L'expérience de Walter Samuel
Lorsqu'il arrive à Bâle en juillet dernier, Walter Samuel crée une petite surprise. Non prolongé par l'Inter, l'Argentin était à la recherche d'un nouveau défi avant d'arrêter sa carrière. Pour décrire sa signature, Bernhard Heusler, le président de Bâle, parle « de grande personnalité et d'expérience » . Il faut dire qu'à 36 ans, si Samuel a bien quelque chose à apporter à un groupe, c'est de l'expérience. 68 matchs de Champions League, une victoire finale en 2010 face au Bayern, et une pléthore de petits coups derrière les mollets, de tacles bien sentis, et de chutes « à l'expérience » . Pas de doute, le défenseur argentin est un monstre de savoir-faire européen.
Pourtant, ses débuts se passent mal. Son premier match de C1 sous les couleurs rouge et bleue se révèle être un enfer. Face au Real, les Suisses coulent (5-1), et l'ancien Nerazzurro sort à l'heure de jeu. Une performance pas à la hauteur des attentes, qui vaut à Samuel de ne pas beaucoup jouer sous son nouveau maillot (à peine plus de 300 minutes en championnat). De retour dans le groupe pour les deux derniers matchs de Ligue des champions, l'ex-Interiste et son gros bagage européen semblent incontournables pour surmonter l'obstacle portugais. Même s'il ne joue pas, l'expérience des matchs à enjeu est un atout inestimable dans un vestiaire jeune, et peu habitué à de telles rencontres.
Retenir les leçons du passé
Il faut dire que derrière Samuel, les joueurs d'expérience se comptent sur les doigts d'une main. Philipp Degen a certes joué à Liverpool l'année où les Reds sont éliminés en demi-finale par Chelsea, mais le latéral n'était pas dans le groupe. Marco Streller, au club depuis 2007, a participé aux dernières campagnes européennes de Bâle, mais manque de vécu sur la scène internationale malgré ses 33 ans. Dans un effectif où les deux tiers des joueurs ont moins de 26 ans, la lumière pourrait aussi venir du coach helvète. Paulo Sousa est un entraîneur d'expérience, en témoigne son palmarès en tant que joueur. Le Portugais a remporté deux Ligues des champions, sous les couleurs de la Juventus en 1996, et celles de Dortmund l'année suivante. Ajoutez à ça une bonne connaissance du championnat portugais, et vous obtenez le mélange parfait pour faire tomber Porto.
Bâle doit aussi utiliser son propre vécu européen, pour ne pas répéter les erreurs du passé. Il y a trois ans, le club avait déjà atteint les huitièmes de finale. Face au Bayern, l'exploit avait même été réalisé à l'aller, avec une victoire 1-0 au Parc Saint-Jacques. Toutefois, manque d'expérience ou simple manque de talent, les petits Suisses avaient été étrillés 7-0 au retour. Cette fois, Bâle semble avoir retenu la leçon. Les joueurs de Sousa sont capables de hausser leur niveau de jeu, comme en témoignent leurs matchs face à Liverpool (1-0, 1-1), ou la courte défaite contre Madrid (1-0) en phase de poules. Sousa l'a annoncé, son équipe est ambitieuse. « Nous avons montré que l'on pouvait imposer notre style sur les plus grands terrains d'Europe. Nous allons inévitablement poser des problèmes à Porto. » Alors non, Bâle n'est pas prétendant au titre final. Une qualification en quart signifierait probablement un gros tirage, et donc la fin de l'aventure. Et de toute façon, c'est Porto qui tient la corde. Mais le rôle de l'outsider n'est-il pas de rebattre les cartes ?
Par Pierre-Valentin Lefort
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