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  • Ma vie de joueur pro
  • Épisode 7

« Mes vrais potes de vestiaires n’ont jamais changé »

Par Loïc Puyo, avec Jérémie Baron
8 minutes
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Passé par la Ligue 1, la Ligue 2 et le National, désormais installé au Macarthur FC en Australie, le milieu de terrain Loïc Puyo (32 ans) a décidé de prendre la plume pour So Foot afin de raconter son quotidien de joueur. Pour ce septième volet, il est question de l'entourage des joueurs, mais aussi de leur vie de couple.

Chez les footballeurs comme en amour, mieux vaut être seul que mal accompagné. De mon côté, j’estime que je peux être fier de ceux qui m’entourent. Peut-être aussi parce que je n’ai jamais été un joueur vraiment « bankable ». Je n’ai jamais vraiment ressenti de mauvaises intentions à mon égard. Pour ce qui est de ma famille, j’ai toujours été encouragé sans être oppressé. Le fait qu’aucun Puyo n’ait joué au foot, même à bas niveau, a sans doute aidé. Je me souviens avoir joué en jeunes avec des copains qui étaient écrasés par leurs papas, sans doute frustrés de leur carrière avortée et qui rejetaient toute leur frustration sur leurs fils. Ce qui donnait lieu à des scènes parfois gênantes, voire humiliantes. Mes parents assistaient, eux, à tous mes matchs. Mais je ne les ai jamais entendus me dire quoi que ce soit, ou faire des réflexions à mon éducateur.

Trouille et corner à deux

À treize ans, j’avais signé un contrat avec Bastia, lequel me permettait tout de même de rester un an de plus à Orléans. Lors de cette année orléanaise avec mes potes, je ressentais la trouille : quitter le cocon familial et mes copains m’effrayait. Mes parents m’avaient toujours soutenu dans mon aventure et à quelques mois de partir, nous avons eu une grande discussion accompagnée de pleurs. Nous nous sommes rendu compte que l’on commettait sans doute une erreur. Je me suis finalement rétracté, et mes parents ont appelé le club pour leur demander de rompre le contrat. Le club de Bastia a été très compréhensif, et tout s’est bien fini. D’autres parents auraient sans doute poussé leur enfant à partir, contre son gré. C’est le parfait exemple du comportement que mes parents ont toujours eu avec moi.

On dit que le foot est un monde d’hypocrites et d’égoïstes. J’ai connu ce genre de mecs, surtout à Angers. Mais dans l’ensemble, je suis très heureux d’avoir pu faire ces rencontres.

Mon cousin Nicolas a aussi été très présent dans mon évolution, il a toujours su me convaincre de croire en moi et m’a parfois secoué. Il a eu un apport psychologique indéniable, et j’ai de nombreux souvenirs où il avait perçu des choses dans mon jeu. Sur mon replacement dans le cœur du jeu après avoir fait toute ma formation sur le côté, sur la nécessité d’être plus agressif offensivement, de me déplacer autrement… Tout un tas de détails qu’il avait vus avant mes coachs (et ce, même en pro), ça m’a toujours bluffé. Pareil pour Claire, ma sœur, avec son analyse très personnelle. Cela me faisait toujours rire, car elle utilisait des mots totalement étrangers au foot, mais toujours très justes. Son cheval de bataille est le corner à deux : pour elle, aucune utilité. Ma famille a toujours été là pour moi, même quand je leur ai soumis l’idée de m’expatrier en Australie avec dix heures de décalage horaire. Aujourd’hui, ils se lèvent à 5 heures du matin si nécessaire pour regarder mes matchs. J’ai toujours ressenti ce soutien chez mes amis. Mes potes d’enfance comme mon meilleur ami Walid que j’ai connu à onze ans et qui est toujours autant présent pour moi, des potes du foot à Orléans, mon groupe d’amis à Auxerre – complètement extérieur au club – qui a énormément participé à mon émancipation et mon équilibre, et aussi des amis que j’ai rencontrés dans le monde du foot pro.

Arnaque à la carte

Comme au centre de formation à l’AJA, avec les potes de ma génération 1988 qui nous a menés au stade de France pour la finale de Gambardella, et avec qui on aime se remémorer notre adolescence et nos premiers pas en pro. Depuis mon passage à Amiens, je sais que je peux aussi compter sur Romain Ruffier, devenu mon meilleur ami et qui me soutient quoi qu’il arrive. Mais aussi de très bons coéquipiers devenus amis à Orléans avec, pour moi, le meilleur groupe dans lequel j’ai pu évoluer et notamment ce titre de champion de France de National, vécu dans une ambiance fantastique. Et d’autres très bons potes rencontrés à Nancy, à Angers et au Red Star. On dit que dans le foot, on ne peut pas se faire d’amis, que c’est un monde d’hypocrites et d’égoïstes. J’ai connu ce genre de mecs, surtout à Angers où j’ai réellement été déçu par plusieurs joueurs. Mais dans l’ensemble, je suis très heureux d’avoir pu faire ces rencontres. Je n’ai jamais ressenti de jalousie ou de mépris à mon égard. Que je sois en haut de l’affiche ou à la cave, mes vrais potes de vestiaires n’ont jamais changé. J’aurai aussi prochainement l’occasion d’évoquer les amis que je me suis fait en arrivant en Australie, et qui m’ont aidé à m’y intégrer.

