S.Distin : «Quand t’es défenseur, la PL, c’est le meilleur championnat»

Alors Sylvain, comment ça se passe la préparation avec Portsmouth ? On revient tout juste d’Afrique du Sud et du Nigeria. C’est une préparation originale même si les conditions ne sont pas idéales. Au Nigeria, on n’a pas trop vu le pays vu la situation. Bon en même temps on y va pour le foot, pour créer des liens dans l’équipe, après…

Utaka, Kanu, c’était comment pour eux là-bas ? Il y avait King John et Kanu, bon c’était le dieu, ni plus, ni moins. Ils sont tous très tactiles donc si en plus on leur donne la possibilité de voir les héros du pays, c’est de la folie, c’est multiplié par dix.

Cette saison, Peter Crouch arrive mais Muntari s’en va. Est-ce que vous y avez gagné au change ? On avait besoin de quelqu’un devant. Peter c’est une super recrue. Malheureusement, à part dans certains clubs très riches, quand il y a une arrivée, il faut un départ. Pour Sulley, c’est une super opportunité de retourner en Italie. Moi je vais le regretter, c’était un super gars. Maintenant, j’espère qu’on va recruter deux gars, un au milieu et un derrière.

Pour ta première année à Portsmouth, tu as été le joueur le plus utilisé… Je suis un grand compétiteur. Je fais tout pour être au top, tout le temps. Ça s’est toujours bien passé, que ce soit à Portsmouth ou avant à Manchester City. 36 matchs ? On est dans ma moyenne.

Cela fait maintenant trois ans que Portsmouth monte progressivement en régime. En tête dès le début du championnat, vous y restez de plus en plus longtemps. Là, l’objectif c’est d’y rester jusqu’en janvier ? Même plus. On n’était pas loin de la cinquième place l’année dernière. On a levé le pied sur la fin et c’est dommage mais à l’arrivée, on revient avec une FA Cup, on rentre dans l’histoire du club. Cette année, l’objectif, c’est de faire mieux en championnat et un beau parcours en UEFA.

Le Big 4 est-il toujours intouchable ? Il y a toujours un écart. Liverpool est un peu à la traîne mais ils sont là quand même. Avant, au mois de janvier, c’était une affaire réglée. Là, ça va batailler un peu plus mais ça ne devrait pas changer.

Alors qu’est-ce que ça sera, la concurrence pour la cinquième place ? Everton, Aston Villa. Everton ce sont de sacrés clients. Ça sera une lutte à trois. Après il y a Newcastle et Tottenham, des clubs qui ont une grosse histoire, dont on parle beaucoup, mais qu’on ne retrouve généralement pas à la fin.

Tu as une rancœur particulière par rapport à Newcastle ? A mon départ, le président avait dit que j’étais parti pour l’argent. Je n’avais pas compris. Lui c’était peut-être pour faire passer la pilule auprès des supporters mais moi je n’allais pas baisser mon pantalon pour lui faire plaisir.

Il y a eu un classement des publics anglais. Liverpool est évidemment premier, Portsmouth est dernier. C’est justifié ? Ils disent ça par rapport au stade. Ça doit être le plus petit du pays. Mais au niveau de l’ambiance, ça m’a toujours étonné, ça crie fort. Ça fait penser à Lens. La culture foot est omniprésente.

Tu vas disputer le Community Shield face à Manchester United. Qu’est-ce que cela représente pour toi ? L’opportunité de gagner un trophée de plus. Ça va être très difficile mais c’est possible. Les jouer d’entrée, c’est pas plus mal mais il ne faut pas croire que ça sera plus aisé. Il n’y a pas que Ronaldo de dangereux dans cette équipe.

Le Community Shield, c’est l’affaire du Big 4 d’ordinaire. Heureux de faire de la résistance ? A la finale de la FA Cup, il y avait eu moins d’intérêt et ça m’avait étonné. Pas de la part des fans, parce que Wembley était plein, mais des médias. C’est sûr, ils auraient préféré un Arsenal-Chelsea. Mais c’est ça la beauté du foot, la beauté de la coupe. Et ça, je connais bien (il a gagné la Coupe de la Ligue avec Gueugnon, ndlr).

Avec l’arrêt de Lilian Thuram, il y a une place à prendre en équipe de France. Est-ce que tu te sens concerné ? Je me suis toujours senti concerné même si je n’ai jamais reçu de convocation ou de pré-convocation. J’ai de bons résultats, je suis toujours titulaire. Quand je vois les joueurs qui ont eu leur chance, je pense que c’est légitime de demander quand viendra mon tour. Si ça vient, ça sera la cerise sur le gâteau de ma carrière.

Sylvain, tu ne penses pas déjà à la retraite ? Faut pas être idiot, j’ai déjà 30 ans. Si cela doit venir, c’est maintenant, pas dans trois ans.

Et pourquoi pas la sélection anglaise ? Toi qui es si bien intégré… Je ne cours pas après une sélection, ce n’est pas mon but. C’est une super équipe mais je ne me sentirais pas à ma place. Je ne voudrais pas voler une sélection à un Anglais.

La saison dernière, on a beaucoup parlé de ton salaire. Est-ce que tu as trouvé ça injuste ? Moi, j’essaie de mettre en avant l’aspect sportif. C’est la meilleure des récompenses. On me paye par rapport à mes performances. Ça prouve que j’ai le niveau pour l’équipe de France. Cet argent, je ne le vole à personne.

Bernard Mendy a signé à Hull. Heureux de retrouver ton ancien compagnon ? C’est une très bonne nouvelle qu’il revienne en Angleterre. Quand tu es défenseur, c’est le meilleur championnat, tu es beaucoup plus testé. Bernard, on s’est perdus de vue, comme bien souvent dans le foot, mais je suis bien content de le retrouver. C’est comme Anelka et tous ceux du PSG quand on se recroise : on ne s’appelle pas tous les jours mais on a beaucoup de plaisir à se revoir.

Le renouveau de Paris, ça t’inspire quoi ? De la confiance. Ils ont pris de bons hommes et de bons joueurs. Je suis un passionné du PSG donc ça me fait très plaisir. Je n’ai d’ailleurs qu’un regret : c’est d’avoir quitté le club trop tôt.

On ne peut pas éviter l’affaire Barton. Tu as été condamné à 4500€ pour ne pas avoir témoigné au procès de Joey Barton. Dans quoi tu t’es fourré ? Je n’ai toujours pas compris. Pour aider, j’ai fait une déposition au moment des faits. Je n’ai pas fait ça pour Ousmane ou contre Joey. Ce n’était pas pour raconter des conneries. D’ailleurs, j’ai recroisé Joey et on ne s’est pas mis sur la gueule. Ils ont voulu faire parler d’eux, et un footballeur c’était forcément l’occasion rêvée. C’est la loi, on ne peut rien dire, on paye et on se tait. En tout cas, j’y réfléchirai à deux fois à l’avenir avant de vouloir rendre service.

Propos recueillis par Romain Canuti