut toujours y croire, mais si je devais décrire l’engouement lors de ce Mondial, je dirais qu’il était à la hauteur du temps de jeu de Dybala » , décrit le retraité avec ironie.

« C’était le match qui pouvait lancer l’espoir dans le pays, au lieu de ça, il nous a enterrés. » La faute à des éliminatoires et une phase de groupes laborieuses d’abord. Aux polémiques et à l’état du football argentin dans sa globalité ensuite. « Comment voulez-vous en vouloir au meilleur joueur du monde quand il joue aussi seul avec des structures aussi faibles ? » questionne Denis. Pour l’ensemble des hinchas, les torts se partagent entre les choix de Sampaoli et le (dys)fonctionnement de la Fédération. « Tout est à jeter et je suis presque heureux qu’on tombe si bas pour que certains se remettent en question » , s’énerve Julian dans son kiosco. « Maintenant, il faut passer à autre chose, même si cette victoire aurait été importante pour apporter de la joie et souder le pays. »

Crise, avortement et chaos

Car ce manque de ferveur footballistique au pays de Diego est aussi la conséquence d’un contexte économique et social tendu. « Notre sélection est à l’image du pays : divisé et en crise » , décrit Matias dans de grands gestes. Pour lui et Julian, l’élimination a du bon, car elle permet « un retour à la réalité rapide » . Même son de cloche pour Angel : « Dès demain, on va repenser à la crise du peso, à l’inflation et à l’avortement. C’est le président Macri qui ne doit pas être content. » Et le football dans tout ça ? Il n’est jamais très loin chez les Argentins. « Comme toujours, nous ne sommes jamais meilleurs que dans le chaos » , assure Ana, qui, du haut de ses « soixante-huit ans d’expérience » , résume le mieux la pensée des habitants de Buenos Aires. « Rendez-vous dans quatre ans ! »

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Par Ken Fernandez, à Buenos Aires

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