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- Chelsea-Barcelone (3-0)
C’est bon, tu nous as eus Estêvão
Grand artisan de la victoire de Chelsea face au Barça (3-0), avec un but clinique et une influence constante sur le jeu, Estêvão avait déjà fait sensation en Ligue des champions, notamment face à l’Ajax et Qarabağ. À seulement 18 ans, le Brésilien impose déjà son style et s’affirme comme l’un des talents les plus craquants.
Le premier duel de la génération 2007 a tourné court. Et il a un vainqueur clair : le Brésilien. Mardi soir, Estêvão et Chelsea ont infligé une vraie leçon de football au FC Barcelone de Lamine Yamal. Score final : 3-0. Propre, net, sans bavure. Une victoire qui confirme, une fois de plus, la folie douce de l’ailier brésilien et surtout la dimension qu’il a prise à Chelsea en à peine quelques mois. Arrivé lors du dernier mercato estival comme un énième crack venu du Brésil, Estêvão ne débarquait pourtant pas en terrain conquis. Effectif offensif surchargé, concurrence féroce, pression immédiate : comment un gamin de 18 ans, tout juste arrivé en Europe, pouvait-il s’imposer dans une équipe championne du monde des clubs, surfant sur une vague de confiance collective ? Réponse : tranquillement.
Le génie s’est révélé progressivement. D’abord en préparation, puis au fil des matchs, sans pour autant s’installer immédiatement comme un titulaire indiscutable, surtout en Premier League. Mais à chaque fois que la chance lui a été donnée, Estêvão a su la rendre à son entraîneur, Enzo Maresca. Titularisé, le Brésilien s’est montré décisif. Sorti du banc, il a tout autant su tirer son épingle du jeu, avec comme véritable rampe de lancement ces quinze minutes face à Liverpool, conclues par le but de la victoire à domicile pour les Blues. Et puis il y a ce mardi soir, isolé sur l’aile gauche : crochet court, lecture juste, et une frappe puissante du mauvais pied, le droit, envoyée sous la barre de Joan García. Brutal. Clinique. Avec ce but contre Barcelone, Estêvão devient le troisième teenager à marquer lors de chacune de ses trois premières titularisations en Ligue des champions. Les deux autres ? Mbappé et Haaland. Rien que ça.
Et sinon Estêvão a marqué CE but face à Barcelone ce soir 🫠 18 ans, 5 matches de Ligue des champions : on assiste à la naissance d'un phénomène 😵💫#CHEBAR | #UCL pic.twitter.com/waGq2w3Xy2
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) November 25, 2025
Le frisson confirmé
Cela fait longtemps qu’Estêvão vit sous les projecteurs. En Europe, en mai 2024, Chelsea officialisait son transfert pour une arrivée à l’été 2025. Quelques mois plus tard, il découvrait la sélection brésilienne et devenait le cinquième plus jeune joueur de l’histoire à porter le maillot auriverde. Derrière Endrick, les anciens coéquipiers de Pelé, Coutinho et Edu, et Pelé lui-même. « Messinho », comme on l’appelle au Brésil en référence à son numéro 10 et à son pied gauche soyeux, a commencé tôt. Très tôt. À Franca, ville du nord-est de l’État de São Paulo davantage connue pour le basket et les usines de chaussures que pour le football, un gamin de 3 ans supplie un jour d’intégrer un entraînement qui n’était pas destiné à son âge. L’école n’acceptait les enfants qu’à partir de 5 ans. Mais son entraîneur, Serginho Carioca, fait une exception. Comme dans un film au scénario automatique. Depuis ce jour, Estêvão n’a jamais cessé d’être une terreur. Locale, puis nationale. Au point d’entendre depuis la main courante : « Sortez-le, Serginho ! Faire jouer Estêvão, c’est tricher, ce n’est pas juste ! », comme le confiait Carioca au Telegraph. Pour garder des matchs équilibrés, il le sortait parfois après deux ou trois buts. « Mais son père venait ensuite me dire : “Il veut être meilleur buteur.” »
Il a l’ADN brésilien à l’état pur : le flair, la joie, mais toujours avec de l’efficacité. Il casse les lignes défensives. Il est irrévérencieux, mais performant.
Depuis, c’est le départ de la course au prodige. Cruzeiro agit le plus vite. En 2017, le club signe l’enfant de 8 ans, allant jusqu’à créer une équipe de futsal U9 uniquement pour ne pas laisser filer un tel joyau. La folie, oui, mais aussi une sacrée vision. Hélas, les problèmes financiers du club forceront Cruzeiro à s’en séparer en 2021. Direction Palmeiras, ancienne maison de Gabriel Jesus et d’Endrick. Son moment fondateur arrive en finale nationale U17, victoire 3-0 contre São Paulo, triplé, match référence. Et même si cela fait plus d’une décennie que l’Europe pratique le trafic de jeunes talents au Brésil, Estêvão est passé entre les mailles du filet madrilène et de Florentino Pérez, mais pas de ceux de Chelsea. Une première rencontre est organisée en juillet dernier alors que le jeune de 18 ans jouait encore à Palmeiras lors de la Coupe du monde des clubs. Et ironie magnifique : le 5 juillet 2025, les supporters de Chelsea n’ont jamais autant aimé un but adverse que celui inscrit par Estêvão lors de leur quart de finale de la Coupe du monde des clubs. Le prologue d’une aventure parfaite.
Ce qu’il peut devenir pour le Brésil
En sélection, le constat est tout aussi limpide. Estêvão est déjà un incontournable pour Carlo Ancelotti, qui l’a convoqué à chaque rassemblement depuis sa prise de poste. Bilan brut : 6 matchs, 5 buts. Titulaire presque indiscutable, déjà. Anecdotique mais révélateur : face à la Tunisie, c’est lui qui prend le penalty. Devant lui sur le terrain ? Matheus Cunha, Rodrygo, Vinícius Jr. Des joueurs qui auraient bien aimé retrouver un peu de confiance. Mais non. C’est Estêvão qui se saisit du ballon. Ironie du sort, un second penalty est sifflé à la 78e minute : cette fois, Paquetá s’en charge. Estêvão est toujours sur la pelouse. Paquetá manque le cadre. Comme quoi, ce n’est jamais « juste un penalty ».

Dans le jeu, Estêvão est ce que le Brésil fait de mieux quand il va bien. João Paulo Sampaio, directeur de l’académie de Palmeiras, le résume parfaitement : « Il a l’ADN brésilien à l’état pur : le flair, la joie, mais toujours avec de l’efficacité. Il casse les lignes défensives. Il est irrévérencieux, mais performant. » L’efficacité est sans doute le mot-clé. Des joueurs de ce profil, le Brésil en a connu. Savinho, par exemple. Talent, percussion, promesses. Mais aujourd’hui, Estêvão a déjà plus de buts avec Chelsea que Savinho avec Manchester City en plus d’un an et demi. Et même s’il doit encore franchir de nombreuses étapes avant de se hisser à la table des grands, très grands, les débuts de sa carrière se révèlent déjà captivants. Quoi qu’il en soit, face à Barcelone mardi soir en Ligue des champions, Estêvão a ajouté un chapitre prometteur, avant peut-être de rédiger le plus beau lors de la prochaine Coupe du monde. Vivement.
Estêvão sera chaud !Par Sacha François

























