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Rugani, maintenant ou jamais ?

Les tifosi le réclament, l'Italie le voit comme le futur Nesta ou Maldini, mais son coach, lui, préfère le garder au chaud, ne cessant de répéter que « son heure viendra ». Depuis le début de la saison, Daniele Rugani est le joueur le moins utilisé par Max Allegri juste après Kwadwo Asamoah. Logique et inquiétant à la fois.
125. Ce n’est pas la cylindrée d’une moto, mais bien le nombre de minutes disputées par Daniele Rugani depuis son arrivée à la Juve à l’été 2015. Deux heures et cinq minutes, soit deux entrées en jeu (deux minutes contre Séville fin septembre et 33 face à Carpi juste avant la trêve) et un match plein, le 16 décembre dernier, contre le Torino en Coupe d’Italie. Hormis ces trois apparitions, rien. Niente. Pas l’ombre d’une mèche blonde dans la charnière bianconera. La faute à qui, à quoi ? À la frilosité d’Allegri ? À l’imperméabilité de la BBC italienne (Barzagli/Bonucci/Chiellini) ? Au manque d’expérience de Rugani ? À ses prestations mitigées durant la pré-saison ? Probablement un peu de tout cela, mais aussi beaucoup de prudence. Car depuis son intégration chez le champion en titre, le jeune défenseur central a toujours eu la confiance de son coach et des dirigeants turinois. Pisté dès l’adolescence par la Juve, il est acheté par la Vieille Dame en 2012, avant que celle-ci ne boucle définitivement la transaction avec Empoli lors du dernier mercato hivernal. Mais après deux saisons pleines en Toscane où il dispute 78 matchs sur 80 en championnat, Daniele se frotte cette année à la dure réalité turinoise. Une réalité qui pourrait le priver d’un Euro avec la Nazionale cet été, à seulement 21 ans.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point
Or, à trop attendre son heure, l’animal Rugani risque fort de rater le départ du train. Un train nommé Nazionale et piloté par l’agent Conte qui ne prendra plus de voyageurs passé un certain seuil. Pour Daniele Rugani, le palier en question s’appelle le temps de jeu. Barré par ses trois coéquipiers de l’arrière-garde, le grand blond pourrait se mettre à broyer du noir si sa deuxième partie de saison se calquait sur la première. Ainsi, en ne cumulant que 125 petites minutes de jeu en quatre mois et demi, l’Italien s’est logiquement fait écarter de la liste du sélectionneur azzurro qui l’avait pourtant appelé l’an passé suite à ses excellentes prestations à Empoli.
Mais malgré son abonnement au banc de touche et les appels du pied d’autres grands clubs européens (Naples, Arsenal), Rugani semble s’épanouir dans la maison noir et blanc, comme il le rappelait récemment au micro de JuventusTV. « Je suis très chanceux d’être entouré de si grands professionnels et de pouvoir apprendre et observer ce qu’ils font. Ils me donnent des conseils à la fois techniques et tactiques, puis ils m’aident aussi sur le plan psychologique pour que je sois dans le meilleur état d’esprit possible. Je pense avoir progressé sur certains aspects de mon jeu depuis que je suis à la Juve. L’entraîneur et le staff m’aident à me développer de la meilleure des façons » , a-t-il déclaré avant de faire les louanges de la mentalité turinoise. « La culture de la gagne fait vraiment la différence. Quand tu es à l’intérieur de cet environnement, tu le ressens encore plus. En matière de professionnalisme et d’organisation, tout est parfait ici. »
2016, l’année où tout commence
En football comme dans la vie, il suffit parfois d’un rien pour que tout bascule. Dans le cas de Rugani, une blessure d’un des cadres de la BBC le propulserait en première ligne. Ça tombe bien, Andrea Barzagli, victime d’un problème musculaire, est forfait pour la réception du Hellas Vérone ce mercredi à Turin. Favori sur Cáceres, le jeune Italien devrait donc fêter sa première titularisation en Serie A sous les ordres de Massimiliano Allegri. Une juste récompense pour ce gaillard d’1m90 au comportement irréprochable (aucun carton en 39 matchs avec Empoli la saison dernière) doté d’un gros potentiel offensif, notamment sur coups de pied arrêtés. Loué par Maurizio Sarri pour son professionnalisme et son naturel besogneux (à Empoli, il arrivait à l’entraînement une heure avant tout le monde), Daniele doit maintenant prouver à ses dirigeants qu’ils ont eu raison d’aller le chercher dans sa Toscane natale à l’aube de ses 18 printemps.
Quant à son éventuelle présence à l’Euro, là encore, le grand blond voit les choses avec beaucoup de recul : « Être dans le groupe azzurro l’été prochain en France serait vraiment un rêve, confiait-il à JuventusTV avant Noël. Ce n’est pas facile, car on doit jouer régulièrement pour avoir une chance d’être sélectionné. Mais pour le moment, je me concentre uniquement sur la Juventus. J’ai le temps et j’espère que je vais réussir. Mes prochaines sélections en équipe nationale dépendront de ce que je réalise, ici, avec les Bianconeri. » Notons qu’avant de devenir le défenseur qu’il a été, Alessandro Nesta a débuté sa carrière internationale sur le banc, lors de l’Euro 1996, à tout juste 20 ans.
Précoce, l’AS Rome assure le service minimum à EmpoliPar Morgan Henry