Le cocktail préféré de Mourinho
Alors pourquoi ce choix du natif de Lomé ? La première raison est imparable : il était l'un des rares buteurs de ce niveau disponibles sur le marché. La seconde raison saute aux yeux : Van Nistelrooy, Klose, c'est clair, Mourinho aime les grands gaillards. Évidemment, le nec plus ultra dans l'idéologie du “Special One” étant Didier Drogba qu'il fit venir à Chelsea en 2004 alors que l'Ivoirien était encore un strict inconnu à l'échelle européenne et que Roman Abramovitch lui avait signé un chèque en blanc pour prendre n'importe quelle star. Le cocktail si prisé par Mourinho ? Du muscle et de l'adresse. Un portrait-robot qui ressemble assez à Adebayor. Enfin, surtout depuis son arrivée en Angleterre en 2005. Car jusque-là, que ce soit à Metz ou à Monaco, on avait surtout vu un grand talent bien paresseux et égocentrique, trop sûr de sa supériorité. « Quand j'ai évolué avec lui à Metz (2002-2003), j'avais l'impression qu'on n'était pas dans la même catégorie lui et moi, il était tellement facile » , nous confie Mamadou Niang. Une aisance incroyable dont Manu a trop longtemps eu conscience, l'empêchant ainsi de se sortir les doigts. Jusqu'à ce que cette grande gigue franchisse la Manche. A Londres, Adebayor prend vite une masse de muscle selon les recettes anglaises qui tiennent décidément du miracle... Il n'empêche, le leader des Éperviers muscle aussi son jeu, rapidement au fait que la jouer relax en Premier League revient à signer son arrêt de mort. Invité à prendre ses responsabilités après le départ de Thierry Henry en 2007, “Baby Kanu” relève le challenge en inscrivant vingt-quatre pions en trente-six matches en Championnat, trente au total en cinquante matches toutes compétitions confondues. Son hit ? Un huitième de finale de Ligue des Champions himalayesque où il désosse presqu'à lui seul le Milan AC à San Siro (2-0).
Le défaut de sa qualité
Le hic, c'est qu'Adé est un ancien crève-la-dalle. Et après sa perf face aux Rossoneri, le bougre a la tête qui tourne face aux rumeurs de sollicitation. Le Gunner n'est déjà plus à Londres (seulement dix pions la saison suivante) et commence même à sérieusement pourrir le vestiaire. Direction Manchester City avec l'autre “ambianceur” des Canonniers, Kolo Touré, pour des débuts franchement prometteurs : quatorze réalisations en seulement vingt-six journées. Même Alex Ferguson, pourtant peu suspect de vouloir du bien aux Citizens, lâche au début de la saison 2009-2010 : « Adebayor est sans doute le meilleur joueur de Premier League » . Mais là encore, la suite tourne au vinaigre. Mancini débarque, italianise City, se dit qu'une pointe (Tevez), c'est largement suffisant et réduit Adebayor à compter ses dreads sur le banc. Las de cette situation, le jeune homme (seulement 26 ans au compteur) s'impatiente et en vient à avoiner Kolo à l'entraînement, à moins que ce ne soit l'inverse, allez savoir. Un incident qui dit à la fois la rage du bonhomme, nécessaire pour se faire respecter des autres gros bras, mais aussi de son manque de sang-froid, ce qui pourrait lui valoir des bricoles dans un contexte aussi “politique” que celui du Real. N'empêche, le joueur africain de l'année en 2008 a une chance en or massif de prouver qu'il peut s'imposer dans un très grand club, qu'il n'est pas juste un attaquant agaçant de facilité mais incapable de la moindre humilité et de tout sacrifice. Benzema était lui aussi face à ce défi. La venue d'Adebayor résonne comme un verdict : l'ancien Lyonnais a clairement échoué.
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