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Rugani, promesse et proie

Par Adrien Candau
4 minutes
Rugani, promesse et proie

Cet été, les cadres de la Juventus ont accordé leurs violons pour faire passer le message : après le départ de Bonucci, l'heure de Daniele Rugani est venue. Titularisé en charnière centrale, mais un peu en dedans en Serie A depuis le début de la saison, le défenseur va devoir batailler pour garder son statut de titulaire, menacé par une concurrence exacerbée à son poste. En commençant par ne pas se louper pour son premier test grandeur nature, ce mardi soir, face au Barça.

Pas toujours facile de grandir. Surtout pour Daniele Rugani. Recruté à 18 ans par la Juventus, rapidement annoncé comme un cadre potentiel de la Nazionale dans un futur proche, le petit Daniele est entré progressivement dans l’âge adulte, en jouant les doublures de ses grands frères Bonucci, Chiellini et Barzagli, et en cumulant les titres en Serie A avec la Vieille Dame. Une longue et douce période d’apprentissage, qui a subitement pris fin cet été avec le départ de Leonardo Bonucci pour l’AC Milan. Forcément, pour Daniele, le choc a d’abord semblé un peu violent.

Héritier programmé

Aligné d’entrée en championnat par Allegri, l’ex-prodige d’Empoli est, pour l’instant, le joueur le plus utilisé côté juventino, avec déjà 270 minutes de jeu au compteur. Un changement brutal de statut, qui n’a pas toujours joué en sa faveur. Pas toujours serein en ouverture de la Serie A face à Cagliari, il a ensuite offert naïvement un penalty au Genoa lors de la seconde journée, avant de passer une après-midi plus tranquille face au Chievo samedi dernier. Forcément, les premiers doutes commencent à émerger discrètement quant à sa capacité à sauter le pas pour devenir un patron de l’axe central piémontais. Mais le jeune homme préfère laisser filer. Après une préparation moyenne, Rugani avait expliqué, début août dernier, s’être déjà blindé mentalement face aux critiques qui allaient inévitablement le cibler cette saison : « C’est normal d’être critiqué quand on joue dans un club comme la Juve… Tout ça va m’aider à grandir, pour moi c’est une année charnière… Après ces premières années d’apprentissage, je suis prêt à prendre mes responsabilités. »

Si le wonderkidne semble pas s’affoler, c’est peut-être aussi parce que les grandes figures de la Vieille Dame semblent convaincues que ses épaules sont assez larges pour lui permettre de devenir sous peu une référence à son poste. « Daniele a un avenir brillant devant lui, mais le club a trois ou quatre des meilleurs défenseurs en Europe. Bien sûr, Rugani est l’avenir de la Juventus. Il a besoin de patience et doit continuer à travailler » , déclarait Allegri en 2015. Désormais, deux ans ont passé, et l’horizon s’est dégagé pour le jeune défenseur. Bonucci s’en est allé en Lombardie, tandis que Barzagli commence à accuser le coup de ses 36 printemps. Ce dernier annonçait d’ailleurs déjà en 2016 qu’il verrait bien en Rugani son digne successeur : « Rugani peut-il être mon héritier ? Sans doute, il me ressemble, même si je pense qu’il doit gagner un peu en méchanceté. » Giorgio Chiellini ne dit pas autre chose et était encore plus élogieux à l’encontre de son nouveau partenaire de défense fin août dernier : « Il peut devenir meilleur que moi. Je le pense vraiment. Il a tout pour le faire, en accumulant les titularisations avec la Juve et en Nazionale. »

La chasse est lancée

Si bien que malgré ses débuts hésitants cette saison dans le onze type juventino, le destin de Rugani avec la Juventus semble tout tracé. Ou peut-être pas. Car derrière, la meute gronde. Alors que le Barça et son armada offensive se profilent, c’est bien Rugani qui tient la corde pour accompagner Benatia en défense centrale, Chiellini n’étant finalement pas prêt physiquement pour disputer la rencontre. Même si Allegri, discret sur la tambouille tactique qu’il proposera au Camp Nou, n’a pas voulu laisser d’indice sur sa future formation. Les médias italiens ont ainsi d’abord pronostiqué que le Mister juventino miserait sur une charnière Barzagli-Benatia ce mardi, avant de finalement annoncer Rugani dans le onze de départ. Signe, sans doute, que la place de titulaire de Daniele ne semble, quoi qu’il arrive, pas encore gravée dans le marbre. Car les vieux fauves prêts à bondir pour chiper le bout de viande encore tendre du novice Rugani sont légion : Mehdi Benatia, bien sûr, fort de ses deux saisons au Bayern Munich et d’une solide expérience européenne, est un profil qui ne laisse pas insensible Allegri. Andrea Barzagli a pour lui son passif monstrueux au plus haut niveau et son mental en acier trempé. Enfin, la Vieille Dame peut aussi s’appuyer sur sa dernière recrue, Benedikt Höwedes, champion du monde 2014 et ex-capitaine emblématique de Schalke 04, même si ce dernier, pas encore prêt physiquement, ne sera pas de l’aventure au Camp Nou. Autant dire que si Allegri devrait continuer de faire confiance à Rugani ce mardi soir en Catalogne, Daniele va devoir réussir son premier grand examen de la saison et montrer une bonne fois pour toutes qu’il n’est plus seulement une promesse en devenir. Dans le cas contraire, au vu du pedigree des vieux loups qui font la queue derrière lui, il n’aura peut-être pas droit à une séance de rattrapage.

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Par Adrien Candau

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