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Loïs Openda, le Lens-roquettes

Par Maxime Brigand

Meilleur buteur d’un Lens qui déboule à Paris déguisé en dauphin samedi soir, Loïs Openda, 23 ans, a su confirmer dès sa première saison en France sa capacité à faire d’énormes dégâts dans les grands espaces.

Loïs Openda, le Lens-roquettes

Il paraît que Loïs Openda est un type qui cavale à la dalle. L’histoire raconte ainsi qu’enfant, le natif de Liège, en assez nette avance sur les autres gosses de son âge, pariait des buts contre des paquets de chips et des canettes de Fanta, puis que quelques années plus tard, il s’amusait à renverser des matchs à lui tout seul quand son coach lui promettait un burger. Simple ? Pas tant que ça, l’attaquant belge ayant ensuite dû se débrouiller pour monter des cabanes avec des brindilles. « Depuis toujours, je suis un joueur à qui l’on ne donne rien, expliquait-il au magazine SportFoot, mi-février. Au Standard, on était deux attaquants, moi et un grand musclé. Au début, c’est le musclé qui jouait, évidemment, mais petit à petit, je suis rentré dans l’équipe et j’ai claqué plus de 80 buts en deux saisons. C’est mon histoire, ça. J’ai toujours dû me battre pour faire ma place. Normalement, je finis par faire l’unanimité. C’est arrivé partout, sauf à Bruges, où je me suis défoncé pendant deux ans pour avoir du temps de jeu, sans succès, mais finalement, je crois que je préfère ma situation à celle d’un joueur à qui l’on donnerait tout, tout de suite. Ceux-là sont rarement gagnants sur le long terme. » Débarqué en Ligue 1 au début du dernier mois de juillet avec une étiquette collée sur chaque mollet, celle de recrue la plus chère de l’histoire du RC Lens et celle de deuxième meilleur buteur d’Eredivisie (18 buts marqués avec le Vitesse Arnhem la saison dernière, à trois longueurs de Sébastien Haller), Openda a, après des débuts prometteurs, dû affronter de nouvelles mauvaises langues, notamment celles d’une époque qui se plaît souvent à réduire les joueurs à de simples lignes de données. Cette fois, la faute de la pointe lensoise a été de ne pas réussir à planter la moindre flèche entre mi-janvier et mi-mars. Comme bien souvent lorsqu’il se laisse porter par son estomac, Loïs Openda, sur le podium des gâchettes qui se procurent le plus d’occasions avec Balogun et Mbappé, a fini par reprendre la lumière, et pas n’importe comment : un triplé inscrit à Clermont en moins de cinq minutes, un doublé face à Angers, un but décisif en décollant sur la pelouse du Stade rennais. Mais quel est son secret ?

Le piano et les blocages 

Après sa démonstration de Gabriel-Montpied, le Diable rouge avait laissé son coach, Frank Haise, distribuer un premier indice : « Quand on travaille bien et qu’on fait les efforts pour le collectif, évidemment que ça revient. Ce triplé, il est allé le chercher. C’est la seule vraie chose à faire, ça ne tombe pas du ciel. » Quelques jours plus tôt, un second avait été révélé par un joueur qui a avoué avoir, dans la foulée de la Coupe du monde au Qatar, commencé un travail de fond avec le préparateur haute performance Siebe Hannosset, spécialisé en neurosciences et en programmation neurolinguistique. Objectif de cette collaboration ? Permettre à Openda de gagner en constance et en calme. « On n’a pas parlé que de foot, mais de la vie, de comment mieux gérer certaines situations quand on est tout seul, révélait le numéro 11 des Sang et Or mi-mars. Ma copine ne vit pas avec moi, ma mère non plus, personne n’est là. Dans ces périodes, ça n’est pas facile, car quand je rentre à la maison, il n’y a que mon chien et il ne parle pas. » Pour faire sauter certains blocages, Hannosset a, par exemple, détaillé à L’Équipe avoir poussé le buteur à reprendre le piano et l’avoir aidé à se construire un environnement positif en Artois pour « retrouver ses sensations primaires comme la joie, le plaisir ressenti quand il était jeune et évoluait dans la rue avec ses copains. Il doit se sentir libre de créer le danger tout en intégrant les consignes qu’il reçoit, ne pas se laisser enfermer par une première mauvaise touche de balle qui en entraîne d’autres et favorise la perte d’efficacité. Bref, jouer comme il s’entraîne. »

