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Les mésaventures du petit Nicolas-Jean à Madrid
Si Schalke 04 n'a que peu de chances de se qualifier pour les quarts de finale de Ligue des champions ce soir face au Real Madrid, cet affrontement est l'occasion de se rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, Klaas-Jan Huntelaar a – brièvement – fait partie de la Maison Blanche. Un passage pendant lequel il s'est raccroché à ce qu'il sait faire de mieux : marquer des buts.
Heureusement que Raúl n’était pas là pour voir ça. Nous sommes en huitième de finale de la Ligue des champions 2013-14, et le club de cœur de l’attaquant espagnol, le Real Madrid, vient de coller un set de tennis (6-1) à son autre club de cœur, Schalke 04, quitté quelques mois plus tôt pour engranger les buts et les pétrodollars sur les bords du Golfe persique. Un 26 février 2014 qui restera à jamais comme le jour où les Königsblauen se sont fait humilier à domicile par le Real Madrid. Pour l’édition suivante de Ligue des champions, le divin chauve Gianni Infantino se mue en oracle et offre au club allemand une vengeance qu’Inigo Montoya n’aurait pas reniée. Raté. Encore en huitième, encore à domicile, Schalke 04 se fait taper 2-0 à l’aller, compromettant grandement ses chances de passer en quarts et de sauver un honneur bien rabaissé. Ceci étant, une autre vengeance – personnelle, cette fois-ci – rôdera dans les travées de Santiago-Bernabéu. Celle d’un homme bafoué par les six mois qu’il passa au Real Madrid : Klaas-Jan Huntelaar.
Bad timing et plantation d’Oranje
Pour un buteur de la trempe du « Hunter » , réglé comme une horloge suisse dès lors qu’il entre dans la surface de réparation, ces quelques mois passés au sein de la Maison Blanche relèvent du comble, tant il traînera l’expression « mauvais timing » comme un gros boulet accroché à son pied. Lorsqu’il signe au Real pour la rondelette somme de 20 millions d’euros le 1er décembre 2008, Jean-Classe arrive avec une mission : remplacer un Ruud van Nistelrooy absent pour le reste de la saison, qui va sur ses trente-trois ans, mais qui a quand même trouvé le moyen de claquer 10 pions en 12 matchs, en embuscade derrière les titulaires habituels que sont Raúl et Higuaín. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Huntelaar en est capable. La saison précédente, il a planté 36 buts en 41 matchs, toutes compétitions confondues, avec la liquette de l’Ajax sur le dos. Petit hic, le natif de Voor-Drempt s’est lui aussi blessé quelques semaines avant de signer pour le club madrilène. Absent pendant deux mois, c’est convalescent qu’il réalisera ses premières foulées à la Ciudad Real Madrid.
Surtout, entre la signature et l’arrivée de l’attaquant batave, la Maison Blanche a trouvé le temps de changer de coach en passant d’un Bernd Schuster, qui paie ses mauvaises relations avec les médias et une défaite de trop face à Séville, à un Juande Ramos en rédemption après un passage raté à Tottenham. Et si Klaas-Jan s’intégrait idéalement dans le schéma de jeu résolument offensif d’un Schuster responsable des coups de peinture oranje récents sur les murs de la Maison Blanche, pour Juande Ramos, le joueur vient surtout garnir une plantation déjà bien mûre avec Sneijder, Van der Vaart, Robben, Drenthe et Van Nistelrooy. Les jours suivant son arrivée à Madrid, Huntelaar se voit notifier qu’il ne disputera pas le second tour de la Ligue des champions avec le Real. Autorisé à ne sélectionner qu’un seul joueur ayant déjà évolué en compétition européenne la même saison, le club madrilène choisira Lassana Diarra, arrivé de Portsmouth en lieu et place de l’attaquant.
Un ersatz de Cristiano Ronaldo et huit buts en cinq semaines
S’il fallait encore une preuve que les premiers jours de Klaas-Jan Huntelaar possédaient tous les ingrédients pour une bonne loi de Murphy, elle arrivera le 16 janvier 2009 avec l’annonce de la démission de Ramón Calderón. Empêtré jusqu’au cou dans des histoires de vote truqué lors de son élection à la présidence du Real Madrid en 2006, l’ancien avocat est obligé de laisser sa place à son vice-président Vicente Boluda. De fait, Huntelaar perd peut-être celui qui s’avérait son seul allié de poids au sein du Real Madrid, lui qui faisait figure lors de sa signature en décembre d’os à ronger pour des supporters madrilènes qui attendaient Cristiano Ronaldo quelques mois plus tôt. Difficile, dans ces conditions, d’évoluer à son meilleur niveau, même si celui affiché par Jean-Classe est loin d’être dégueulasse. Après avoir attendu le 15 février 2009 pour ouvrir son compteur face au Sporting Gijón, battu 4-0, le buteur néerlandais retrouvera le niveau qu’il affichait à l’Ajax en scorant sept fois encore, dont trois doublés face à Almería, l’Athletic Bilbao et le Betis Séville. Le tout sur six matchs, en l’espace de cinq semaines et toujours dans l’ombre des indéboulonnables duettistes que sont Raúl et Gonzalo Higuaín.
Puis plus rien. Klaas-Jan sent bien qu’il n’est que le dernier vestige d’une ère Calderón-Schuster vouée à disparaître au profit du second mandat de Florentino Pérez et de ses néo-Galactiques, emmenés par un Mauricio Pellegrini qui n’en a pas grand-chose à carrer du savoir-faire batave en attaque. En août 2009, Huntelaar s’envole pour le Milan AC dans l’espoir de suivre les traces de celui à qui on le compare sans cesse, Marco van Basten. Sans rancune, comme il le déclara à Goal l’année dernière : « Ce fut un plaisir de marquer des buts pour le Real Madrid, notamment lorsque tu joues devant un public comme celui de Santiago-Bernabéu » . Il faut dire qu’avant de partir, Jean-Classe aura pris le temps de soigner la feuille de stats avec un ratio d’un but marqué toutes les 140 minutes en Liga (pour une moyenne de 56 minutes jouées par match). Seul deux joueurs auront fait mieux sur cette saison 2008-2009 du Real Madrid : Van Nistelrooy et Higuaín, avec respectivement un but inscrit toutes les 117 et 120 minutes. Et cette année-là, Raúl étaient aux premières loges pour voir.
Par Matthieu Rostac