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Ils ont marqué le foot français, de 80 à 71

Par Florian Cadu, Kevin Charnay, Alexandre Doskov et Nicolas Jucha
8 minutes
Ils ont marqué le foot français, de 80 à 71

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On termine donc avec la France, et les joueurs classés de la 80e à la 71e place.

80. Éric Carrière

L’histoire d’un gars qui n’a jamais abandonné. Dix fois des équipes lui ont dit d’arrêter, cent fois son corps a failli lui dire « non » , mille fois un autre que lui aurait jeté l’éponge. Mais Carrière voulait faire du football, et peu importe si presque tous les centres de formation lui répondaient « insuffisance athlétique » quand il frappait à leur porte. Après quelques années à jouer en amateur et à travailler sa condition physique pour être enfin au niveau, le voilà au FC Nantes, à l’âge avancé de 23 ans. La suite, c’est une moisson de titres avec les Canaris, puis les Lyonnais, et un passage court, mais remarqué en équipe de France, avec un ratio impressionnant de 5 buts marqués en seulement 10 matchs joués. À la sueur du front, à la force du poignet, à l’huile de coude, et toujours en restant un gars en or. AD

79. Raphaël Varane

Monsieur Propre fait figure d’exception. Combien, parmi les multiples talents français partis à l’étranger beaucoup trop tôt, ont réussi leur pari en s’imposant instantanément en équipe de France ? Pas beaucoup. Parti du RC Lens à 18 ans, Raphaël Varane joue aujourd’hui un rôle clé au Real Madrid, même s’il subit encore la concurrence des monstres Ramos et Pepe. À 23 ans, il devrait logiquement faire partie des « jeunes » de l’équipe de France. Mais le vainqueur de la Ligue des champions 2014 fait déjà partie des meubles, des cadres, des piliers. À lui de passer un cap supplémentaire en s’imposant définitivement au Real, en gagnant quelque chose avec la France, et en devenant un défenseur central qui fait peur à ses adversaires. KC

78. André Rey

Sa carrière a vraiment démarré sur le tard, avec le FC Metz en 1974. Alors qu’il a 26 ans, qu’un dirigeant de son club formateur, Strasbourg, lui a conseillé de changer de métier, il débarque en Lorraine pour suppléer le titulaire, blessé. Il restera six saisons, le temps d’enquiller plus de 200 matchs sous les couleurs grenats et d’intégrer l’équipe de France de Michel Hidalgo après un baptême du feu réussi contre les champions du monde ouest-allemands en 1977. Avec les Bleus, sa plus grande contribution consiste à avoir participé à la délivrance de France-Bulgarie du 16 novembre 1977, un match charnière qui a renvoyé les Tricolores en Coupe du monde et permis à la génération Platini de grandir plus vite. Manque de bol pour lui, alors titulaire indiscutable dans les bois, il se pète le poignet un mois avant le début de la compétition en Argentine. Un karma à la Lionel Letizi pour celui qui ne fera que quelques petites apparitions pendant les éliminatoires de l’Euro 80 avant de finir sa carrière à Nice, Mulhouse, puis la Roche-sur-Yon. NJ

77. Franck Sauzée

Non, Franck Sauzée n’a pas toujours été la voix de FIFA. Et non, Taye Taiwo n’a pas eu la frappe la plus spectaculaire de l’histoire de l’OM. Ce statut, le premier nommé pourrait en revanche le réclamer. Car il fallait voir le natif d’Aubenas envoyer les pralines de 20 mètres. Efficaces, ces dernières ont surpris plus d’une fois les gardiens adverses des équipes de l’Hexagone. Ce qui lui a notamment permis de devenir le premier joueur à disputer quatre finales de Coupe de France avec quatre clubs différents – Marseille, Monaco, Strasbourg et Sochaux. À son crédit vient aussi se glisser une petite C1 en 1993. Pas pour rien qu’il était appelé Kaiser Sauzée, mélange de Keyser Söze et du Kaiser Beckenbauer. Sauf que lui ne boitait jamais. FC

76. Ludovic Giuly

L’exemple type d’une carrière en club rondement menée. D’abord, le Lutin a fait ses gammes dans le club de sa ville, l’OL, avec quelques exploits européens à la clef. Ensuite, il est allé courir très vite sur le côté droit de l’AS Monaco pour un titre de champion de France et une formidable épopée en Ligue des champions en 2004. Après, c’est direction le FC Barcelone pour remporter la coupe aux grandes oreilles et jouer avec Ronaldinho. Et pour finir, même la pente descendante de sa carrière a de la gueule, avec des passages réussis à la Roma, au PSG, à Monaco et à Lorient, avant de retourner à Chasselay en amateur, pour jouer dans un stade qui porte son nom. Si seulement il avait pu se retenir d’envoyer ce SMS à Estelle Denis, il aurait peut-être eu une tout autre carrière en équipe de France. KC

