Le Frexit de la Ligue 1 ?
L'OM a bel et bien finalement remporté le second championnat. Il est resté un des volcans du foot français. Mais à l'image du parcours européen de Rennes ou Lyon, les Marseillais ont éclairé crument les limites tricolores. Sur le papier, les adversaires des équipes françaises étaient largement à leur portée. Sauf peut-être pour Rennes qui découvrit le gap persistant avec la Premier League, à l'instar de Lyon se cognant sur West Ham. Les Phocéens ont été incapables de surpasser Feyenoord, représentant d'un championnat qu'on dit si souvent inférieur au nôtre. La vanité de la Ligue 1 en a pris une fois de plus un coup. Le prochain mercato risque de démontrer encore une fois la faiblesse tant économique, mais aussi d’attractivité de notre championnat, avec une longue liste de talents sur le départ (Aurélien Tchouaméni, Boubacar Kamara, Jonathan David, Renato Sanches, Randal Kolo Muani...). Et on se demande qui va combler les rangs. Le « remain » de Mbappé ne saurait tout dissimuler, pas plus que le carnet de chèques de QSI.
Bordeaux, la vraie catastrophe de 2022
La Ligue 1 a aussi montré la difficulté à faire vivre et valoriser son fond propre et son patrimoine. Strasbourg échoue au pied du podium européen, alors que les Alsaciens avaient constitué la « surprise » inattendue de cette saison, la preuve qu'avec moins de 50 millions de budget, tout reste possible. Las, ses devanciers dépassent la centaine de millions. L'ordre économique est respecté quel que soit le projet de jeu. Dans le même temps, Metz et Bordeaux descendent en Ligue 2, au pire moment, car l'an prochain, avec le passage à 18 clubs, uniquement deux remontées seront possibles. Saint-Étienne jouera les barrages en position de force, mais peut trembler face à l'AJ Auxerre qui brûle de revenir à la table des hautes instances. L'échec du club girondin reste la vraie catastrophe de 2022, l'accident industriel si révélateur, avec au menu une crise de gestion, démobilisation de l'effectif, et la rupture avec les supporters et ultras.
Les relations avec le monde des tribunes ont enfin été le gros point noir. Le contexte était singulier et il a été marqué par les conséquences sociales de la pandémie, voire même plus largement politiques (le 1er mai, on a ainsi vu réapparaître une croix celtique dans les mains de certains hooligans rémois en déplacement à Lorient). La saison a néanmoins été émaillée d'incidents (envahissements de terrain, etc.), de tensions (jets de bouteilles, etc.) et de conflits structurels entre groupes et directions. Dimitri Payet, lors des trophées UNFP, est revenu sur le sujet à juste titre. Le nombre d'interdictions de déplacement de supporters a explosé. On se demande surtout que va devenir le timide dialogue entamé sous l'égide de Roxana Maracineanu maintenant qu'elle a cédé la place à Amélie Oudéa-Castéra, une pure technocrate macroniste. Pendant ce temps, les services de police en lutte contre le hooliganisme ont démontré qu'il est toujours plus facile d'interdire de stade pour un fumigène que d'empêcher des affrontements prévisibles, par exemple avec le déplacement des Néerlandais à Marseille. La Ligue 1 reste encore, quoi qu'en en pense, aux limites de l'empire du foot du Vieux Continent.
Par Nicolas Kssis-Martov
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