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Vie et mort de Manchester United

Par Quentin Ballue
4 minutes

Le dénommé Manchester Zdrawkov Levidzhov-United s’est éteint à l’âge de 62 ans. Cet ouvrier bulgare s’est fait connaître à travers sa passion sans limite pour Manchester United, au point de changer son nom et de se faire tatouer le blason du club sur le crâne. Un drôle de personnage.

Vie et mort de Manchester United

Manchester United est mort. Pas le club – bien qu’il soit dans un état inquiétant sportivement et qu’il soit dirigé de manière plus que hasardeuse – mais le supporter inconditionnel des Red Devils, qui s’est battu pendant plus d’une décennie pour pouvoir porter le même nom que son club chéri. Marin Zdravkov Levidzhov, de son état civil d’origine, était âgé de 62 ans. Il travaillait sur un chantier en Bulgarie, avec les images de ses idoles en boucle dans sa tête. Un personnage atypique qui ne reculait devant rien pour mettre à l’honneur son équipe.

« Dieu connaît mon vrai nom »

Comme toute une génération, Marin Zdravkov Levidzhov s’est pris une claque monumentale le 26 mai 1999 en voyant les corners de David Beckham renverser le Bayern au Camp Nou. Une soirée qui a changé à tout jamais l’histoire du club, et la vie du Bulgare. Originaire de Svishtov, une petite ville collée à la frontière avec la Roumanie, il attrape le virus United par son père. « Enfant, j’avais cinq grands rêves : assister à la chute du communisme, assister à un concert de Deep Purple, voir Manchester United champion d’Angleterre et vainqueur de la Ligue des champions, et l’Angleterre championne du monde », confiait-il à 11 Freunde. Après le triplé Premier League-FA Cup-Ligue des champions de 1999, Marin Zdravkov Levidzhov se lance dans une folle aventure : changer de nom pour fusionner avec le club mancunien.

Il se fait d’abord baptiser dans une église orthodoxe sous le nom de Manchester United Zdravkov Levidzhov. « Au moins, Dieu connaît maintenant mon vrai nom », dira-t-il. Levidzhov engage aussi un combat juridique, pendant lequel nombre de juges lui ont claqué la porte au nez. Un jour, l’un d’eux donne son feu vert pour qu’il adopte le prénom Manchester. Une première victoire ? Pas du tout pour le fanatique, un poil jusqu’au-boutiste. « Je ne veux pas porter le nom d’une ville anglaise, mais celui du club de football », rétorque-t-il. Son acharnement a fini par payer au bout de quatorze années, où son état civil a officiellement évolué en Manchester Zdravkov Levidzhov-United. Cerise sur le gâteau : il s’est fait tatouer le blason du club en plein sur le front, histoire de ne laisser aucune place au doute. Manchester United, c’est lui ! Et tant pis s’il perdait systématiquement au devine-ête, tant que le mythique Diable rouge brillait sur son crâne chauve.

Ronronne comme Beckham

Monsieur Manchester United, comme il fallait désormais l’appeler, voyait la vie en rouge. Chez lui, chaque mur était un support potentiel à écharpes, drapeaux, photos, casquettes et à d’innombrables traces de la grande histoire des Red Devils. Mention spéciale pour Wayne Rooney, Ryan Giggs, Dimitar Berbatov et David Beckham, particulièrement bien représentés dans son antre. Il avait même donné le nom du Spice Boy à sa chatte. Tous les chatons à qui elle a donné la vie ont à leur tour été baptisés en hommage aux légendes mancuniennes. À n’en pas douter, Rio, Giggs, Rooney et compagnie ont été choyés. « Je suis sûr que mon père, parti au paradis depuis longtemps, serait fier de moi », assurait l’intéressé en 2013.

En août 2014, il quitte sa Bulgarie, direction Manchester, pour la première fois. L’ouvrier se rend à Old Trafford pour visiter le théâtre de ses rêves. Dans la foulée, il assiste au match de ses protégés contre Sunderland, au Stadium of Light. Les Red Devils, avec Robin van Persie, Wayne Rooney et Darren Fletcher dans le onze, ne lui font pas vraiment honneur en ne ramenant qu’un point malgré un but de Juan Mata (1-1). Le plus grand moment de sa vie, malgré tout. Les larmes ont coulé d’une émotion sincère – là où d’autres pleuraient simplement de voir Tyler Blackett ou Michael Keane sous le maillot mancunien.

Monsieur Manchester United reviendra sur cette terre sacrée en 2017, comme un pèlerin. Un documentaire, My Mate Manchester United, lui a été consacré en 2011. Levidzhov a quitté ce monde sur une victoire de son équipe, le 4 octobre, contre… Sunderland. D’aucuns diraient qu’il n’a pas pu supporter la lente décrépitude de United, piteux quinzième de Premier League la saison passée. Le club a réagi par la voix d’un porte-parole ce mardi, en déclarant sobrement : « Nous sommes profondément désolés d’apprendre cette nouvelle et envoyons nos condoléances à sa famille et ses amis. » Il aurait sans doute mérité mieux, mais cela fait longtemps que Manchester United ne donne plus grand-chose à ses fans.

Manchester United est mort

Par Quentin Ballue

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