Dans un entourage, il y a aussi ceux qui conseillent sportivement ou financièrement. J’ai travaillé plus de dix ans avec mon premier agent, David Wantier. J’ai dû en changer, car il est devenu directeur du recrutement de Saint-Étienne. J’ai ensuite choisi de travailler avec un pote d’enfance, Samuel Zambelli, qui était devenu agent. C’est Sam qui m’a placé à Angers. Et depuis trois ans, je bosse avec la team Kemari composée de Pierre Delcher, Pierre Ducrocq et Arthur Poupel. Je me suis toujours senti très proche de mes agents, j’ai toujours eu 100% confiance en eux et je n’ai jamais été trahi. C’est dans le côté financier que peuvent intervenir des personnes mal intentionnées et constituer un entourage nocif ou dangereux. Il ne m’est jamais rien arrivé de grave, mais cela aurait pu : deux personnes ont voulu travailler avec moi. La première a réalisé une opération sur les impôts (tout est légal !), et a ensuite totalement disparu. Donc s’il y avait eu un souci, je me serais retrouvé en galère. Et l’autre a tenté de me vendre, sur plan, un produit neuf qui était à la mode à l’époque. Un peu naïf, je n’ai pas vu le mal et j’ai bien sûr écouté les arguments de cette personne qui avait l’air plutôt honnête. Mais quand j’en ai parlé autour de moi, je me suis vite rendu compte que c’était loin d’être aussi avantageux que je ne l’imaginais. C’est forcément par l’argent que des drames peuvent arriver. Et plus le joueur est « intéressant financièrement », plus il fera l’objet de tentatives d’arnaques.

Tinder et coup de fil à Pickeu

D’autres personnes ont mauvaise réputation, dans le monde du foot : les femmes de joueur. Une femme tient une place prépondérante dans la vie du joueur, et c’est un rôle hyper dur à tenir. Elles font des sacrifices de vie que l’on ne soupçonne pas, subissent une instabilité chronique, des changements de villes, de clubs et même parfois de continent. Elles doivent donc même changer de profession, pour certaines. C’est d’ailleurs le cas de Diane. Nous nous sommes rencontrés à mon époque nancéienne, et plus précisément via Tinder ! Cela peut paraître surprenant, mais quand je suis parti d’Orléans où je connaissais (presque) tout le monde, je suis arrivé en Lorraine où je ne connaissais personne. À la base – et c’est un peu cliché -, je ne cherchais pas forcément l’amour éternel, mais au moins pouvoir rencontrer des nouvelles personnes. Elle était alors étudiante infirmière. Elle ne connaissait absolument rien au foot, et avait même tendance à s’en foutre royalement. Au bout d’un an et demi de relation, je lui ai demandé de quitter son boulot à l’hôpital et de quitter sa ville de toujours pour me suivre. À l’époque, je ne savais pas encore où ! Et c’est elle qui a forcé la décision lors de ce mercato de 2017 en me sommant d’appeler Olivier Pickeu, alors directeur sportif d’Angers, pour le relancer et le convaincre de ma venue au SCO. Pour être honnête et en laissant ma fierté de côté, sans elle, je n’aurais pas eu le courage ou même l’idée de le faire.

Diane a gagné sa notoriété en étant sur Instagram, et j’ai lentement glissé vers l’anonymat. Aujourd’hui, c’est elle qu’on arrête plusieurs fois par jour dans la rue pour demander des photos.

Voilà ce qu’elle m’apporte : de la force de caractère, de la persévérance. La convaincre de me suivre en Australie n’a pas été une mince affaire. Pourtant, à l’heure où j’écris, elle est à mes côtés, loin de ses proches, de sa profession d’influenceuse Instagram et de son business qui lui est si cher. Elle a créé sa propre marque de vêtement, et ce n’est pas évident pour elle de faire grandir ce beau projet aussi loin de la France. Notre trajectoire en tant que couple est assez originale. Au départ, en tant que footballeur professionnel, j’étais plutôt celui qu’on était susceptible de reconnaître dans la rue. Et durant mon passage angevin, la tendance s’est inversée. Diane a gagné sa notoriété sur Instagram, et j’ai lentement glissé vers l’anonymat. Aujourd’hui, c’est elle qu’on arrête plusieurs fois par jour dans la rue pour demander des photos. Un soir à Sydney, lorsque j’étais encore seul en décembre, j’ai entendu une voix française dire mon prénom au loin. Vraiment surprenant. Je me retourne, et cette personne me demande si je suis bien Loïc… le petit ami de Diane ! Ça m’a bien fait rire. Même à l’autre bout du monde, je suis reconnu comme le copain de Diane.

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Par Loïc Puyo, avec Jérémie Baron

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