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Zidane, à qui gagne perd ?

Par Robin Delorme, à Madrid
4 minutes
Zidane, à qui gagne perd ?

L'esprit et la règle ne semblent pas faire partie du vocabulaire du football espagnol. Pour le moment sans le diplôme requis – qui lui sera remis en mars – Zinédine Zidane est sous le joug d'une suspension de trois mois. Après la pluie, l'orage, donc.

« C’est un plaisir de pouvoir travailler et d’apprendre d’un si grand entraîneur. Zizou le génie ! » « Grande ! Top. » En deux messages de moins de 140 signes, photos à l’appui, Arbeloa et Marcelo, non convoqués par leurs sélections respectives et donc présents lors des entraînements du Castilla, ont rendu un hommage tout aussi sincère que savamment orchestré à Zinédine Zidane. Une opération de com, en quelque sorte, qui fait suite aux nombreuses embûches que sèment les débuts de ZZ au poste d’entraîneur en chef. Enfin, de second entraîneur… Oui, car au pays de la tauromachie et de la crise économique, le « caso Zidane » excite, divise et fait jaser. Alors qu’il ne dispose toujours pas du fameux diplôme lui permettant d’exercer sous la casquette d’entraîneur principal, le Français est sous le coup d’une interdiction de coacher. Le trop sérieux Comité de compétition a d’ailleurs saisi la RFEF. Ce vendredi, la Fédération a proposé un accord à « l’amiable » au Real Madrid : une mise à l’écart de trois mois pour Zizou alors qu’elle peut grimper à six. La balle est désormais dans le camp merengue.

« Une honte »

Pourtant, la semaine de la plus célèbre calvitie hexagonale avait bien commencé. Dimanche, dans le fin fond du Pays basque, face aux campagnards et premiers du groupe de Barakaldo, le Real Madrid Castilla s’est imposé sur la plus petite des marges. Un but sur penalty de Medran qui permet aux Madrilènes de troquer leur bonnet d’âne et de pointer à la 18e place (sur 20) du groupe II de Segunda B. Rien de bien fameux, mais une éclaircie plaisante dans le ciel assombri de Zinédine Zidane. De courte durée, aussi. Avant cela, plus que les cinq défaites en six rencontres, le Castilla trustait les Unes des canards espagnols pour le conflit qui l’oppose au comité des entraîneurs espagnols. Une guéguerre entamée dès cet été et qui met en exergue le fonctionnement étrange des institutions sportives outre-Pyrénées. À l’instar des expatriés et de leur NIE – un numéro providentiel, mais plus que longuet à décrocher –, il n’existe pas d’équivalence parfaite entre diplômes français et espagnols. Alors que le fameux sésame lui sera délivré par la FFF en mars prochain, il vit actuellement dans l’illégalité sous sa guérite espagnole.

L’astuce, comme le loup blanc, est connue de tous. Un prête-nom, en l’occurrence Santiago Sánchez, dispose du diplôme requis et signe les feuilles de match avant de reprendre son rôle de l’ombre. Sauf qu’en Espagne, ça ne passe pas. Encore moins lorsque l’on se nomme Zinédine Zidane. Les soupçons de passe-droit fleurissent et des voix commencent à s’élever. Celle de Paco Jémez a raisonné plus que d’autres. « C’est une honte. Je ne sais pas pourquoi j’ai passé mon diplôme si en Espagne l’on peut entraîner sans diplôme, s’était emporté le coach du Rayo Vallecano vendredi dernier dans une interview à la radio Cadena Cope. Avec tout le respect pour Zidane, je ne le considère pas comme un collègue parce qu’il n’est pas diplômé. Quand il le sera, je le considérerai comme un collègue. » Des palabres qui ont amené une réponse dès le lendemain de Carlo Ancelotti : « Il a trop parlé. Zizou fait un cursus de deux ans avec la Fédération française. Dans d’autres pays, il pourrait entraîner dans le cursus. Ici, la règle est différente. »

Un Hollandais volant à la rescousse

D’autres noms ronflants sont également venus à la rescousse du Ballon d’or 98. « Je préfère avoir un entraîneur sans diplôme comme Zidane qu’un entraîneur avec diplôme qui n’y connaît rien » , a ainsi déclaré sa seigneurie Johan Cruijff. Et toc, dans les dents Paco. Le Hollandais volant, justement, a connu une situation similaire. C’était au début des nineties, et Carles Rexach signait alors les feuilles de match du Barça. Plus tard, la Fédération espagnole avait même offert à Cruijff le fameux diplôme. Même topo pour Javier Clemente, instigateur de ce tour de passe-passe en Espagne, qui entraînait alors le CD Basconia en 1976-77 sans la moindre ligne dans son CV d’un quelconque brevet. A contrario, en 2010, Alejandro Ceballos, coach de San Roque de Lepe, club de Segunda B, avait été suspendu durant six mois alors que son employeur devait se soumettre à une amende salée. Difficile donc d’évoquer la jurisprudence tant les exemples sont divers et variés. Avec la « proposition » de la RFEF de suspendre Zizou « seulement » trois mois, un compromis ne semble pas inaccessible. Le choix de Zidane d’entamer son aventure d’entraîneur avec le Real Madrid Castilla n’a lui jamais été aussi remis en cause.

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