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Il y a 60 ans, Pelé signait son premier contrat pro à 15 dollars
Le 8 avril 1957, Edson Arantes do Nascimento signait son premier réel contrat professionnel. Pour une somme modique : 15 dollars.
Il n’avait encore jamais vu la mer. Alors, quand il découvre les immenses plages de Santos, l’enfant de Bauru, ville située au cœur de l’État de São Paulo, s’émerveille devant l’immensité de l’océan Atlantique. Il laisse filer le sable – qu’il n’avait jamais touché – entre ses doigts, avant d’aller prendre une gorgée d’eau de mer, pour vérifier qu’elle était bien salée comme lui avait dit son institutrice. Ce voyage initiatique le mènera ensuite à Vilma Belmiro, le siège du Santos Futebol Club, là où il allait prendre racine pendant presque vingt ans. Edson Arantes do Nascimento, dit Dico, à ce moment de son existence, n’est pas encore Pelé, mais ses qualités sont telles que Waldemar Brito, un ex-international brésilien qui avait été son entraîneur à Bauru, se démena pour le présenter à Santos.
Dans le port le plus important de la façade Atlantique sud-américaine, le physique malingre et la petite taille d’Edson Arantes engendre d’abord un certain scepticisme. Lui-même est prêt à faire ses bagages après une prestation médiocre et un penalty manqué en finale d’un tournoi de jeunes. Il sera toutefois retenu par un employé du club et ne tardera pas à s’imposer. Après quelques mois en catégories inférieures, le prodige fera ses débuts avec l’équipe première, en septembre 1956. Il n’a alors pas encore seize ans, mais commence déjà à se distinguer. Quelques semaines après ses débuts, il remporte son premier trophée professionnel, le tournoi paulista (régional), dont il est le meilleur buteur.
Dans l’État de São Paulo, la renommée de Pelé se fait grandissante, mais aucun contrat légal ne le lie toutefois à son club depuis qu’il a franchi le cap des seize ans, à l’automne 1956. Conscients de la perle qu’ils ont entre leurs mains, les dirigeants d’O Peixe vont alors finir par s’asseoir autour d’une table avec Waldemar de Brito. Comme le prodige est mineur, les dirigeants doivent aussi obtenir le consentement de ses parents et se rendront ainsi à Bauru, à plus de 400 kilomètres de Santos, pour obtenir la signature de Celeste, sa mère, et de Dondinho, son père, un ex-modeste joueur de foot et employé d’une clinique. Ils se voient proposer 5000 cruzeiros, ainsi que le gîte et le couvert. Finalement, l’accord est trouvé pour mille cruzeiros de plus. L’équivalent d’une quinzaine de dollars de l’époque. Une somme modique, mais c’était tout de même bien plus que le salaire minimum de l’époque, ou que les deux dollars qu’il gagnait dans l’usine de chaussures de Bauru avant de rejoindre Santos. « J’espérais un meilleur accord, confiera toutefois Pelé dans l’une des ses autobiographies, car j’enchaînais les très bonnes prestations, mais le club argumentait que j’étais encore très jeune et physiquement faible, et que, de ce fait, j’étais davantage susceptible de me blesser (« raison de plus pour mieux me payer ! », pensais-je). Finalement, on trouva un accord le 8 avril 1957. »
Deux mois plus tard, il fait ses débuts avec la Seleção
Le contrat est signé pour dix-huit mois. Entre-temps, celui qui n’était qu’une sensation dans l’État de São Paulo va rapidement attirer l’attention de la presse nationale, avant de conquérir le monde une grosse année plus tard. Après s’être distingué lors d’un tournoi international organisé à Rio, où il inscrit un triplé face à Belenenses, et un autre but face au Dinamo Zagreb, il fait ses débuts en sélection deux mois après la signature de son modeste contrat. Ce sera à nouveau à Rio, face à l’Argentine. La Seleção s’inclinera (1-2), mais l’enfant-roi se signalera à nouveau au tableau d’affichage. Un an plus tard, l’enfant qui n’avait jamais vu la mer va mettre la terre à ses pieds lors du Mondial suédois. Quand il reviendra de Stockholm, Pelé n’aura pas à négocier. Santos lui doublera son contrat…
Par Marcelo Assaf
Sources : Pelé Memorias del mejor futbolista de todos los tiempos; Jugando con Pelé ; Pelé Mi legado ; Pelé, de la favela a la gloria, Folha de São Paulo.