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Stoke City, les empotés

Par Alexandre Doskov
4 minutes
Stoke City, les empotés

Magie du football, Stoke City était devenu une équipe presque séduisante. Capables d'aller taper les grands de Premier League et de chatouiller les places européennes la saison dernière, les Potters sont devenus ternes et galèrent à sortir des tréfonds du classement.

Sacré Nouvel An. La soirée la plus surcotée de l’année pour les uns, la plus belle biture du calendrier pour les autres. L’année dernière, les Potters de Stoke City étaient plutôt de ceux qui prennent leur pied. En grimpant à la septième place du classement en janvier 2015, à seulement quatre points de Tottenham qui frimait aux porte du podium, Stoke se plaçait comme une des équipes menaçantes pour la deuxième partie de saison. Dans une Premier League un peu dingue avec des surprises disséminées un peu partout, entre Leicester devant, West Ham en embuscade, et Chelsea à la ramasse, on en était venu à croire que tout était possible et à se méfier de tout le monde. Planqués derrière la porte des places européennes, les gars de Mark Hughes n’étaient pas très discrets.

Il faut dire qu’avec sa bande de gueules cassées devenues attachantes à force de foutre leur carrière en l’air, Stoke City détonnait, surtout après tant d’années passées à être considéré comme l’équipe qui joue le football le plus vilain de tout le pays. Car caser le nom « Stoke City » dans une conversation il y a encore quelques années, c’était s’exposer immanquablement aux mêmes railleries, à grand renfort d’expressions toutes faites : « kick & rush » , « football de métallurgistes » , « grandes chiches vers l’avant » et autres joyeusetés. Mais après trois saisons passées à hausser leur niveau de jeu et à squatter la première moitié du classement, les Potters ont l’air de retomber dans leurs travers, et sont abonnés à la grise mine depuis la rentrée des classes.

Des ringards devenus à la mode

Mark Hughes ressemblait pourtant au magicien idéal. Un sorcier capable de récupérer une bâtisse croulante, et d’en faire un Relais & Châteaux potable. Le Gallois a succédé à son compatriote Tony Pulis en 2013, et a voulu rompre avec la doctrine un peu bas du front de ce dernier. Une mue qui est passée par une recrutement malin et pas cher, Stoke étant devenu expert quand il s’agit de récupérer pour trois sous des joueurs dont plus personne ne voulait, pour montrer qu’ils en avaient encore sous le capot. Au fil des années, les Potters ont réuni une jolie équipée sauvage, un casting improbable fait d’anciens cracks qu’on pensait disparus, de joueurs un peu grandes gueules devenus ringards avant l’heure, et que tout le monde prend désormais un plaisir coupable à regarder.

Les Expendables du football anglais en quelque sorte, avec la triplette offensive Marko Arnautović-Bojan Krkić-Xherdan Shaqiri en tête d’affiche. Une formule qui a permis à Stoke de finir trois fois d’affilé neuvième de Premier League depuis l’arrivée de Hughes, alors que le club n’avais plus terminé en première moitié de tableau depuis la remontée en 2008. Et la saison dernière, certains coups d’éclat auraient du être le signe annonciateur d’un exercice 2016-2017 encore plus abouti. Il y a eu ces victoires en championnat contre Chelsea, contre Manchester City, puis contre United deux semaines plus tard, ou encore face à Everton. Ces matchs nuls arrachés avec les dents face à Tottenham, Leicester, Arsenal. Il y a eu la saison à 11 buts d’Arnautović, puis cette demi-finale de League Cup perdue aux penaltys contre Liverpool. Et aujourd’hui, plus grand-chose.

Le retour de l’équipe de rugby

Retour à la case-départ ? Au statut peu enviable d’équipe moche, dans une ville qui l’est encore plus, jouant dans un stade giflé par les vents violents du Trent où personne ne veut mettre les pieds ? Les Potters revenaient pourtant des vacances avec le sourire aux lèvres. Arnautović avait raté son Euro avec l’Autriche, mais pouvait se vanter d’une stature internationale incontestable. Imbula, arrivé en février, était censé enfin être mur, et Stoke avait claqué 16 millions pour faire venir Joe Allen, qui lui avait brillamment réussi son Euro. Impressionnés par la qualité du jeu de l’équipe de Mark Hughes la saison dernière, des journalistes avaient inventé le surnom Stokelona, vanne des plus habiles sur Stoke et Barcelona. Mais en se rétamant 4-1 contre City dès la 2e journée, puis 4-0 contre Tottenham à la 4e, en attendant la 8e journée pour gagner son premier match et la 9e pour quitter les relégables, Stoke a fait voler les flatteries en éclat.

Pas plus vernis en League Cup, les Potters ont été jetés au deuxième tour par Hull City. Apathique et condamné au banc, Imbula se désolait fin novembre : « Je suis vraiment en colère contre moi(…)Je pense avoir été très mauvais en début de saison. Je sais que je jouais vraiment mal. Je dois travailler pour revenir dans l’équipe. » De son côté, Arnautović redevient la tête de con qu’il a été, ne marque plus et vient de louper deux matchs à cause d’un carton rouge. Stoke végète, stagne, n’amuse plus grand monde, et retrouve les habits de cette équipe à « la tactique de rugby » , comme disait d’elle Wenger à l’époque. Et les Potters n’ont toujours rien gagné depuis 1972, à part cette réputation tenace dont ils ont décidément beaucoup de mal à se défaire.

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