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  • Épisode 29

Roberto Assis à Montpellier : le grand frère

Par Timothé Crépin
Roberto Assis à Montpellier : le grand frère

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. Pour ce 29e épisode, retour en 2001. Si Ronaldinho, futur Ballon d’or, arrive à Paris, plus au sud, Roberto Assis, frère de, débarque au MHSC. Un flop sur le terrain, mais pas du tout en dehors.

Cédric Barbosa passe d’emblée aux aveux : « Au départ, je ne savais même pas que c’était lui. On disait que c’était le frère de Ronaldinho, mais on avait du mal à savoir si c’était vrai ou pas. » En cet été 2001, c’est l’événement du côté de la Paillade. Revenu de Division 2 quelques semaines plus tôt, le MHSC de Loulou Nicollin attire les projecteurs : Roberto Assis, frère du phénomène planétaire Ronaldinho, qui a rejoint le PSG depuis peu, signe dans l’Hérault. « J’ai saisi l’opportunité de rejoindre le pays des champions du monde et un club que l’on connaît chez nous à travers Júlio César (ex-joueur de Brest et de Montpellier dans les années 1980, NDLR) », révèle Assis dans L’Équipe.

À 31 ans, c’est un joueur d’expérience qui débarque à La Mosson : Grêmio, Fluminense et Corinthians au Brésil ; Sporting CP et Estrela Amadora au Portugal ; Sion en Suisse ; Consadole Sapporo au Japon ; Tecos au Mexique… Un globe-trotter resté dans les (mauvais) souvenirs de certains supporters marseillais : en seizièmes de finale de la Coupe de l’UEFA 1994, Roberto Assis effectuait un joli festival à base de sombreros dans la surface olympienne. Le FC Sion avait sorti les coéquipiers de Tony Cascarino et Hamada Jambay (2-0, 1-3). « On connaissait le jeune Ronaldinho, se souvient Rudy Riou. Donc l’inconnue, c’était de savoir quel extraterrestre allait arriver : le même ? Pas le même ? L’opposé ? Un grand ? »

Bourreau de l’OM en C3

Sept ans après Sion-OM, ce n’est plus la même chanson. Du moins sur un plan physique. « Je me rappelle sa signature, on était en stage d’été, rembobine Serge Blanc. Il est arrivé un peu bedonnant, il n’était pas prêt physiquement. On avait attaqué la préparation physique depuis plus de trois semaines. » Il faut dire que Roberto Assis retrouve un club après cinq mois d’inactivité. Autre problème : il est très vite victime d’une vilaine entorse à la cheville lors d’un amical face à Valence. Deux mois sur la touche. La saison se lance sans lui. « Quand l’équipe est en route, c’est compliqué », concède Cédric Barbosa. « Il n’a pas eu beaucoup de temps de jeu, confirme Serge Blanc. Il avait des lacunes de vitesse, de vélocité. Le football montait en puissance physiquement. Il manquait de ça. Il plafonnait après quarante mètres de course en sprint. » À peine 20 ans à l’époque, Laurent Pionnier est clair : « On savait qu’on n’avait pas Ronaldinho ! Pour lui, ça a pu être compliqué de lire et entendre tout ça. C’était un bon joueur, mais il n’avait pas des qualités surnaturelles comme son frère. C’était un bon joueur en fin de carrière, mais on n’avait pas pris la pépite du Brésil non plus. » Résultat des courses : neuf matchs de D1, une rencontre de Coupe de France. Et rien de bien excitant. « Il voulait faire une ou deux piges pour être en France et être proche de son frère », admet Habib Bamogo. Michel Mézy, l’entraîneur du MHSC, est certain que Roberto Assis apportera dès lors qu’il serait prêt physiquement. Ce n’est en vérité jamais le cas.

Pourtant, s’il a le CV pour faire partie des plus gros flops de l’histoire du Montpellier Hérault, Roberto Assis laisse une tout autre image chez tous les anciens coéquipiers interrogés, unanimes sur sa personnalité. « Une sympathie et une simplicité exemplaires, rend hommage par exemple Jean-Christophe Rouvière. À aucun moment il ne pouvait faire ressentir ce que pouvait être son frère. Il avait une bonne humeur au quotidien. » « J’ai adoré ce gars, loue Serge Blanc. Il était très, très sympa, aimait rigoler, participait, avait l’esprit d’équipe. » Grâce à son père, portugais, Cédric Barbosa peut plus facilement échanger avec son compère brésilien : « C’était devenu un ami. Il avait toujours la joie de vivre. » De là à lui faire faire le tour de la ville ? « J’étais tout jeune, je restais dans mon coin, ce n’est pas comme aujourd’hui », se marre l’ancien de Rennes ou d’Évian-TG.

