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Top est Yerry
Le défenseur central colombien s'est une nouvelle fois imposé plus haut que tout le monde. Pour offrir à la fois la victoire et la qualification en huitièmes à des Cafeteros privés de leur leader James Rodríguez dès la trentième minute de jeu.
L’image est saisissante et fait peine à voir. Dans un mélange confus de sentiments proches de l’exaspération et la tristesse, James Rodríguez quitte la pelouse du stade de Samara la tête basse. Impossible pour lui, tant la douleur musculaire est prononcée, de rester sur le terrain pour tenter d’aller valider la troisième qualification en huitièmes de l’histoire de la sélection colombienne. Alors forcément, les nerfs du milieu du Bayern Munich lâchent.
Quelques coups de poing sur le gazon russe, une chaleureuse accolade de son capitaine et ancien coéquipier de Monaco Radamel Falcao pour le réconforter et une dizaine de pas, lents, pour quitter la pelouse et s’enfoncer dans le tunnel menant aux vestiaires. Sans James, impliqué jusque-là dans dix buts en sept matchs de Coupe du monde, la Colombie est orpheline. Et comme face à la Pologne dimanche dernier, c’est le Barcelonais Yerry Mina qui a sauté plus haut que tout le monde pour marquer deux buts d’une importance capitale et délivrer les Cafeteros. A star is born.
Poussé vers la sortie par le Barça
Yerry Mina n’a de toute façon pas pour habitude de baisser les bras. Le jeune défenseur central de 23 ans, arrivé l’hiver dernier à Barcelone en provenance de Palmeiras, n’a pas convaincu pour ses premiers pas sur le sol européen. Recruté pour onze millions d’euros, l’international colombien (treize sélections) a participé à six petites rencontres sous le maillot blaugrana. Sans jamais impressionner au point de pouvoir bousculer la hiérarchie. Quatrième défenseur central au Barça derrière Piqué, Umtiti et Vermaelen, le Colombien se verrait même poussé vers la sortie par les dirigeants catalans, qui souhaiteraient libérer une place d’extra-communautaire dans leur effectif (pour l’accorder à Arthur Melo, jeune milieu brésilien de 21 ans).
Quant à Mina, il serait remplacé numériquement par l’international espoirs Clément Lenglet en tant que quatrième défenseur central du Barça. Mais le natif de Guachené compte bien s’accrocher, comme il l’a annoncé à l’agence de presse espagnole EFE dimanche dernier : « Pour moi, le FC Barcelone est la meilleure équipe du monde. Je ne veux pas quitter le Barça et je ne le voudrai jamais. J’aime le club, j’aime la ville, les gens, les joueurs qui y sont… J’aime tout ! »
Deux buts en deux matchs
Et ses prestations lors de ce Mondial russe pourraient bien convaincre les dirigeants barcelonais de modifier leurs plans. Si ceux-ci souhaitaient patienter jusqu’à la fin de la compétition, espérant voir la cote de leur défenseur grimper en flèche pour le revendre à prix d’or, Yerry Mina prend une nouvelle dimension sur les gazons russes. Sur le banc lors de la déroute colombienne en ouverture face au Japon, Mina avait été titularisé par José Pékerman contre la Pologne. Et le défenseur central avait su parfaitement saisir sa chance. Un coup de casque ravageur avant la mi-temps pour ouvrir le score et guider les Cafeteros vers un succès, un marquage à la culotte sur Robert Lewandowski, rendu fantomatique, et une place définitivement grattée dans le onze de départ colombien.
Cette parenthèse enchantée dans une saison 2018 peu évidente à gérer, Yerry souhaite la prolonger au maximum. Et tant pis si la Colombie doit faire sans son maître à jouer, sorti prématurément quatre ans jour pour jour après sa merveille de reprise de volée contre l’Uruguay en huitièmes de finale du Mondial brésilien. Au marquage de Mané, Baldé et Niang, aux côtés de Davinson Sánchez, Mina s’est à nouveau montré autoritaire dans les duels, précieux dans les combats aériens et complémentaire avec le défenseur de Tottenham. Mieux, la qualité de son jeu de tête a une nouvelle fois permis à la Colombie de débloquer une situation qui a longtemps paru inextricable. Si la Colombie est en huitièmes, elle le doit en grande partie à son défenseur d’1,95 m, qui profite du feuilleton des problèmes musculaires de James pour endosser le costume de nouveau héros local. Un costume qui lui va pour le moment à ravir.
Par Maxime Feuillet