« On peut sentir la peur »

En interne, le staff nordiste s’est également appuyé sur les bons éléments vus lors du début de saison et a approfondi le travail sur d’autres facettes pour faire gagner Openda en efficacité : les zones et le timing des appels ; l’anticipation des transitions offensives afin de se retrouver dans de meilleures positions pour chasser des grands espaces dans lesquels il brille depuis le premier jour ; le jeu sans ballon en phase défensive pour coller davantage au bloc équipe et se retrouver, en conséquence, dans de meilleures positions pour briller à la suite d’une récupération. Souvent performant aux Pays-Bas pour secouer des adversaires laissant au Vitesse une moitié de terrain à labourer, ce que l’Ajax avait notamment payé en mai (2-2), le Belge retrouve fréquemment en Ligue 1 ces configurations avec un Lens qui cherche à faire sortir ses proies en générant des décalages très tôt sur le terrain pour ouvrir des espaces à attaquer plus haut. En s’appliquant à être un bélier hypermobile au contact des lignes défensives adverses, Loïs Openda, qui a des progrès à faire en attaque placée, offre alors une solution directe dans la profondeur pour les pistons et les centraux excentrés nordistes ou de l’air aux créatifs (Fulgini, Thomasson, Claude-Maurice, Pereira da Costa ou Sotoca lorsqu’il ne joue pas piston) qui rôdent dans son dos. «On peut sentir la peur des défenseurs, souriait il y a peu Florian Sotoca, qui a très vite développé une bonne alchimie avec Openda. Quand Loïs est en forme, il peut faire mal à tout le monde. À l’entraînement, il est toujours dans le travail, le moindre détail. » Et cela donne une force de finition aussi multiple que dynamique à l’avant d’un navire qui soigne ses circuits et exploite au maximum toute la largeur pour perturber ses proies.

Première situation symbole de la palette d’Openda, face à Lorient, en début de saison, où, après une récupération de Poreba, le Belge va être lancé en première intention juste avant la ligne médiane.

Il va alors d’abord ralentir sa course en attendant l’arrivée de Talbi…

… puis va brusquement changer de rythme pour éliminer le central lorientais…

… lui passer devant…

… et crocheter Le Goff…

… avant de battre Mvogo.

Autre situation, à Clermont, après une nouvelle récupération aux abords de la surface lensoise : Fofana enclenche la transition, accompagné à gauche de Fulgini, à droite de Sotoca et dans l’axe d’Openda, qui aimante les centraux adverses…

Fofana va alors décaler Fulgini pendant qu’Openda se glisse dans le dos de Wieteska, de façon à surgir dans un angle mort…

… timing d’appel parfait, ouverture de Fulgini parfaite…

… puis finition parfaite, entre les jambes de Mory Diaw.

Nouvelle séquence qui permet de mettre en lumière les ajustements sans ballon : alors qu’Ogier décale Wieteska, Openda va venir le serrer en compagnie de Thomasson et Sotoca…

… Wieteska va alors glisser sous la pression…

… Thomasson va être à l’affût, suivi d’un appel croisé d’Openda, qui va ensuite finir.

Situation similaire contre Angers, où Openda va se mettre sur la ligne de passe entre Bamba et Camara…

… forcer la passe vers Bentaleb, attendu au tournant par Thomasson et Fofana…

… et être un point d’appui immédiat…

… avant d’être retrouvé dans la profondeur par Thomasson…

… et d’éliminer Camara d’un crochet court avant de finir.

Début janvier, ce cocktail avait été difficile à digérer pour un PSG retourné à Bollaert (3-1) au cours d’une rencontre marquée, entre autres, par une ouverture du score d’Openda au bout d’un rush en profondeur suivi d’un crochet court posé sur Marquinhos, puis par une passe décisive de l’attaquant belge pour Claude-Maurice. Samedi, au Parc des Princes, il devrait normalement retrouver un contexte tactique similaire à celui qui a permis à l’OL de secouer les Parisiens début avril (0-1) et notamment à Alexandre Lacazette de se régaler. Le RC Lens est prêt, sa pointe aussi : ça tombe bien, il paraît que l’appétit vient aussi en mangeant.

Par Maxime Brigand

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