- Ligue Europa
- 8e de finale aller
- Villarreal/FC Séville (1-3)
Séville bâillonne le Madrigal
Beaucoup trop laxiste, Villarreal est en ballottage très défavorable après son match foiré à domicile contre Séville (1-3). Froids de réalisme, les Sévillans restent grands favoris pour leur propre succession en C3.
L. Vietto (48′) pour Villarreal , Vitolo (1′), S. M’Bia (27′), K. Gameiro (50′) pour FC Séville.
Treize secondes, pas une de plus. On dit souvent que la Ligue Europa manque de stars, de paillettes et de grosses écuries du football européen. En attendant, cette compétition ne manque vraiment pas de spectacle. Dans l’antre du Madrigal, Villarreal et le FC Séville ont offert un vrai show à tous les amateurs de sensations fortes, et ce, dès le début des hostilités. Sur une phase de jeu visiblement bien travaillée dès le coup d’envoi, la défense sévillane recherche sa grande gigue Vicente Iborra afin de dévier le ballon pour créer un danger offensif. Habile, puisque le ballon file jusqu’à Victor Vitolo. En pleine confiance, le milieu de terrain combine avec Kevin Gameiro pour prendre de vitesse la défense valencienne. Une frappe de près plus tard, VV court vers les tribunes muettes et claque sa glissade. Le but le plus rapide de l’histoire de la Ligue Europa vient d’être inscrit. Le match est lancé. Sur ses terres, Villarreal va vouloir renvoyer la pareille. Sûrement trop naïves, les ouailles de Marcelino finiront finalement par boire la tasse, compromettant sérieusement leurs chances d’intégrer les quarts de finale. Vile Séville.
Papa M’Bia
Dans cette première manche, la corrida prévue entre Marcelino et Unai Emery voit différents pions de sortie pour cette bataille ibérique : côté Séville, exit les stratèges Denis Suárez et Gerard Deulofeu, place aux guerriers Stéphane M’Bia, à la tour de contrôle Vicente Iborra et au buffle Grégory Krychowiak. Côté local, du grand classique avec un 4-4-2 des familles, Mateo Musacchio brassard au bras, Denis Cheryshev en feu follet et Luciano Vietto au finish. Historiquement, la confrontation est à l’avantage des Palanganas avec, en 33 duels, 17 victoires des visiteurs contre seulement 8 pour le sous-marin jaune. On ne sait pas si cette statistique a donné un léger doute aux Amarillos au moment d’entamer la rencontre, mais avec un but de retard à remonter d’entrée de jeu, Villarreal ne doit plus faire dans le calcul. Une minute plus tard, la réponse intervient lorsque Vietto trouve la barre de Sergio Rico. Un début de match complètement dingue où l’intensité est tout de suite au rendez-vous. Le jeu léché de Villarreal est indéniablement beau à voir, les centres de Cheryshev ou Moi Gómez semblent mettre en difficulté les Andalous. Mais en réalité, seule une nouvelle frappe en angle fermé de Vietto fait réellement passer un frisson en une demi-heure de jeu.
En face, Séville est serein. Avec un but d’avance, les tenants du titre savent que le plus dur est fait et que sur un contre, le but du break est envisageable. En réalité, les tripoteurs de balle que sont Manu Trigueros et Jonathan Dos Santos ne pèsent pas bien lourd face au puissant tandem Krychowiak-M’Bia. À l’expérience, les deux anciens briscards de Ligue 1 sont à l’initiative des actions chaudes sévillanes. Jaloux, Benoît Trémoulinas souhaite aussi montrer ses capacités. Sur un centre bien enroulé, la balle parvient jusqu’à M’Bia. Hors-jeu au départ de l’action, le Lion s’arrache et pose un coup de boule dont il a le secret pour obliger Sergio Asenjo à s’incliner une deuxième fois (26e). Un coup de massue pour Villarreal, au bord d’imploser sur un nouveau contre mené par Kevin Gameiro, mais Aleix Vidal trouve l’équerre du but d’Asenjo. Touché moralement, Villarreal rate une nouvelle occasion de revenir dans la partie peu avant la pause par Vietto. Comme un symbole de son manque de bouteille, La Joya envoie sa frappe en tribune.
Game over par Gameiro
Le réveil sonne. Après s’être rendu compte qu’il passait à côté d’une belle page de son histoire, le sous-marin jaune fait chauffer les turbines à plein régime dès le début du second acte. Sur une belle percée dans l’axe sévillan, la énième torpille lancée par Vietto est enfin la bonne, et ce, malgré les réclamations du négociateur M’Bia (49e). Les quelques concertations n’y feront rien, l’arbitre valide bien le but et fait espérer à Villarreal une remuntada incroyable. Pour seulement deux minutes. Sur une nouvelle balle longue, quatre joueurs valenciens sont à la tombée du ballon pour lutter contre la perche Iborra. Peine perdue. Libre de tout marquage, Kevin Gameiro reçoit le ballon au point de penalty pour fusiller à souhait Asenjo (51e). Le but de trop pour Marcelino, prêt à rouspéter devant les arbitres et invité à se calmer en tribunes. Sans son commandant, Villarreal cherche pourtant à trouver l’ouverture sur une reprise acrobatique de Joel Campbell ou une tentative de Cheryshev. De quoi laisser Emery procéder en bon gestionnaire à ses premiers changements : Gameiro et Iborra laissent leurs places à Carlos Bacca et Ever Banega. Oui, Séville possède aussi un banc à faire pâlir plus d’une équipe sur le Vieux Continent. Maître de la situation devant un collectif obnubilé par le jeu direct, Séville laisse encore sortir Vitolo, représentant d’un champion d’Europe en titre qui n’a jamais tremblé de A à Z. Le Madrigal s’éteint à petit feu pendant qu’Emery, lucide, reste de marbre au moment où le coup de sifflet final retentit. La marque des grands.
Par Antoine Donnarieix