Laurent Pionnier : « On l’appelait « maestro » »

Ce qui marque surtout les anciens partenaires d’Assis, c’est sa technique. « Il avait un football plaisant », confirme Bamogo. « Je vous garantis qu’avec le ballon, il avait une main à la place du pied gauche, s’étonne encore Rudy Riou. Aux entraînements, quand vous faisiez des jeux de précision, il mettait une tannée à tout le monde à chaque fois ! » Impossible, par exemple, de gagner une partie de tennis-ballon avec un Roberto Assis qui « se régalait » (Serge Blanc). « On l’appelait « maestro », confirme Laurent Pionnier. Avec le ballon, il nous montrait des choses qu’on essayait de reproduire… Mais, souvent, on n’y parvenait pas. » Positionné en numéro 10, Roberto Assis apporte créativité et vision du jeu lors de ses maigres apparitions. « C’était un bon manieur de ballon, pas un box-to-box, sourit Cédric Barbosa, camarade de chambre d’Assis cette saison-là. Un vrai numéro 10 à l’ancienne, avec cette très grosse qualité technique. » « Le jeu passait par ces joueurs, fait remarquer Laurent Pionnier. Pour se sentir bien, il fallait qu’il touche le ballon. »

Avec même une petite pointe de jalousie au départ pour le jeune Geoffrey Doumeng, qui évolue dans la même zone que son compère brésilien. Serge Blanc raconte : « C’était un peu tendu au début. » Mais, très vite, Doumeng prend le dessus. « J’avais d’autres qualités que lui n’avait plus forcément, relève-t-il. Il avait l’expérience. J’ai réussi à faire mon petit bonhomme de chemin. Il y avait aussi d’autres schémas tactiques mis en place. Lui, sa position, ce n’était vraiment qu’en numéro 10. Il avait un peu moins d’activité, il fallait qu’il fasse jouer les autres. On jouait le maintien, ça aussi ce n’était pas évident. »

Pas en mesure de briller sur les pelouses de Division 1, Roberto Assis est écouté. Et même un peu plus que ça. « J’ai pu profiter de sa bienveillance vis-à-vis des jeunes, apprécie Rudy Riou. Il a tout de suite été très proche de joueurs comme Olivier Sorlin, Toifilou Maoulida, moi-même et bien d’autres. » « Il nous a aussi apporté cette vision sud-américaine du foot, note Laurent Pionnier. Nous, on était habitués à la rigueur, etc. Lui, c’était le « football folklore », on joue pieds nus, pour s’amuser, il faut que ce soit beau… » Un Pionnier encore déçu de l’aventure contrastée d’Assis dans le 34 : « C’est dommage parce qu’on aurait pu en profiter un peu mieux… et il aurait aussi pu faire mieux. »

La soirée brésilienne de Ronnie et du MHSC

À écouter Geoffrey Doumeng, Roberto Assis n’a, sans surprise, pas apporté que sa vision du foot. Chez lui et son frère, c’est bien connu, les soirées nocturnes sont en revanche toutes mémorables. Doumeng ne peut pas oublier cette escapade bien spéciale du 21 septembre 2001. Les Pailladins empochent un joli 0-0 au Parc des Princes. Ronaldinho est titulaire. Roberto Assis en tribunes. Recomposé, le duo emmène tout le monde pour une soirée mythique. « C’était fiesta, rigole encore Doumeng.Repas dans Paris et soirée brésilienne. »

Retraité en fin de saison, Roberto Assis, déjà très présent lors du transfert de Ronaldinho du Grêmio au PSG, range les crampons pour devenir agent de son frère. Avec la suite que l’on connaît. « Je ne pense pas avoir sacrifié ma carrière pour la sienne, mais je ferai tout pour lui, promet Assis dans L’Équipe. J’ai fait des choix avec le plaisir et la volonté d’apporter quelque chose à ma famille, parce que j’ai dû prendre le relais de notre père, qui a disparu quand j’avais 17 ans. Aider Ronnie, ce n’est pas du sacrifice, mais de la joie. »

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Par Timothé Crépin

Propos de Roberto Assis issus de L'Équipe. Ceux de Habib Bamogo, Cédric Barbosa, Serge Blanc, Geoffrey Doumeng, Laurent Pionnier, Rudy Riou et Jean-Christophe Rouvière recueillis par TC.

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