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Pourquoi le retour de Carlo Ancelotti au Real Madrid est une mauvaise idée
Par Steven Oliveira
5 minutes
Depuis la démission de Zinédine Zidane, le Real Madrid cherchait un nouveau coach. Et alors que les noms d'Antonio Conte, Mauricio Pochettino ou encore Raúl étaient évoqués, Florentino Pérez a surpris tout le monde en faisant appel à son ex : Carlo Ancelotti. Et si cela rappelle forcément des bons souvenirs aux supporters madrilènes, ce choix n'en reste pas moins une mauvaise idée.
Le Real Madrid a bien changé
Lors du premier entraînement de reprise, Carlo Ancelotti va être surpris en débarquant à Valdebebas. Car ce qu’il va y voir ne va en rien ressembler à ce qu’il a vu lors de son premier passage entre 2013 et 2015. Cristiano Ronaldo n’est plus là, Sergio Ramos peut-être plus non plus. Et parmi les vieilles connaissances, Luka Modrić et Toni Kroos ont les jambes qui commencent à être lourdes. Tandis que Dani Carvajal, Isco et Marcelo ne ressemblent en rien à ceux d’il y a six ans. Sans parler de Gareth Bale et James Rodríguez qui ne voudront pas être là. Chez les nouvelles têtes, il y a bien David Alaba qui vient d’arriver, Thibaut Courtois et Ferland Mendy qui sortent d’une grosse saison. Mais il y a surtout des jeunes pousses qui tardent à montrer leur talent et un Eden Hazard dont le retour du préparateur physique Antonio Pintus pourrait ne pas suffire à le remettre sur pied. Bref, c’est un chantier auquel va assister Carlo Ancelotti avec un nouveau cycle à créer. Or, l’Italien n’est pas l’entraîneur idéal dans ce genre de situation. Car contrairement à son premier passage où après des années de Mourinho, le vestiaire avait besoin d’apaisement et de câlins, là, il a besoin de grandir.
Carlo Ancelotti n’a plus la même cote
C’est peu dire que le premier passage de Carlo Ancelotti à Madrid a été un franc succès. Il y a eu cette fameuse Décima, que les Merengues attendaient depuis douze ans. Mais aussi cette série de 22 victoires consécutives entre septembre 2014 et janvier 2015, ainsi que ce taux de victoires de 74,7%. Deux records toujours gravés dans le grand livre d’histoire du Real Madrid. Sans parler du fait qu’il a formé Zinédine Zidane, alors son adjoint, et posé les fondations de la Maison-Blanche qui roulera sur l’Europe entière pendant trois ans. Sauf que depuis son départ en 2015, la carrière de l’entraîneur italien est en chute libre tant au niveau du prestige des clubs – Bayern Munich puis Napoli puis Everton -, que des résultats. Alors oui, il y a bien eu cette victoire en championnat avec le Bayern – que Pascal Dupraz arriverait aussi à avoir – ou cette belle seconde place de Serie A avec le Napoli. Mais il y a surtout eu ces deux licenciements au cours de la deuxième année en Allemagne et en Italie. Carlo Ancelotti a beau toujours être un maître de la tactique, force est de constater que son message a de plus en plus de mal à passer en 2021. L’ancien coach du PSG s’est même déclaré « surpris » que le Real Madrid fasse appel à lui. Logique. Au regard de l’évolution de son CV, la suite aurait dû être Bordeaux, Valladolid et Reggiana.
Une maigre consolation pour le jeune Australien qui a traversé le globe pour un Everton-Liverpool reporté
Florentino Pérez ne lui fera pas de cadeaux Les retrouvailles se passent souvent bien. C’est le moment où tout le monde sourit, où on lâche des « J’ai décidé de partir car j’ai un nouveau défi avec un club qui a toujours été dans mon cœur, le Real Madrid ». Sauf que dès la première défaite, le passé va vite ressurgir. Ce passé au cours duquel Florentino Pérez décidait de dégager Carlo Ancelotti après une seconde saison (terminée avec une Supercoupe de l’UEFA, un Mondial des clubs, une demie de C1 et une deuxième place de Liga avec 92 points) jugée « décevante » par le boss du Real Madrid, qui préférait virer l’Italien comme un malpropre pour le remplacer par Rafa Benítez. Ce même Florentino Pérez qui, trop obnubilé à vouloir détruire le football mondial avec la Superligue, a réussi à se fâcher avec Zinédine Zidane, qui a annoncé dans une lettre dans le journal AS après sa démission du Real Madrid : « J’aurais aimé que, ces derniers mois, ma relation avec le club et le président soit un peu différente qu’avec un entraîneur lambda. Je ne demandais pas de privilèges, pas du tout, mais un peu plus de mémoire. Cela m’a fait très mal quand j’ai lu dans la presse, après une défaite, qu’ils allaient me mettre dehors si je ne gagnais pas le match suivant. » Si Pérez l’a fait avec Zidane et ses 3 Ligue des champions, nul doute qu’il en fera de même avec Carlo Ancelotti. Un homme qui était parti du PSG, car il n’avait pas apprécié être menacé par sa direction. Ça promet. Parce qu’il fallait prendre Raúl Quelques minutes après le départ de Zinédine Zidane, tous les regards étaient tournés vers un seul homme : Raúl. Comme le double Z, l’Espagnol est une légende du club qui serait encore en tête de tous les classements des buteurs du Real Madrid pendant de longues années si Cristiano Ronaldo n’avait jamais mis les pieds à la Maison-Blanche. Et comme le Français, l’ancien attaquant de Schalke 04 a commencé sa carrière chez les jeunes du Real Madrid en remportant la Youth League avec les U19, puis en manquant de peu la montée en Segunda División avec le Castilla. Et une chose est sûre, Raúl était prêt pour le poste comme il l’a déclaré récemment en conférence de presse : « Entraîner l’équipe première ? Je suis un homme du club et je suis heureux ici. Je suis devenu entraîneur pour rester à la maison. Ce n’est pas la fin, c’est le début. » Un message qui devrait être bien différent avec l’intronisation de Carlo Ancelotti. Tant pis pour les Merengues, d’autres clubs n’hésiteront pas à donner sa chance à Raúl. Et celui qui héritera de l’Espagnol sera très chanceux. À moins qu’il devienne le padawan de l’Italien comme Zidane a pu l’être par le passé.
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