75. Raoul Diagne

De nos jours, les jeunes footballeurs ont tous les mêmes voitures, sont potes avec des rappeurs, et passent les mêmes soirées dans des boîtes de nuit à la mode qui se ressemblent toutes. Raoul Diagne, lui, illuminait les nuits parisiennes en tapant dans le dos de Jean Gabin ou en se marrant avec Joséphine Baker, quand il ne se pavanait pas en promenant son guépard. Une fois sur le terrain, hors de question de chouiner parce qu’il ne joue pas à son poste. Diagne pouvait jouer sur toute la ligne de défense, sur les ailes ou au centre, voire même au milieu de terrain, quand il ne dépannait pas dans les cages. Originaire du Sénégal, mais né en Guyane et fils d’un ministre et député, il avait choqué sa famille en se lançant dans le football. Ce qui lui avait plutôt bien réussi, puisqu’il s’en est tiré avec un championnat de France, trois Coupes, et une place dans l’histoire en tant que premier joueur noir en équipe de France.

74. Christian Lopez

Il ne fait pas forcément partie des premiers noms que l’on retient, pourtant Christian Lopez a participé activement à deux des plus grandes épopées du football français. Avec l’AS Saint-Étienne tout d’abord, il est de la campagne européenne de 1976. Et sauve la mise du peuple vert en quart de finale en rattrapant à l’arrache un Oleg Blokhine parti crucifier Ivan Ćurković et assurer la qualification du Dinamo Kiev. L’ASSE renverse le monstre ukrainien et ne cède que face au Bayern Munich en finale. L’Allemagne de l’Ouest, la barrière infranchissable entre Lopez et ses graals. En 1982, il assiste aux premières loges à l’attentat d’Harald Schumacher sur Patrick Battiston à l’heure de jeu de la demi-finale de Séville. C’est d’ailleurs lui qui doit remplacer la victime. Il ne pourra éviter la cruelle désillusion des penaltys et n’aura pas la joie de participer, deux ans plus tard, au triomphe de l’Euro 84 à la maison. Mais au moment de tirer sa révérence, il peut se targuer d’avoir, avec quatre championnats et trois Coupes de France au compteur, toute une collection acquise sous les couleurs de Saint-Étienne. NJ

73. Pierre Chayriguès

Un gardien de poche (1m70) qui a tout fait vite. Il est toujours le plus jeune goal titulaire de l’histoire des Bleus, lui qui avait 19 ans lors de son premier match en 1911. Et à un poste à la longévité élevée, il connaîtra la retraite à 32 ans, la faute a un corps en compote à force de blessures. Il faut dire qu’être l’un de premiers gardiens à sortir dans les pieds des attaquants, ça fait mal. En vrac, des fractures du bras, du bassin, du péroné, des doigts écrasés, des côtes enfoncées. Il est tout de même le premier à s’installer durablement à ce poste, alors que la France avait connu une instabilité des gardiens, et est devenu l’une des premières « stars » du foot, créant notamment des débats sur ses revenus faramineux pour l’époque. Inventeur de nouveaux mouvements, Chayriguès a fini par partager tout ça dans ses mémoires, où on peut lire : « J’ai compris tout de suite que le gardien devait être autre chose qu’un homme enfermé dans sa cage.(…)Tout cela constitua une nouveauté qui surprit tout le monde et prépara sans doute l’avenir. » AD

72. Lassana Diarra

Lass est revenu d’entre les morts. Cette saison, le gamin de Belleville a réussi à surnager au beau milieu de l’une des équipes de Marseille les plus catastrophiques du XXIe siècle. À tel point qu’il est maintenant à nouveau pisté par les plus grands clubs, et qu’il a retrouvé une place de titulaire en équipe de France. Pourtant, on avait quasiment oublié son existence jusqu’à il y a un an. Son exil en Russie, combiné à des problèmes physiques, l’avait complètement plombé, après un début de carrière en fanfare à Chelsea, Arsenal, et surtout au Real Madrid. À 31 ans, Lass ne commettra plus d’erreurs et a encore juste le temps qu’il faut pour enfin confirmer les énormes attentes qu’il y a en lui depuis longtemps. Et si on commençait par l’Euro 2016 ? KC

71. Christophe Dugarry

Tous ceux qui ont suivi l’épopée 98 ont l’image en tête. Un corner du pote Zidane, une tête qui termine au fond des filets, un premier but pour les futurs vainqueurs de la Coupe du monde, et surtout une langue pendue devant les caméras qui ressemble à un doigt tendu bien haut pour les médias qui n’ont cessé de le décrier. « Duga » n’était peut-être pas le meilleur joueur de la planète – comme le montre cette même prestation catastrophique contre l’Afrique du Sud -, mais son mental lui a toujours permis de compenser ses défauts techniques. Depuis, les cheveux longs ont laissé place au crâne dégarni et les fucks aux journalistes ont été troqués contre des analyses plutôt bien senties de l’autre côté de la barrière. Lui a su trouver sa voie(x). FC

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