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Inaki Saez : « Isco était un peu gros »

Propos recueillis par Arthur Jeanne
8 minutes
Inaki Saez : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Isco était un peu gros<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Inaki Saez est un peu le magicien de la formation espagnole. Celui qui fut l'éphémère coach de la Roja pendant l'Euro 2004 a connu ses plus grands succès en tant que sélectionneur des espoirs et directeur technique national. Autant dire qu'il a vu débuter tous les joueurs champions du monde et d'Europe. L'occasion de parler avec lui du succès du football espagnol et de sa dernière pépite Isco. Entre autres.

Vous avez découvert la quasi totalité des sélectionnés actuels espagnols, Isco notamment…Isco, je l’ai connu en moins de 16.

Il était comment à l’époque ?C’était un joueur qui appartenait alors à Valence, il vient des équipes de jeunes de Valence. Il avait une qualité incontestable, qui sautait aux yeux. Mais il était un peu gros et à Valence, ils lui ont fait une préparation physique spéciale, il a perdu 6 kilos. C’était encore un jeune mec mal dégrossi. Mais les qualités, il les avait déjà.

Il était vraiment gêné par son poids ?Avec 6 kilos en trop, un adolescent ne peut pas avoir l’agilité qu’il aurait dû avoir, parce que si techniquement, t’es déjà très fort, avec une bonne condition physique, tu deviens encore meilleur, après, il est devenu excellent.

Pourquoi était-il un peu gros ?Isco est originaire de Malaga. Il a été repéré par Valence et donc à Valence, il était dans une pension où il était un peu livré à lui-même dans le sens où il n’y avait pas beaucoup de surveillance, il n’était pas contrôlé, un peu comme s’il avait été chez lui avec ses parents par exemple. Il était encore très jeune et mangeait très mal, beaucoup de fast food notamment. Il ne savait pas comment bien s’alimenter jusqu’à ce que Valence commence à faire un peu attention à son hygiène alimentaire, et à sa manière de vivre. On sentait que c’était un bon joueur mais il lui manquait cette discipline pour être un grand joueur. Maintenant, il est vraiment impressionnant.

Quelles sont ses principales qualités pour vous ?Il a une intelligence de jeu impressionnante et même en dehors du terrain, c’est quelqu’un de malin. Après, évidemment, cela ne suffit pas. Il faut aussi être fort en dehors de ça. Isco a quelque chose de très précieux, c’est sa protection de balle, c’est quasi impossible de lui prendre le ballon quand il l’a dans les pieds. Il le protège très bien. Il voit aussi très bien les appels de ses partenaires et il a une bonne frappe des deux pieds.

Vous avez formé plein de jeunes joueurs, lequel vous a le plus impressionné ?Tous les joueurs qui font partie de la Roja sans exception aujourd’hui sont passés par les équipes de jeunes, nous les avons tous vus grandir et mûrir au niveau de leur football. La seule chose que je peux vous dire, c’est qu’il y en a certains qui, si on peut le dire de cette manière, ont un peu plus de mérite. Par exemple, Xavi, c’est vraiment le métronome, celui qui a fait que l’Espagne joue de cette manière. Ça a été le premier à apporter sa science du jeu à la sélection. Bien sûr Iniesta, Pique, Cesc ou Xabi Alonso se sont toujours distingués, ils étaient déjà les meilleurs dans leur catégorie d’âge mais pour moi, ce caractère qu’ont l’équipe d’Espagne et le Barça, cette qualité, Xavi en est le dépositaire principal.

Cette formation et cette habitude de jouer ensemble dès les catégories inférieures, c’est la clé du succès du football espagnol selon vous ?Le succès de la sélection doit être attribué à plusieurs choses. Premièrement, le plan de travail établi par la fédération dès les sélections de jeunes, c’est un plan à long terme qui est certainement le meilleur du monde. Trois fois par an, il y a un tournoi qui oppose toutes les régions. Il y a 19 régions/communautés autonomes en Espagne, on s’affronte tous. Nous, les sélectionneurs, nous venons pour observer les joueurs. Nous les observons et les choisissons. Ensuite, on les fait venir à Madrid et on sélectionne les meilleurs. C’est un système en entonnoir et ainsi il n’y a pratiquement aucun joueur qui nous échappe. Tous les joueurs de la sélection sont passés par les sélections régionales. J’ai connu tous les joueurs de la Roja quand ils avaient 15 ans. Ils jouent avec la sélection moins de 16, font le championnat d’Europe moins de 17 et sont tous habitués au système de jeu espagnol dès leur plus jeune âge .


« On a choisi des joueurs du même profil que ceux utilisés par le Barça »

Depuis leur plus jeune âge, on leur apprend donc le schéma tactique de l’équipe A ?Exactement! La Fédération espagnole a un directeur technique dont c’est le rôle principal. J’ai été directeur technique pendant longtemps et il y a des sélectionneurs pour chaque catégorie jusqu’aux -21. Ce qu’on a fait, c’est qu’on a parié sur un plan de jeu bien déterminé depuis le début qui est un peu celui du Barça. On a choisi des joueurs du même profil que ceux utilisés par le Barça. Du coup, cette manière de jouer est inculquée aux jeunes, et donc ceux qui accèdent à la Roja connaissent déjà tout tactiquement, ils savent ceux qu’ils ont à faire. Ils connaissent le style de jeu sur le bout des doigts, la conduite de balle est fondamentale. Ça n’est plus comme avant où les moins de 17 avaient un schéma tactique et les moins de 19 un autre. Toutes nos sélections jouent de la même manière.

