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Serie A : le changement, c’est flippant

Par Adrien Candau
Serie A : le changement, c’est flippant

La Serie A 2020-2021 vient à peine de tomber le rideau que le football transalpin choisit déjà d'enchaîner les coups de théâtre : Gennaro Gattuso a dit ciao à Naples pour rejoindre la Fiorentina, quand Andrea Pirlo devrait se faire gentiment dégager par Massimiliano Allegri à la tête de la Juventus. Antonio Conte quitte de son côté avec fracas l'Inter après avoir remporté le premier Scudetto du club depuis 2010, son poste étant a priori promis à Simone Inzaghi. Mi-inquiétant mi-excitant pour un football transalpin trépidant à suivre, mais dangereusement instable.

C’est bien connu, Antonio Conte n’est pas un homme de compromis. C’est précisément en s’accrochant à ses principes – un mercato dispendieux, un plan tactique millimétré – que le Mister est devenu le premier entraîneur depuis 2012 à faire tomber la Juventus de son piédestal en Serie A. Quand on lui a dit que l’Inter voulait dégager des dizaines de millions de plus-values sur le mercato estival à venir, l’ex-Juventino a donc logiquement pris ses jambes à son cou. Antonio Conte, qui pourrait prochainement être remplacé par Simone Inzaghi au sein du club lombard, ne veut pas d’une équipe au rabais. Les tifosi nerazzurri non plus. Surtout quand la Juventus, elle, bûche pour rapatrier Massimiliano Allegri, l’homme qui a emmené deux fois la Vieille Dame en finale de C1 en 2015 et 2017. À se demander si le règne en Italie de l’Inter n’est pas prêt de s’achever, alors qu’il vient à peine de débuter.

Inter brûlée

C’est, en effet, une période trouble qui s’annonce pour le club lombard. Déficitaire de 100 millions d’euros la saison dernière, celui-ci s’est résolu à emprunter 275 millions d’euros au fonds d’investissement américain Oaktree Capital pour remplumer sa trésorerie. Un cadeau empoisonné : si le club ne rembourse pas à temps ses échéances, il passera sous la coupe de son prêteur. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui vécu par l’AC Milan, en 2018. Sous propriété chinoise, le club avait fini dans les griffes du fonds vautour Elliott management. La direction rouge et noir s’était alors trouvée incapable de rembourser les échéances de paiement du prêt que le Diavolo avait contracté auprès de ce géant de la finance américain. Si le Milan s’est depuis stabilisé sportivement et financièrement, les Rossoneri n’en sont pas moins devenus une équipe incapable de se battre dans les plus hautes sphères du football continental. Ce à quoi l’Inter aurait pu prétendre, si le club bleu et noir avait pu au moins conserver son effectif qui frôle l’excellence dans quasiment toutes les lignes.

Une ambition mort-née : à peine champion d’Italie, le club va devoir vendre. Les cessions de Marcelo Brozović et Christian Eriksen sont déjà envisagées par la presse transalpine, ce qui affaiblirait significativement le milieu de terrain nerazzurro. Un scénario en forme de trahison pour de nombreux tifosi, alors que le géant chinois de l’électroménager Suning – propriétaire du club depuis 2016 – avait dit vouloir refaire de l’Inter un club qui pèse à l’échelle continentale. En réalité, c’est une épée de Damoclès qui menaçait depuis des mois les Interisti: la crise du coronavirus a complètement rebattu les cartes des investissements chinois dans le football, comme en atteste notamment la liquidation pure et simple du Jiangsu FC, pourtant champion de Chine 2020. Un club justement propriété de Suning, avant qu’il ne soit délaissé par l’entreprise qui l’a lâché sans même s’être fatiguée à lui trouver un repreneur. Un abandon probablement encouragé en sous-main par Pékin : le pouvoir chinois a en effet demandé aux plus grands chefs d’entreprise du pays de recentrer leurs investissements sur leur cœur d’activité, au pays de Xi Jinping.

La Botte à l’envers

Résultat ? L’Inter se retrouve déjà confrontée à la peur du déclassement, alors que le football transalpin semble rétrécir d’année en année financièrement face aux mastodontes que constituent la Premier League et la Liga. Il convient déjà de se demander si, comme l’AC Milan, le club bleu et noir ne risque pas de devenir une puissance de second rang au niveau européen. Du moins, si un repreneur friqué et dépensier ne se manifeste pas pour reprendre l’équipe d’ici une à deux années. Si le Calcio perd deux de ses trois géants, aucune formation ne semble en tout cas prédestinée à boucher l’appel d’air.

Ni l’Atalanta – brillante, mais limitée économiquement – ni la Lazio ne paraissent, en tout cas, à la hauteur de la tâche. Le Napoli, qui s’est tout récemment séparé d’un Gennaro Gattuso parti pour la Fiorentina, navigue encore à vue. Même chose pour la Roma, qui a choisi de faire confiance à José Mourinho dont les méthodes s’avèrent déjà démodées depuis plusieurs années. Symptomatique d’un championnat où les plus grandes écuries peinent encore à faire confiance aux entraîneurs novateurs comme Roberto De Zerbi, qui a quitté Sassuolo pour le Shakhtar Donetsk ce mardi.

Un espoir nommé Juventus ?

Reste la Juventus, pour jouer les porte-étendards du football national au plus haut niveau européen. La Vieille Dame avait déjà assumé lors de la décennie précédente le leadership du football italien en Europe, en étant le seul club du pays à s’offrir des parcours de renom en Ligue des champions. Pour redresser la barre, le club piémontais (quatrième cette saison) aurait donc décidé de refaire confiance à Massimiliano Allegri, si l’on en croit l’intégralité des médias sportifs italiens. Dans le même temps, la Vieille Dame a annoncé se séparer de son directeur sportif Fabio Paratici. À l’origine de la venue de Cristiano Ronaldo, dont le transfert et le salaire cumulés ont plongé les finances de la Vieille Dame dans le rouge vif (90 millions d’euros de déficit, lors de l’exercice 2020), celui qui ne fait désormais plus partie de la maison est souvent cité comme le premier responsable des achats de joueurs hasardeux que les Bianconeri ont effectué ces dernières années. Si des erreurs ont pu être commises, les Piémontais n’en restent pas moins eux aussi limités par leurs finances : le club blanc et noir n’a pas su imiter l’excellence gestionnaire du Bayern et n’a pas les possibilités pécuniaires des grands clubs anglais, du PSG ou du duo Real/Barça. Alors, où vont donc les clubs de Serie A, qui n’ont pas remporté le moindre trophée européen en 11 ans, une première, dans l’histoire du championnat ? Difficile à dire, mais même les plus optimistes devront reconnaître qu’il y a comme un parfum de déclin qui plane tristement sur le football transalpin.

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