- Coupes d'Europe
Clubs français : Un pré-bilan positif…
Evidemment, tout le monde rêve d'un remake de 2004, quand Monaco avait atteint la finale de Ligue des Champions et l'OM la finale de feue la Coupe de l'UEFA. On en est encore très loin pour cette année 2010. Mais on peut quand même se satisfaire des résultats intéressants de Lyon, Bordeaux, Lille et Marseille. C'est déjà ça...
Bon, ben les stats, d’abord. Nos quatre clubs jouaient deux 8èmes aller en C1 et quatre aller-retour en 16èmes de C3. Bilan plus que positif : 5 victoires, un nul et zéro défaite. Alors, OK, l’OM avait un adversaire pas trop coriace (FC Copenhague). Reste que les Olympiens se sont quand même arrachés à l’aller pour gagner à l’extérieur (3-1). Pour les autres, pas de chichis : le Real, l’Olympiakos chez lui et le Fenerbahçe étaient des clients sérieux. Si on a salué à sa juste valeur la victoire lyonnaise 1-0 contre le Real, ainsi que la qualification au courage des Lillois en Turquie (1-1, après le 2-1 à dom), il faut insister sur la belle victoire des Bordelais à Athènes. Certes, l’Olympiakos n’était pas le client le plus sérieux des 8èmes, mais encore fallait-il le battre chez lui proprement, c’est-à-dire sans encaisser de but. Ces six matchs sans défaite illustrent sans conteste un état d’esprit un peu nouveau dans le foot français. Combien de fois a-t-on entendu entraîneurs et dirigeants français professer des ambitions molles en Coupes d’Europe (Aulas excepté), notamment en Europa League ? A ce titre, on peut en vouloir un peu aux Toulousains d’avoir raté leur dernière ligne droite contre Bruges en Tour Préliminaire, même si le drame de Belgrade a pesé aussi…
L’état d’esprit plus conquérant tient donc souvent aux hommes en place et heureusement pour le foot français, quelques personnalités bien trempées président aux destinées de nos clubs européens. A l’OL, le trio Aulas-Puel-Lacombe poursuit la même politique volontariste en Ligue des Champions. La victoire contre le Real a démontré que même moyen en L1, Lyon savait se remettre à niveau sur le plateau continental. Avant d’arriver à Lyon, Claude Puel s’était déjà illustré avec Lille en compétitions européennes. Idem à Bordeaux où après une saison en Coupe de l’UEFA frustrante (élimination par Anderlecht en 2008) et un bizutage en C1 l’an passé (4-0 à Chelsea et double défaite contre la Roma), Lolo Blanc a remis les chose d’équerre cette année avec des ambitions clairement affichées. On a vu le résultat : Bordeaux est invaincu en Ligue des Champions… A l’OM, même si Eric Gerets accordait une grande importance à l’Europe, Didier Deschamps s’est montré plus incisif. Deschamps a la Coupe d’Europe dans le sang. Marseille aussi. Donc tout concorde, en plus des autres tableaux où l’OM est encore impliqué (L1 et Finale de Coupe de la Ligue à suivre). A Lille, mêmes exigences continentales depuis Vahid Hallilodzic et Claude Puel. Rudi Garcia poursuit avec talent les ambitions de ses prédécesseurs et du président Seydoux, volontariste en diable depuis qu’il dirige Lille depuis 2002. On récapitule : Blanc, Triaud, Deschamps, Garcia, Seydoux, Aulas et Puel. Un discours et des actes.
Dans le contenu, on doit souligner un trait commun aux quatre coaches qui nous intéressent : la rigueur défensive. Non pas que leurs équipes pratiquent un jeu frileux et attentiste. C’est même exactement le contraire. A preuve, leur bon classement respectif en tête de la L1 (tous dans les 5 premiers). Mais tous, en bons techniciens, savent que le premier des fondamentaux, c’est l’assise défensive. On n’insistera pas sur le LOSC et son fantastique milieu, non plus sur la discipline vigilante et ultra concentrée imposée par Lolo Blanc à ses Girondins. Alors, juste les cas lyonnais et marseillais. A l’OL, c’est la solidarité retrouvée au pressing, le resserrement des lignes et la remontée du bloc-équipe un peu plus haut qui a complètement étouffé le Real à Gerland. L’OL n’encaisse quasiment plus de buts depuis début 2010… Même progression tactique à l’OM où Deschamps exige depuis quelques semaines une plus grande vigilance et une concentration redoublée en défense. Meilleurs exemples : Brandao, monstre de sacrifice pour le collectif et surtout Hatem Ben Arfa, qui consent enfin à redescendre un peu, à faire du pressing et à démarrer les offensives un peu plus bas. Reste à peaufiner l’axe central en défense. L’OM est en retard et encore déficient dans ce secteur, même si la charnière Mbia-Diawara se met progressivement en place. Contre Benfica, les errements axiaux observés contre le Real seront rédhibitoires…
Ce bilan provisoire « positif » en Coupes d’Europe s’explique aussi par l’augmentation qualitative de la L1. Bien sûr, notre championnat ne va pas tailler des croupières au Calcio, à la Liga, à la Premier League voire à la Bundesliga (plus médiatisée que la L1 en termes de diffusions TV). Mais, on note des progrès constants depuis deux-trois saisons : moins de 0-0 tout pourris et plus de concurrence sportive entre plusieurs clubs qui ont de vraies ambitions au niveau du jeu. Grâce aux quatre entraîneurs cités plus haut, auxquels on peut ajouter l’inusable Jean Fernandez (l’AJA en Coupe d’Europe l’année prochaine, on aimerait voir), la bonne surprise René Girard (Montpellier), le constant Christian Gourcuff, ou l’intrépide Montanier (Valenciennes), etc… Si la stabilité règne encore la saison prochaine au poste d’entraîneur, on pourrait avoir un championnat de France passionnant, pour peu que Rennes, Monaco, voire Paris assument enfin leur statut de clubs « historiques » .
Voilà, rien n’est fait : tout commence. Ballottage favorable pour Bordeaux qui devrait atteindre les quarts, une première depuis 2006 (OL-Milan AC). Pour les autres, ce sera plus difficile. Pour l’OL, fifty-fifty : un Real avec un grand Cristiano Roro peut faire très mal, mais un Lyon aussi discipliné et bien planté sur ses bases peut réaliser un bon coup. Epreuve de vérité et réel étalonnage aussi pour le foot français avec Lille et Marseille : les premiers reçoivent Liverpool à l’aller quand Marseille se rendra d’abord à Lisbonne pour y défier le Benfica. Le Real, les Reds et le Benfica : le test parfait, riche en enseignements futurs. Si seulement les footballeurs lillois, bordelais, marseillais et lyonnais qui n’ont jamais atteint les quarts savaient la saveur hyper exaltante de jouer l’Europe au doux mois d’avril…
Chérif Ghemmour
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