Les médias anglais sont en effet restés bouches bées devant la prestation des Spurs face à un très grand d'Europe qu'ils n'ont pas reconnu. Introduction de l'article de l'Independent aujourd'hui : « Ce sont les Spurs, vraiment ? Ont-ils fait mieux qu'un petit plongeon pour leur retour dans les hautes sphères européennes ? Oui, nous pouvons le dire. Un brillant exemple d'une équipe qui a trouvé la route pour franchir un nouveau palier. Ils n'ont pas seulement battu le Milan, mais ils l'ont aussi poussé dans une attitude qui a fait honte à la grande tradition de cette équipe » . Et de déplorer plus loin la violence de Gattuso qui « a apporté la honte à un club qui se déclare lui-même comme membre de l'aristocratie du football européen » . L'aristocratie, le Sun s'en cogne mais tape aussi sur le Milan : « Tarés 0, Héros 1, Crouch a abasourdi Milanimals » . Le Guardian a toujours en travers de la gorge le tacle de Flamini, un « casseur de jambes » selon Redknapp, sur Corluka : « Le plus grand crime du match reste que le Français soit resté sur le terrain » alors que la victime croate opte elle pour une solution encore plus radicale : « Il aurait dû être mis en taule » .
Car, finalement, pour le clash Gattuso / Joe Jordan, les Anglais et les Spurs n'ont jamais eu peur. Le Guardian relaie les propos de coach Harry : « A l'évidence, Gattuso n'a pas bien fait ses devoirs » . Le Sun poursuit avec Redknapp : « De toutes les personnes à embrouiller, ne le faîtes jamais avec Joe » . Graeme Souness, consultant télé, aurait aimé une petite baston : « Gattuso est un chien, mais je regrette juste qu'il n'ait pas eu dix minutes seul dans une salle avec Jordan. Remarquez, cinq minutes auraient suffi » . C'est qui ce Jordan, un serial killer, un catcheur, un videur de boîtes ? L'Independent nous livre les clés de lecture avec ses “Cinq raisons de ne pas se frotter à Joe Jordan”. Dans son début de carrière à Leeds, l'Ecossais a perdu incisives et canines. « Résultat : un sourire effrayant qui lui fera gagner le surnom de la Mâchoire » . Deuxième raison : en 1980, sous les couleurs de Manchester United, Jordan avait peu goûté à une charge d'un gardien de but sur corner. Résultat : « Mâchoire disloquée après sa rencontre avec Jordan » . Troisième raison : en 1981, la presse transalpine avait surnommé Jordan, alors joueur du Milan, “le Requin”. Vous en voulez encore ? « En 2008, le Times a élu Jordan comme le 34ème joueur le plus rugueux de l'histoire du foot » . Cinquième et dernière raison : demandez à l'entraîneur des gardiens de Newcastle, Andy Woodman, qui a pu apprécier le verbe de Jordan sur le bord de touche : « Quand tu veux mec, vraiment quand tu veux putain ! » . Le Telegraph résume le tout par une phrase plus concise : « S'embrouiller avec Joe Jordan, c'est comme si vous donniez un coup de tête au Forth Road Bridge » . Voilà, ça vous pose un homme, même si Gattuso affirme que Jordan lui « avait cassé les “balls” durant toute la seconde période » .
Deux choses donc à retenir. Joe Jordan ne doit jamais être emmerdé sur un bord de touche, auquel cas « je mets mon argent sur Joey » prévenait un Redknapp facétieux en conférence de presse hier soir. Et Tottenham continue de surprendre les moins avertis : « Comme c'est le cas depuis que Redknapp est arrivé, ces Spurs dépassent toutes les attentes. La progression des Spurs dans cette compétition commence à ressembler à un joli roman » annonce le Telegraph. « Une nuit magique. Oubliez Stratford, les Spurs sont sur la route de Wembley ! » s'emporte l'Independent qui semble oublier qu'un match retour doit encore se disputer.
Ronan Boscher
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.