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RIM-K, Prince de Paris

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RIM-K, Prince de Paris

Ginola, Ronaldinho, Llacer, Yanovski, Anelka...Rim-K, le MC du 113 à la moustache impeccablement entretenue, se rappelle ceux qui ont fait de Paris un club vraiment à part, et défend le foot old-school, comme le rap à papa. Ce soir, il ne flambera pas au Parc comme il le rêvait enfant, mais brûlera les planches de l'Elysée Montmartre. Un concert sold-out, en présence des autres membres du 113 et de moult guest, sa «Famille Nombreuse», nom d'un second effort solo qui respire la sincérité, denrée rare dans la frange rap bankable. Et comme Rim-K est généreux, il sort de son chapeau six invitations de dernière minute (trois fois deux places) en exclu pour les lecteurs de So Foot. Suffit de répondre à ces simples questions, et de les adresser à [email protected] : Rim-K est-il plutôt Boulogne ou Auteuil ? Et Francis Llacer ?

Pour ton album, « Famille nombreuse » , tu voulais revenir à un style davantage ancré dans les années 90, est-ce que dans le foot ta préférence va aussi aux références un brin jaunies ? Oui, je suis nostalgique des Coupes du Monde 86, 90, et même des derniers matchs de Maradona en 94. Ça jouait davantage collectif. Aujourd’hui ça balance trop. On se repose sur des attaquants physiques qui doivent faire seuls la différence. Et ça conduit à oublier le jeu. Aujourd’hui les joueurs sont plus techniques, mais moins au service du jeu.

On peut là peut-être faire un parallèle avec une certaine tendance des MC’s d’aujourd’hui à se focaliser sur la virtuosité de leurs flows… Oui, ils mettent plus de temps à fignoler le flow que l’écriture et leur style musical n’est pas souvent identifiable. Ils utilisent tous les mêmes sons. Un peu comme si toutes les équipes de foot jouaient en 4-3-3, parce que ce serait la mode. Il manque un peu d’originalité et de folie dans le rap. Et de travail d’écriture. Du fond de jeu en quelque sorte.

Dans ton album tu évoques l’arrivée triomphale de Thierry Henry au Barça, depuis les choses se sont gâtées… A Arsenal, même le goal jouait pour lui et prêtait attention à ses déplacements. A Barcelone, tu peux pas te contenter de balancer de longs ballons à Henry. T’as quand même Xavi, Iniesta, Messi, autour de lui. Le Barça n’a jamais joué uniquement pour un attaquant, même quand Eto’o était en pleine bourre. Perso, j’ai toujours préféré Anelka. Physiquement il n’a rien à envier à Henry et techniquement aussi. Sauf qu’Anelka c’était l’enfant terrible du foot français, et il faut bien le dire, quand il était jeune il a un peu joué au con. Il a gâché sa carrière. A Arsenal, Anelka était beaucoup plus fort que le jeune Henry. Aujourd’hui on voit bien qu’Anelka c’est du solide.

Pourquoi le PSG ? Quand j’étais jeune on m’a appris qu’il fallait supporter le club de ta ville, de ta région. Donc je supporte Paris. Mais c’est un club particulier. D’un côté t’as une tribune où l’idéologie d’extrême droite est très présente. Alors qu’en face, de Auteuil au virage G ce sont des tribunes très colorées, avec beaucoup de jeunes de banlieues. Mes cousins sont abonnés, ils font les déplacements, et ils ont eu des centaines d’altercations avec d’autres fans du PSG, qui les traitaient de « bougnoules » , ce genre de choses. Quelques fois ce racisme d’une partie du public t’empêche de supporter cette équipe à 200%. Le jour où Nike a fait sa campagne anti-raciste, “Stand Up, Speak Up”, j’ai vraiment été écœuré par ce que j’ai entendu. Lens jouait en noir, Paris en blanc. Une partie du public, bien raciste, criait « Allez les blancs » . Depuis je ne suis retourné que trois ou quatre fois au Parc.

Tes grands souvenirs de supporter… Avant tout l’époque Weah/Ginola, et puis Ronnie évidemment. Pendant deux ans je n’ai plus raté un match à domicile. Le voir était un fabuleux spectacle, le mec gagnait des rencontres à lui tout seul. Par sa classe il compensait les insuffisances du paquet de bananes qui l’entouraient. Quand Luis ne le faisait pas jouer ça me rendait fou. Les matchs étaient souvent dégueulasses, alors si en plus on nous privait de Ronnie, on avait une grosse boule au ventre. Nous, on s’en foutait de ses virées en boite, du moment que ses performances étaient bonnes. A cette époque, j’ai rencontré Luis, je n’ai pas pu me retenir, et je lui ai demandé pourquoi il ne le faisait pas jouer. Il m’a dit, « Tu sais, c’est compliqué le football » . Pffff.

