- Mondial
- 1/4
- Argentine/Allemagne
Very bad « Tripes »
Ce sera donc la 6ème rencontre en Coupe du Monde de football entre les deux équipes. Retour sur l'historique de ces matchs où le beau jeu fait souvent place au tumulte.
1958 : Allemagne-Argentine 3-1
Etonnamment la toute première rencontre entre ces deux Nations phares du football a lieu en Suède lors de la Coupe du Monde 1958. L’Allemagne, tenante du titre, doit affronter une Argentine favorite des bookmakers qui retrouve la plus grande compétition de football suite à une absence volontaire lors des trois derniers tournois mondiaux. La partie commence avec des Gauchos arborant des maillots jaunes, les couleurs du club local de Malmö puisque leurs tricots bleus à rayures blanches se confondent avec le blanc de celui de l’Allemagne. Et comme la télévision diffuse en noir et blanc… Très nerveux, privés de sommeil à cause d’une météo oppressante et humide, les joueurs de la Nationalmannschaft subissent dés la 3ème minute la pression argentine et le défenseur Juskowiak laisse Corbatta tromper le gardien Herkenrath. C’est alors que deux anciens « Héros de Berne », Fritz Walter et Helmut Rahn prennent les choses en main et invectivent leur équipe : but de Rahn et Seeler avant la pause. Si l’Allemagne remporte finalement la rencontre 3-1 avec un nouveau goal de l’indispensable Rahn, c’est le masseur Erich Deuser qui récolte le plus de travail vues le nombre d’ecchymoses fleurissant après le match. La presse germanique titre : « 3-1 ! Qui est le véritable champion contre l’Argentine ? » . Tandis que le journal La Prensa écrit que « les Argentins ont été forcés de reconnaitre clairement la supériorité de l’équipe allemande » .
1966 : Allemagne-Argentine 0-0
45 000 spectateurs à Birmingham suivent une pauvre rencontre marquée par d’incessantes fautes : 21-11 pour les gauchos ce qui fait dire au sélectionneur Helmut Schön : « Franz Beckenbauer ne sait plus ce que c’est l’offensive à force de se prendre des coups. Tous mes joueurs étaient pétrifiés ! » . Le célèbre journaliste Joe Viellvoye écrit dans Sports Illustrated : « il n’y a pas de place dans les stades, du moins pas en Europe, pour les taureaux de la Pampa ! » .
1986 : Argentine-Allemagne 3-2
Ce sont deux équipes membres de la caste des Champions du Monde qui s’affrontent en finale à Mexico. Maradona est à l’apogée de sa carrière et draine avec lui toute son équipe dont Valdano et Burruchaga. Sur le banc argentin Bilardo. Sur le banc allemand le Kaiser Beckenbauer a pris les rênes de la sélection après l’échec de l’Euro 84. C’est une période où les vertus du combat et de la discipline emportées par de « vieux » guerriers allemands suffisent pour atteindre une finale mondiale. « Il y avait un silence de mort puis Maradona se mit soudain à hurler invoquant sa mère « Tota » la suppliant de le protéger » raconte Valdano des années plus tard pour expliquer l’ambiance dans le vestiaire avant le match. Le respect pour le football allemand est alors énorme. Valdano encore au sujet de Maradona : « Vous avez peur à l’idée de les affronter ? Ne vous inquiétez pas, moi aussi j’ai peur ! » . La suite tout le monde la connait. Menée 0-2, la Nationalmannschaft revient à 2-2, grâce notamment au blessé Rummenigge, et se fait crucifier par une contre-attaque emmenée par Maradona à cinq minutes de la fin du match. Beckenbauer : « Je suis fier de mon équipe, ce que nous avons accompli en si peu de temps est merveilleux » .
1990 : Allemagne-Argentine 1-0
La revanche a lieu 4 ans plus tard. « C’est un moment fort et historique de voir l’Allemagne de l’Ouest remporter cette compétition » écrit un journal…anglais ! La RFA favorite, gagne, d’après Beckenbauer, la guerre psychologique en arrivant la veille sur le terrain du stade olympique avec une 1/2 heure d’avance sur l’horaire prévu pour s’entrainer…forçant les Argentins à « se replier sur leur moitié de terrain et à nous faire de la place » . En finale, une équipe d’Argentine décimée ne peut que résister jusqu’à la 85ème minute. 85ème…but de Burruchaga en 1986, but de Brehme en 1990…la revanche symbolique est totale ! « Nulle autre équipe que la Nationalmannschaft ne mérite plus que nous ce titre » signé Beckenbauer.
2006 : Allemagne-Argentine 1-1 (5-3)
« Notre main de Dieu ! » . Ainsi titre Bild après l’exploit de Lehmann lors des tirs au buts. Andreas Kopke donne un petit morceau de papier au gardien de la sélection avant l’épreuve des tirs au but où sont énoncées les caractéristiques des tireurs argentins : ceux d’Ayala et Cambiasso seront arrêtés. Klinsmann, le Bundestrainer, déclarera : « Nous avons vu jouer les deux meilleures équipes du tournoi. C’est terrible que cela se finisse de cette façon » . Une fois de plus les Argentins se montrent mauvais perdants et des coups de poing et de pieds sont échangés après la rencontre. Frings, dénoncé par des images de la télévision italienne est suspendu pour la suite de la compétition.
Ce soir, sur le rectangle vert, à l’heure où les deux sélections se jaugeront d’un œil averti par ces précédents duels, nul doute que les tripes, autant que les esprits, seront fidèles – et échauffées – pour ce nouveau rendez-vous.
Polo
Par