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Va donc chez Spedding

Par Maxime Brigand
Va donc chez Spedding

Depuis le début de la Coupe du monde, il est l'une des seules vagues d'espoir d'un XV tricolore en manque de génie. Titulaire indiscuté, professionnel indiscutable, l'arrière des Bleus a intégré pleinement la colonne vertébrale mise en place par Philippe Saint-André. Retour sur la route, avec Chris Froome et un sac à dos coincé sur l'épaule.

Jean-Dauger est un théâtre. Un centre névralgique dont le fonds de commerce a longtemps été le mélodrame de l’incertitude du sport. Si, malgré la descente de l’Aviron bayonnais en Pro D2 il y a quelques mois, le prestige de l’enceinte est resté, la passion a évolué. Le rugby aussi avec le temps, plus physique et organisé qu’avant. Dans cette évolution restent les héros, des soldats qui émergent de ce qui est souvent considéré, aujourd’hui, comme le meilleur championnat de rugby du monde. Des hommes auxquels le gosse des tribunes s’identifie, assis sur son siège et encore réchauffé par son écharpe colorée. En ciel et blanc, dans ce cas.

Et il y a les images. Un instant capturé qui, à l’heure des réseaux sociaux, fait le tour de milliers d’écrans en l’espace de quelques minutes. C’est en partie de cette force, aussi, qu’est né Scott Spedding, un soir de novembre 2014, dans les sous-sols de Jean-Dauger. Cette soirée-là, l’homme a explosé, devant une porte de vestiaire, en larmes devant Patrice Lagisquet, ancien joueur de l’Aviron, lui aussi, et devenu au fil du temps entraîneur adjoint de l’équipe de France. Spedding vient alors d’arriver au bout de son voyage, débuté près de vingt ans plus tôt, à Krugersdorp, dans le Nord-Est de l’Afrique du Sud. À 28 ans, Scott Spedding est alors convoqué chez les Bleus pour pallier le forfait de Brice Dulin, son homologue du Racing Métro. Face aux journalistes, l’arrière bayonnais craque : « Je pense à ma famille, je pense à mon père. Il était toujours là pour moi, j’ai passé des moments difficiles dans ma carrière. Ils ont fait beaucoup de sacrifices pour moi. Il n’y a pas de mot pour expliquer l’émotion. Le chemin a été long, il y a eu beaucoup de travail et aujourd’hui ça paye. » Scott est né, une seconde fois.

L’homme au sac à dos

Sa première fois, à Scott, son premier ballon, date de 1993. Le fils Spedding a alors sept ans et découvre pour la première fois le rugby dans la province minière de Gauteng. À cette époque, dans une Afrique du Sud en pleine transition, qui se prépare à organiser la Coupe du monde 1995, le sport est un moyen de s’évader. Déjà et peut-être plus qu’ailleurs. Son physique détonne et impressionne. Scott Spedding obtient alors une bourse pour rejoindre Johannesburg et le St John’s College. Le rugby y est obligatoire, et le jeune espoir y croisera d’ailleurs le cycliste Christopher Froome, tout juste arrivé du Kenya avec qui il jouera même au rugby quelques années.

Placé parmi les meilleurs joueurs de l’école, Spedding va rapidement être repéré par les Natal Sharks de Durban, club où évoluera plus tard Frédéric Michalak. Un contrat espoir lui est proposé et celui qui joue alors demi d’ouverture disputera même la finale de la Coupe du monde des moins de 21 ans face à la France en 2006. Il enchaîne alors quelques matchs professionnels avec les Sharks en Super 12, mais peine à affronter la rude concurrence dans un championnat basé sur l’impact physique et le jeu tourné vers l’offensif. Scott Spedding va alors se lancer un pari comme il le raconte souvent. « Je suis arrivé en France à l’âge de 21 ans pour rejoindre Brive, avec un sac à dos. Mon père me filait de l’argent tous les mois pour que je puisse tenir. » De son côté, son ancien coach chez les espoirs brivistes, Didier Casadeï se souvient d’un mec arrivé « avec déjà de grosses qualités physiques, excellent avec le ballon et avec une très forte accélération. Il avait la faculté de voir la bonne passe, forte et précise, au bon moment. On a très vite compris qu’on venait de récupérer un grand joueur. »

L’arrière, le tweet et la fierté

17 mai 2009, Aurillac. Spedding va définitivement changer de dimension, la jeune garde du CA Brive dans ses foulées. Ce jour-là, les moins de 21 ans du club remporteront le championnat de France espoirs face à l’ASM Clermont. Sur le banc, Didier Casadeï et Sébastien Bonnet soulèvent une génération formidable incarnée par la bande à Spedding, aux côtés de Dubarry, Domingo et Pélissié. En quatre ans, le demi d’ouverture va disputer près de 80 rencontres jusqu’à la relégation de Brive en Pro D2. « C’était quelqu’un de discret, un vrai timide, mais un gros travailleur. C’est sa force. Je pensais que ça irait plus vite pour lui, mais sa confiance en lui a fait le reste » , reprend Casadeï.

La suite sera basque, et l’homme fera tomber un monument : Cédric Heymans. Ailier international du Stade toulousain, débarqué à Bayonne en octobre 2011. Plutôt l’ombre d’un ancien indéboulonnable dont l’arrivée de Spedding va propulser la chute. Dès sa première saison à l’Aviron, le Sud-Africain prend la place de Heymans, le décale à l’aile et s’impose au poste d’arrière. En parallèle, après de multiples démarches, le joueur obtiendra sa nationalité française, qu’il annoncera par un tweet en septembre 2014, et ses premières sélections en équipe de France pour la suite qu’on lui connaît. « C’est pas facile de gérer un groupe de trente joueurs, mais avec un type comme lui, tout est plus simple, détaille l’ancien arrière international Sébastien Viars. Ce qui le différencie d’un joueur comme Brice Dulin, l’un de ses concurrents directs pour le poste, c’est sa qualité de jeu au pied. C’est un vrai atout, ce qui fait la force des nouveaux arrières face à des défenses plus regroupées. »

Reste, au-delà du joueur, un visage, imbibé de larmes. Celui d’un homme qui tremble à chaque note de La Marseillaise, qui casse les lignes adverses et porte aujourd’hui, quasiment seul, l’espoir d’une nouvelle génération française. Il est la relève. PSA lui a donné les clés et, après sa titularisation en ouverture contre l’Italie, Scott Spedding retrouvera sa place contre le Canada ce soir. Un poste d’arrière qu’il a adopté, sans bruit, et désormais sans réelle concurrence. La première étape d’un changement de dimension qui passera, dès la fin de sa parenthèse anglaise, par l’Auvergne et Clermont. Tout un symbole, au bout du chemin.

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Par Maxime Brigand

Tous propos reccueillis par MB, excepté ceux de Scott Spedding tirés d'une interview donné à France Télévisions.

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