En Allemagne aussi, ils ont instauré ça, des mecs comme Gotze ou Gundogan, ils jouent un peu comme des Espagnols non ?C’est vrai. Pour moi, il faut mettre en place un critère, une philosophie de jeu dès le plus jeune âge. Comme ça, quand les joueurs arrivent au haut niveau, ils ont ce système en tête et le jeu est beaucoup plus fluide. Ils ne gagneront pas toujours, mais auront beaucoup plus de solutions, de ressources. Je crois que les victoires en Coupe du Monde et à l’Euro veulent dire beaucoup. C’est un plaidoyer pour la formation espagnole. Désormais, on a des joueurs qui ont moins de 20 ans et qui ont déjà joué 150 matchs de première division. Tu comprends, c’est ça aussi le succès du foot espagnol.

La France s’est trompée au niveau de la formation non ?
Je ne sais pas. J’ai travaillé dix-huit ans à l’Athletic Bilbao, j’ai visité l’école de Vichy. On avait une sorte de programme d’échange et les Français venaient à Bilbao avec Monsieur Pibarot, qui était à l’époque directeur de l’école de Vichy, (aujourd’hui Clairefontaine). Une année, on allait à Vichy et l’autre, ils venaient à Bilbao et on échangeait des expériences de travail. Nous avons beaucoup grandi en étudiant le système français. La France a eu une idée brillante avec Vichy. Vous avez été précurseurs, c’était une idée géniale de Mr Pibarot de former des joueurs et de les rassembler au même endroit. La France a connu grâce à Vichy puis à Clairefontain, un boom spectaculaire qui s’est concrétisé par la victoire de 98. Le problème de la France, c’est qu’elle n’a pas continué à croire en ce système dans la manière de jouer et de travailler. Le plus important, c’est d’avoir un plan de bataille, une idée directrice et de la mener à bien, la faire exécuter par les gens de la Fédération. C’est-à-dire que si tu crois en un système de jeu, en une manière d’utiliser les joueurs, et du type de joueurs dont tu as besoin, il faut tout faire pour le mettre en place et le maintenir. La France travaille très bien physiquement, elle produit des joueurs avec des qualités physiques impressionnantes mais après ça, la technique, c’est fondamental. N’importe quelle équipe physique, si tu les fais courir, que tu maitrises la balle et qu’ils ne la voient jamais, ils deviennent fous ! Ils ont tous misé sur le physique mais ils n’ont pas assez insisté sur l’aspect technique.

En Espagne, c’est très différent ?Nous, les joueurs brillants techniquement, on les utilise beaucoup comme formateurs, pour qu’ils apprennent aux jeunes, je ne crois pas que vous fassiez ça. Pourtant, ce sont ceux qui sont capables d’enseigner aux jeunes notre philosophie de jeu et la maitrise du ballon. Il n’y a pas besoin de tant de physique. Et puis en Espagne, nous avons quelque chose de fondamental, en plus des sélections, il y a des clubs qui travaillent très bien la formation, qui exploitent à merveille le vivier régional tels que l’Athletic ou le Barça. Ils façonnent les joueurs à la manière de jouer du club, parce que ces clubs ont des identités très fortes.

Vous n’avez pas d’inquiétude pour le football espagnol après cette époque dorée ?Non je n’ai aucun souci, je vois tous les jours des joueurs très jeunes déjà extrêmement doués et qui parfois sont déjà aux portes de la sélection. La seule chose, c’est qu’il faut qu’on ait un peu de chance et qu’on travaille à deux postes essentiels. Celui qui arrête les buts et celui qui les met. Ces joueurs, il ne peut pas vous en manquer.

Cela dit l’Espagne peut jouer sans vrai 9 comme elle l’a fait à l’Euro ?Oui, on peut jouer avec ce que l’on appelle un faux avant-centre. Le Barça joue très souvent de cette manière, la sélection aussi. Mais il faut tout de même avoir une vraie pointe. Le principal, c’est d’avoir plusieurs solutions et de les adapter en fonction de l’évolution du match, du résultat.

En sélections de jeunes on joue sans 9 « de formation » ?Non, non on joue avec un vrai 9. Le faux 9, c’est venu après, presque empiriquement avec les blessures. En sélection de jeunes, dans toutes les catégories, nous formons nos équipes avec un 9 buteur mais on a toujours en réserve ce système du faux 9. On l’expérimente lors de certains matchs, ou certaines compétitions, on veut inculquer à nos joueurs les deux systèmes. Mais au début, fondamentalement, on forme des 9 buteurs.

Le futur de l’équipe de France, vous le voyez comment ?La France a des très bons joueurs, mais une équipe doit jouer en tant que telle. Je pense que fondamentalement, il vous faut un système de jeu déterminé qui soit appliqué aux différentes sélections de jeunes. C’est important parce que si un jeune débarque dans la sélection adulte, il se sent directement plus à l’aise avec le schéma tactique. Pour moi, c’est essentiel. Le joueur croit plus en lui et a confiance en le système de jeu de l’entraineur.

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