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Antoine, ne nous quitte pas
Après avoir annoncé sa retraite internationale à la surprise générale, Antoine Griezmann pourrait quitter l’Atlético de Madrid. Avant de tourner cette grande page, il a encore quelques objectifs à accomplir. On lui a donc écrit une lettre (avec un peu de parfum vaporisé) pour qu’il ne les perde pas de vue.

Cher Antoine,
Le tumulte des annonces et des records est retombé, l’heure est venue de t’écrire ces quelques mots. Voilà une semaine que tu as rencontré les dirigeants de l’Atlético de Madrid, et on ne connaît toujours pas ta décision. Resteras-tu chez toi, à Madrid ? Iras-tu vivre ton rêve en t’exilant aux États-Unis ? De nombreuses questions demeurent autour de ton cas depuis plusieurs mois, alors il faut que tu nous éclaires, tu ne peux pas nous laisser dans le flou comme ça.
Quatre jours après être devenu le joueur étranger comptant le plus de matchs en Liga – 521, rendons-nous compte, plus que Lionel Messi, Karim Benzema ou Dani Alves ! –, tu as l’occasion de qualifier l’Atlético en finale de Coupe du Roi. Face à ton ancien club, le Barça, en plus. Ce même club qui t’a empêché de devenir champion d’Espagne en 2021, pendant que tes potes madrilènes célébraient sans toi. Au-delà de la vengeance personnelle, c’est ta postérité qui est en jeu. Meilleur buteur de l’histoire des Colchoneros et dixième joueur le plus capé du championnat, tu n’es pourtant pas encore une légende du football espagnol. Pourquoi ? Avec seulement une Coupe du Roi et une Supercoupe d’Espagne, ton palmarès sur la scène nationale est encore trop faible. Tes trois places de vice-champion (deux fois sous le maillot de l’Atlético, une fois à Barcelone) derrière les mastodontes habituels et la finale de Ligue des champions perdue contre l’impitoyable Real Madrid te rendent humain et attachant. Qui n’a jamais été touché par ces larmes dégoulinant le long de ces joues juvéniles ? Mais, malheureusement, ceux qui préfèrent regarder ta page Wikipédia plutôt que tes matchs ne voient que ces maigres lignes et décrètent que tu es loin d’entrer dans le panthéon. Alors, élimine le Barça et remporte un nouveau trophée. Je te demande même un peu plus, reste encore une année supplémentaire, au minimum, dans la capitale, pour enfin glaner la Liga.
Toute la Fame de ta vie
À tout juste 34 ans, ces objectifs sont loin d’être inimaginables. « Il y a des joueurs qui sont différents et lui en est un. Il est spécial », confirmait ton entraîneur Diego Simeone, qui te connaît si bien. C’est lui qui t’a façonné, faisant du jeune « Grigri » frêle et fougueux le « Grizou » meneur de jeu, jamais avare en déplacements, autant offensivement que défensivement, et formidable joueur de système. Même si ces dernières semaines sont moins emballantes, tu restes au service du collectif, désormais dans l’ombre de Julián Álvarez et Alexander Sørloth, qui seraient bien embêtés sans ta présence vitale à leurs côtés. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que tu es le joueur de champ le plus utilisé par El Cholo, cette saison. Que tu sois placé en numéro 10, milieu relayeur, ailier, en soutien de l’attaquant, voire plus bas. Ce dernier te décrivait récemment comme un « changeur de jeu », sous-entendant que son animation depuis plus de dix ans avait évolué grâce à tes propres aptitudes. Un peu comme la manière dont Rodrigo de Paul adapte ses coupes de cheveux aux tiennes.
Dire que tu te bonifies avec le temps serait oublier bien vite l’époque où tu empilais les buts et osais davantage dribbler, mais cette capacité à se montrer dangereux sans ballon, entre les lignes et loin de la surface montre toute ton intelligence. C’est pour ça qu’il serait difficile de digérer un départ dès cet été aux États-Unis, ce pays de dingues. Bien sûr que l’Atlético te fera une faveur en te laissant partir vers la MLS, pour rejoindre Hugo Lloris et Olivier Giroud au Los Angeles FC, mais le plus tard sera le mieux. L’été 2026 serait le moment opportun, après un retour en grâce en équipe de France et une Coupe du monde remportée outre-Atlantique, tu pourrais aller t’éclater en rendant le soccer plus populaire que le football américain.
Pendant que je te tiens, j’en profite pour te dire que cette histoire avec les Bleus n’est pas terminée, au moins dans nos cœurs de supporters. Ton départ a laissé un vide immense, d’autant plus que l’annonce était inattendue. Depuis ce lundi matin de septembre à première vue anodin, l’équipe de France a perdu un de ses principaux piliers et chancelle dangereusement. Plus que l’absence, c’est ton indifférence qui fait mal. La flamme aurait pu être ranimée avec une cérémonie en ton honneur au Stade de France aux côtés d’Olivier Giroud, mais tu as préféré te rendre à… Mâcon. Ta place n’est pas encore au Hall of Fame, c’est vrai, elle est encore sur le terrain.
Antoine Griezmann sous le feu des critiques en EspagnePar Enzo Leanni