Pourquoi Paris n’y arrive pas ? Je crois que c’est un problème de vestiaire. Les écarts de salaire, de niveau, font que dans le groupe ça doit être un sacré bordel. Je pense que ça se stabilisera l’année prochaine. Pour moi, il faut continuer à faire confiance aux jeunes. La reconstruction du club passera par là. En fait, je crois que Paris a raté le coche à l’époque des Dalmat, Luccin, Robert, Anelka. L’équipe était belle, mais y’a eu des problèmes de communication. Quand on pense que Ronnie est arrivé dans la foulée, si tous les jeunes étaient restés ça aurait vraiment pu faire mal. Les Dalmat, Luccin, Anelka, je les ai rencontrés, ce sont des mecs plein d’humilité. Ils regrettent tous d’avoir raté leur passage à Paris. Ils savaient qu’ils auraient pu faire de grandes choses pour le club si tout s’était bien passé. Je me reconnaissais davantage dans cette vague que dans la génération 1998, face à laquelle on avait un rapport qui relevait davantage de l’admiration.

Quels joueurs parisiens t’ont-ils exaspéré ? Mendy. Parfois, je me disais, « Lui, si je le croise, ça va mal finir » . Mais c’est trop facile de taper sur ce mec. Moi, c’est l’irrégularité qui me rend malade. Les mecs font perdre du temps au club. Comme ils font quelques bons matchs, tu continues à compter sur eux, et puis au final ils alignent plus de sales matchs que de bonnes performances. Yanovsky, il me rendait malade. Et quand Fernandez a ramené le casseur là…Llacer, j’ai halluciné. On avait réussi à s’en débarrasser, et l’autre il nous le ramène dans les pattes. Le mec avait même pas le niveau poussins. C’était juste un mec physique, mais alors valait encore mieux prendre un jeune en Ligue 2. Des joueurs physiques y’en a plein.

Et le foot algérien, tu suis ? Je supporte le MOB (l’un des clubs de Béjaïa, D2) parce que c’est le club du peuple, des ouvriers. Quand je vais en vacances en Algérie, je me tape donc des matchs de D2. Le niveau est pas très élevé mais c’est toujours marrant à voir. Par contre l’ambiance dans le stades en Algérie c’est presque flippant. Les mecs semblent prêts à mourir pour le club. Vu que la situation sociale est difficile, que peu de loisirs sont accessibles à la majorité, le foot prend une place démesurée dans la vie des gens. La sécurité dans les stades ça fait peur. J’y ai fait des concerts de rap et j’ai eu peur, alors quand t’es sur la pelouse, j’imagine même pas.

Et pourquoi les Fennecs multiplient-ils les échecs ? La corruption gangrène la vie de la sélection. Y’a beaucoup d’arrangements, de copinage. L’entraîneur a beau avoir toute la bonne volonté du monde, ça ne peut pas marcher. Les joueurs n’évoluent pas dans des conditions qui leur permettent d’exprimer tout leur potentiel. Des jeunes d’origine algérienne comme Nasri ou Benzema l’ont bien compris. Ils ne se sont même pas posé un seule seconde la question d’opter pour le maillot algérien. Alors que les joueurs d’origine malienne, sénégalaise, ils pèsent le pour et le contre. Leurs footballs sont mieux structurés.

Justement, Benzema, tu le vois aller jusqu’où ? Loin. Mais on en a vu d’autres des comme ça. Je ne m’emballerais pas à sa place. La pression médiatique c’est très dur à gérer, d’autant plus à 20 ans. Moi j’étais disque de platine à 21 ans, avec deux Victoires de la Musique dans les bras, et j’ai eu du mal à le vivre, à m’adapter à mon nouveau statut. Pendant des mois j’en étais à appréhender de sortir de chez moi. Benzema faut le laisser respirer, on le met trop sur un piédestal. Et si j’étais lui je me calmerais un peu. L’humilité lui évitera le syndrome Anelka : cinq ans de traversée du désert.

Propos recueillis par Thomas Goubin

Ecouter : « Famille Nombreuse »

Monaco : trop bon, trop con

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