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Charles Kaboré : « Le monde en sortira forcément différent »

Propos recueillis par Alexis Billebault
Charles Kaboré : « Le monde en sortira forcément différent »

Le championnat de Russie a été suspendu au moins jusqu’au 10 avril prochain, en raison de l’épidémie de coronavirus. Charles Kaboré, le milieu de terrain burkinabé du Dynamo Moscou, s’attendait à cette décision. Confiné dans son appartement moscovite, l’ancien Marseillais observe l’évolution de la situation, notamment en France et en Russie, et s’efforce de rester optimiste.

Le Dynamo a disputé son dernier match à Grozny le 16 mars (3-2). Depuis, vous avez appris la suspension des compétitions…Oui, et c’est logique. Toutes les compétitions sportives sont suspendues au moins jusqu’au 10 avril prochain. On sait que ça pourrait durer plus longtemps. Mon club a demandé aux joueurs de rester au maximum à la maison, de limiter les sorties et les contacts. Les entraînements doivent reprendre en théorie le 23 mars, mais à ce jour, je ne sais pas si cela sera le cas. En attendant, on a un programme pour s’entretenir physiquement à domicile, en faisant du gainage, par exemple.

La Russie était un des derniers pays à poursuivre son championnat. Avez-vous été surpris ?Certains clubs pouvaient jouer avec du public, d’autres à huis clos. Les autorités russes ont estimé jusqu’au début de la semaine qu’on pouvait jouer. On sait qu’il y a des cas de coronavirus dans le pays (147 cas le 18 mars, N.D.L.R.). Lors des dernières journées de championnat, je n’ai pas remarqué qu’il y avait moins de spectateurs que d’habitude dans les stades. Sur le terrain, je n’avais pas forcément d’appréhension particulière. Mais je pense que c’est mieux de tout arrêter, de prendre toutes les précautions nécessaires. La santé avant tout. Les instances du football ont eu raison de reporter l’Euro 2020 ou les matchs qualificatifs pour la CAN 2021, prévus fin mars.

Avez-vous l’impression que la vie commence à changer en Russie ?Il y a peut-être moins de voitures qui circulent, peut-être moins de monde dans les rues. Comme je suis chez moi, je ne me rends pas vraiment compte. Les gens continuent à sortir, la vie continue, les commerces sont toujours ouverts (certaines villes russes ont interdit les rassemblements de masse, N.D.L.R.). Les gens vont faire des provisions dans les supermarchés. Il y a une forme d’inquiétude, c’est normal. Les gens sont prudents. Je ne sais pas si le gouvernement russe va imposer le confinement de la population. Les autorités prendront les décisions qui s’imposent. L’école française où vont mes deux enfants est ainsi fermée. L’épidémie touche toute la planète, je pense que les autorités russes vont prendre de nouvelles mesures. Je ne savais pas combien il y a de cas en Russie. Ces derniers temps, on jouait, on se déplaçait. On savait juste qu’il y avait des cas, comme dans presque tous les pays du monde.

Suivez-vous de près la situation en France ?Bien sûr.

Je regarde les chaînes d’information, mais pas toute la journée, car c’est anxiogène.

Je regarde les chaînes d’information, mais pas toute la journée, car c’est anxiogène. J’ai de la famille, des amis qui vivent en France. La vie n’est plus la même. Les gens sont chez eux, je pense que ça doit être difficile pour ceux qui vivent dans un petit appartement, mais il s’agit de sauver des vies, de se protéger et de protéger les autres. Le confinement, c’est la meilleure chose à faire.

Pourtant, cela n’empêche pas des Français de faire n’importe quoi et de ne pas respecter les consignes, en allant s’entasser comme des harengs dans les parcs et les jardins publics, dimanche, alors que le gouvernement avait pris la veille au soir de nouvelles mesures…

Ça doit être difficile pour ceux qui vivent dans un petit appartement, mais il s’agit de sauver des vies, de se protéger et de protéger les autres. Le confinement, c’est la meilleure chose à faire.

Oui, j’ai vu ça. Ce ne sont pas de bonnes attitudes. On a face à nous un virus grave, dont on ne sait pas tout. Moi, je me demande pourquoi, en Italie, il y a de plus en plus de gens contaminés et de décès, alors que le pays est confiné. Alors, il ne faut pas prendre ce virus à la légère. Le gouvernement français a donné des consignes, il faut les respecter. Je pense que si les autorités russes décrètent le confinement, les gens seront beaucoup plus disciplinés. En ce qui me concerne, le staff médical du Dynamo Moscou a donné des consignes strictes, et je les respecte. Et je pense que c’est le cas des autres joueurs de l’effectif.

Vous parlez beaucoup de cette épidémie avec vos coéquipiers ?J’ai Clinton Njie au téléphone de temps en temps depuis que les entraînements ont été suspendus. On en parle, c’est le sujet de conversation du moment. Avec les autres, non, il n’y a pas trop d’échanges sur ce sujet. Moi, je ne veux pas parler de ça toute la journée. J’ai les enfants à la maison. Comme il n’y a plus d’école, avec ma femme, on essaie d’organiser les journées : on se repose, on fait les devoirs, on fait des activités avec eux, on écoute de la musique, on danse. L’avantage, c’est que dans la résidence où nous vivons, il y a un parc, des commerces, une pharmacie…

En Afrique, il y a moins de cas qu’en Europe, mais le virus circule, et le Burkina Faso, votre pays, est déjà touché…

Parler de confinement de la population, dans un pays d’Afrique subsaharienne, ce n’est pas aussi évident qu’en Europe. Les gens doivent sortir pour travailler et nourrir leur famille. C’est pour cela que je crains un développement de l’épidémie en Afrique, où on a déjà assez de problèmes.

J’ai encore beaucoup d’amis, de la famille, là-bas. Les gens sont inquiets. Car la plupart des pays africains n’ont pas les mêmes moyens qu’en Europe, qu’aux États-Unis, par exemple, pour s’occuper et soigner les personnes qui sont infectées. Et parler de confinement de la population, dans un pays d’Afrique subsaharienne, ce n’est pas aussi évident qu’en Europe. Les gens doivent sortir pour travailler et nourrir leur famille. C’est pour cela que je crains un développement de l’épidémie en Afrique, où on a déjà assez de problèmes. On sait de toute manière qu’il faudra plusieurs mois pour trouver un vaccin. Le monde en sortira forcément différent. Mais il ne faudrait surtout pas, une fois que nous aurons vaincu le virus, qu’on se méfie de son prochain, qu’on panique au moindre éternuement.

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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